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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - À la galerie Janine Rubeiz jusqu’au 30 avril Dans la galaxie fictive de Mansour el-Habre

Fragmenté et défragmenté, déstructuré et restructuré, éparpillé sur l’espace de la toile sans aucun centre de gravité, comme si tous les éléments étaient mis en avant de la scène. Vibrant et tourbillonnant, en apesanteur. Tel est le monde à la fois figuratif, abstrait et irrationnel qu’offrent à voir les travaux de Mansour el-Habre, accrochés jusqu’au 30 avril à la galerie Janine Rubeiz. Dans cet affichage qui réunit à peu près une vingtaine de toiles, l’artiste illustre ses angoisses, ses peurs, son questionnement journalier dans une sorte de recherche à la fois introspective et lyrique. «?Ma peinture est loin d’être conventionnelle, rattachée à un certain passéisme rigide. Certes, j’ai des pinceaux et des couleurs comme les autres artistes, mais je ne suis pas un peintre de chevalet et je ne me contente pas de ces outils-là.?» C’est en parfait alchimiste que Maroun el-Habre dresse sa toile et l’expose au soleil et au vent, et l’imprègne des «?ingrédients?» de la nature. Ayant appliqué auparavant les teintes voulues, les imbibant ensuite d’eau, l’artiste attend les effets des éléments naturels. C’est ainsi qu’il obtient une texture aqueuse et troublante, qui n’est pas sans lui réserver bien des surprises. L’œuvre est libre, affranchie de tout lien, réagissant uniquement aux lois de la nature. «?Souvent mon travail démarre par une improvisation, souligne Maroun el-Habre, cet imprévu m’indiquera le chemin à suivre.?» En mouvance, tout comme son époque, l’artiste ne rejette pas les techniques de la modernité, mais les adapte et les applique à ses recherches. Tant dans la sérigraphie que dans le travail d’ordinateur, dans le dessin que dans la mixture des couleurs, dans le croquis ou le collage, el-Habre cumule les disciplines, les maîtrise et les assujettit au service de l’œuvre qu’il considère comme travail, non seulement d’inspiration mais de transpiration. Des éléments hétéroclites Son univers est-il vraiment fiction?? Quelles sont les frontières qui séparent le réel du virtuel?? Dans cette galaxie où l’on vogue en eaux troubles, le dédoublement des personnages, leur désarticulation et leur démembrement suscitent le vertige et incitent à la réflexion. En se projetant dans la toile, les repères, tout comme des indices d’un temps qui court, ramènent par contre à la réalité. D’autre part, le débordement des couleurs fortes et vives, prêtes à envahir la surface,?contraste avec la couleur terreuse et terne créant ainsi un malaise. En dépit des illustrations évoquant un monde enfantin (masques, cerfs-volants…), les sujets abordés dans cet espace pictural sont graves. Qu’est-ce que le temps?? Est-il matériel ou immatériel?? Par cette duplicité répétitive des figures, ce morcellement d’une même entité allant même jusqu’au microcosme ou encore au changement total d’identité, Mansour el-Habre interpelle le regard et instaure la confusion. Formant un seul corps, les œuvres qui ont nécessité plus d’un an de travail n’auraient été qu’un métier bien achevé si l’artiste n’y avait ajouté son souffle, sa chaleur ou, comme il le dit, son «?grain de sel?». Entre les hallucinations (éveillées) et les questionnements, les toiles prennent une autre dimension. Envol. Au moyen de ses croquis finement ciselés, grattés, manipulés et puis introduits par strates sur sa toile, et délaissant tout esthétisme au profit du travail artistique pur, Mansour el- Habre emmène le regard au-delà de tout centre de gravité, de tout pôle d’attraction, vers des espaces illimités. Aux portes de l’illusoire. Colette KHALAF
Fragmenté et défragmenté, déstructuré et restructuré, éparpillé sur l’espace de la toile sans aucun centre de gravité, comme si tous les éléments étaient mis en avant de la scène. Vibrant et tourbillonnant, en apesanteur. Tel est le monde à la fois figuratif, abstrait et irrationnel qu’offrent à voir les travaux de Mansour el-Habre, accrochés jusqu’au 30 avril à...