SOCIÉTÉ - L’établissement privé forme depuis plus de 100 ans des « Supernannies » Le Norland College, un incubateur d’élite pour de futures Mary Poppins

Uniforme impeccable, cheveux et canotier bien en place, mains gantées et sourire aux lèvres : le Norland College à Bath (Sud-Ouest) forme depuis plus de 100 ans le nec plus ultra en matière de nannies, des perles rares de plus en plus convoitées dans le monde. «Les gens ont davantage conscience de l’importance de la nanny et de l’importance d’une formation de haute qualité », a expliqué à l’AFP Thirza Ashelford, principale de l’établissement privé et elle-même « Norlander », diplômée de la prestigieuse école de nounous. « Nous avons toujours eu énormément de demandes. Toutes les “Norlanders” quittent l’école avec un travail et elles ont une garantie d’emploi à vie », a-t-elle relevé. La récente hausse du niveau de vie dans certains pays comme la Russie a ajouté à la forte demande provenant du Moyen-Orient et surtout des États-Unis où l’émission britannique Supernanny a rencontré un très vif succès, boostant davantage l’appétit pour les nounous britanniques qui bénéficiaient déjà de l’aura de la plus célèbre d’entre toutes, Mary Poppins. Contrairement à l’héroïne créée en 1934 par l’Australienne Pamela Lyndon Travers, une nanny de Norland n’a pas de pouvoirs magiques, mais elle a étudié deux ans à l’école et une année probatoire dans une famille au Royaume-Uni au terme de laquelle elle reçoit diplôme et badge. « Nous avons un enseignement théorique assez poussé dans les soins aux enfants, la psychologie, le droit, la gestion financière et un enseignement pratique très étendu », a expliqué Mme Ashelford. « La philosophie et les principes n’ont pas changé depuis la création de Norland en 1892. L’enfant est prioritaire, il doit être respecté et ses besoins sont individuels », a-t-elle indiqué. Garderie et école primaire au 9 Norland Place, dans le quartier de Notting Hill à Londres, l’école s’est ensuite installée dans un manoir à Hungerford (Sud), à une quinzaine de kilomètres de la ville la plus proche. Norland a rompu son isolement il y a cinq ans en s’installant au cœur de Bath. Désormais abrités dans une villa géorgienne classée, mais coincée entre un parking de supermarché et une route fréquentée, les enseignants de Norland transmettent leur savoir à une centaine d’élèves, réparties en deux niveaux comptant trois trimestres chacun. Un savoir qui a un prix : entre 3 500 et près de 4 000 livres par trimestre (4 574 à 5 228 euros). « Pendant l’année probatoire, elles sont payées autour de 12 000 livres et ensuite, il n’y a pas de limite. Surtout pour celles qui partent à l’étranger », a expliqué Rebekah Yeomans, responsable de l’agence de placement interne à l’école, évoquant des rémunérations annuelles fréquemment autour de 40 000 livres (52 284 euros). À cela s’ajoutent des avantages en nature: appartement indépendant, accès à un club de gym, téléphone portable, utilisation des maisons de vacances, etc. « Il y a quelques années, une “Norlander” s’est occupée d’enfants sur un yacht qui a fait le tour du monde pendant un an », a indiqué Mme Yeomans. Stephanie Clark, 19 ans, aimerait bien partir à l’étranger en début de carrière, mais son projet est d’ouvrir son jardin d’enfants. « J’ai toujours su que je voulais travailler avec des enfants. Norland est une école prestigieuse et c’est bien d’avoir cette sécurité de l’emploi », a-t-elle expliqué. Même ambition pour Rebecca Newman, 20 ans, son inséparable camarade de classe, qui souligne qu’être nanny, « c’est beaucoup de travail. Ce n’est pas seulement s’asseoir et jouer avec les enfants ». Norland accueille surtout des Britanniques, mais a également compté des étudiantes de Hong Kong, Tanzanie, France ou encore Allemagne. Seuls deux hommes ont tenté l’expérience, le premier étant entré en 2003.