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Au musée d’Orsay, Lovis Corinth, père des expressionnistes allemands

Le musée d’Orsay fait découvrir ce printemps un artiste inconnu en France, Lovis Corinth (1858-1925), artiste majeur en Allemagne où il est considéré comme le père des expressionnistes et, par-delà, de la scène artistique contemporaine. Après le Danois Willumsen et le Suisse Hodler, le musée d’Orsay poursuit sa politique de redécouverte des grands peintres des écoles européennes en organisant une des plus importantes expositions – et la première en France – jamais organisées au monde sur ce peintre, dessinateur et graveur. « Lovis Corinth (1858-1925) entre impressionnisme et expressionnisme » (jusqu ’au 22 juin) présente quelque 80 tableaux et une trentaine d’œuvres sur papier, tous inédits en France, venus de nombreux musées allemands notamment. L’exposition est également le dernier grand accrochage dirigé par l’ancien patron du musée d’Orsay, Serge Lemoine, remplacé le 7 mars dernier par Guy Cogeval. Il assurera encore néanmoins à l’automne le commissariat d’une présentation de pastels. « Qui sont les grands créateurs allemands d’aujourd’hui ? » demande Serge Lemoine lors d’un entretien à l’AFP, « Georg Baselitz, Markus Lüpertz ou Anselm Kiefer. Tous ont une référence. Corinth », dit-il. Anselm Kiefer présente d’ailleurs une œuvre qui lui rend hommage, spécialement conçue pour l’exposition. Lovis Corinth a joué un « rôle considérable », dit M. Lemoine, dans la scène artistique allemande, préfigurant notamment l’art des expressionnistes. Ses œuvres seront d’ailleurs accrochées à côté de celles d’Emil Nolde et de Max Beckmann lors de l’exposition nazie de 1937 à Munich sur « l’art dégénéré ». Né il y a 150 ans dans un village de Prusse orientale, aujourd’hui en Russie, Franz Heinrich Louis – Lovis est un pseudonyme – Corinth étudie les beaux-arts en Allemagne avant de partir à Paris, où il suit les cours des très académiques Bouguereau et Robert-Fleury entre 1885 et 1887. Il ne rencontre pas les impressionnistes, « ne les regarde pas, mais a les mêmes références », dit M. Lemoine. Il va « reprendre les thèmes classiques, en les traitant à la Franz Hals, avec la touche de Manet », dit-il. Peinture d’histoire, sujets mythologiques ou religieux, paysages, portraits et autoportraits, Corinth aborde tous les genres « mais en brouillant les frontières, dit-il. Il reprend tous les thèmes, mais va les subvertir ». La touche est souvent épaisse, violente, comme le traitement des sujets qu’il peint, regroupés dans un parcours chronologique et thématique. Dans Le grand martyre et la Descente de Croix, qui évoquent la Crucifixion, le réalisme est brutal et la pose des clous presque insupportable. La chair, rose et abondante, parle aussi d’amour et de sexualité, et les nus plantureux célèbrent sa jeune épouse, qui est aussi son modèle. C’est aussi la viande sanguinolente d’un « Bœuf abattu à l’abattoir », thème qu’il reprend de son père spirituel Rembrandt. Dans ses nombreux autoportraits – il en peindra un par an –, il se représente en Bacchus, en artiste palette à la main, habillé d’une armure. Il est aussi menacé par la mort, autre thème majeur chez l’artiste qui, malgré sa singularité, sera très vite célèbre, très recherché pour ses portraits et « très cher », dit M. Lemoine. L’exposition se rendra ensuite en Allemagne, à Leipzig et Ratisbonne. Fabienne FAUR (AFP)
Le musée d’Orsay fait découvrir ce printemps un artiste inconnu en France, Lovis Corinth (1858-1925), artiste majeur en Allemagne où il est considéré comme le père des expressionnistes et, par-delà, de la scène artistique contemporaine.
Après le Danois Willumsen et le Suisse Hodler, le musée d’Orsay poursuit sa politique de redécouverte des grands peintres des écoles...