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Actualités - OPINION

Une croix sur le Liban*

«L’impossibilité d’établir irréfutablement ce qui est juste explique la prééminence occupée dans?les sociétés, non par la justice, qui se discute, mais par la force qui s’impose.?» Qui sont ces responsables qui chahutent, qui réprimandent, qui avertissent et jurent au nom de leur propre Dieu?? Qui sont-ils ceux qui lèvent le doigt et menacent, qui promettent la vengeance la plus funeste, la guerre la plus néfaste, animés d’une colère explosive, regard dur et voix retentissante?? Qui sont ces êtres au cœur endurci de haine, saturés d’animosité, qui profanent notre patrie en la déclarant terre de conflits?? Ceux qui jouent de la vie de tous, qui se comportent comme la plus haute autorité existante, qui imposent leur propre loi, celle de la violence et des massacres, qu’ont-ils à offrir aux Libanais à part les guerres, la mort et les slogans politiques à la mesure?de leur vision?? Pourtant, la guerre dévastatrice de juillet 2006 n’est pas oubliée?; son souvenir demeure intact dans la mémoire collective. Ce fut une guerre féroce et primitive par la sauvagerie des frappes aériennes sur les civils, d’enfants massacrés dans leur sommeil, de corps éclopés… Les pertes étaient innombrables, des horreurs et des supplices, des ruines et des décombres, une géhenne ouverte. En ce temps-là, les Libanais en désarroi avaient supplié le monde pour que cette barbarie prenne fin. Au nom de quel Dieu ces leaders en colère déclarent-ils des guerres récursives et font-ils subir au peuple encore des injustices, des misères et des catastrophes?? Qui est en mesure de dédommager les rescapés pour leurs pertes, de préserver leurs droits les plus élémentaires suite à de telles guerres?? Le monde entier a offert aux Libanais des aides généreuses, qui n’ont pas suffi, hélas, à effacer les calamités et les ruines. Que de bâtiments ont été ébranlés suite à l’ampleur des déflagrations de cette guerre. Que de familles n’ont pu consolider leurs propriétés fragilisées par les frappes aériennes israéliennes et se plaignent aujourd’hui de la précarité de leurs logements, de leur frayeur de se retrouver surprises dans leur sommeil par le séisme qui touche la région de Tyr et la banlieue de Beyrouth. Mais l’attitude des foules qui continuent malgré tout à acclamer ces leaders est anormale. Cette manifestation continuelle en leur faveur est contradictoire avec l’appauvrissement du peuple et la dégradation de sa qualité de vie. Les Libanais seraient-ils devenus des idolâtres dépourvus de toute lucidité?? Il est vrai qu’il est impossible de comprendre, de contrôler ce qui fait partie de la logique populaire?: trop de lavages de cerveaux ont déjà eu lieu, et il est difficile de modifier les avis. Mais un minimum de jugeote reste cependant nécessaire. Ces bains de foule sont-ils la seule et unique solution pour détourner l’attention du peuple de ses réelles souffrances, pour camoufler la triste réalité du manque de progrès, d’évolution, de droits dans ce nouveau Proche- Orient absurde du XXIe siècle?? Comment garder intacte la confiance des Libanais en leur pays, alors que la haine et la violence se déchaînent autour d’eux?? N’est-il pas temps de cesser d’offrir les fils et les biens pour des guerres qui ne nous appartiennent pas et de veiller à améliorer notre qualité de vie, à protéger nos intérêts, à planifier notre avenir comme toutes les nations du monde?? Oui, la vie au Liban est devenue infernale, des obstacles insurmontables nous sont imposés incessamment pour freiner le progrès, des obstacles qui radicalisent davantage la population, en particulier les jeunes?; des obstacles qui effacent notre patrie de l’échiquier du monde, la barrent d’une croix et changent sa formule politique. Ces guerres déclarées, ces actes terroristes, ces voitures piégées sont des moyens machiavéliques pour nous isoler encore et encore, pour nous priver des opportunités qui pourraient s’offrir, pour décourager les touristes, pour nous interdire toute civilisation. Ces responsables qui freinent la réconciliation entre les Libanais, qui refusent d’exercer leurs fonctions, sont dangereux. Leur influence sera condamnée par l’histoire. Ils crucifient leur pays pour les intérêts des autres. «?Il y a assez de clarté pour éclairer les élus et assez d’obscurité pour les humilier. Il y a assez d’obscurité pour aveugler les réprouvés, et assez de clarté pour les condamner et les rendre inexcusables.?» Tout dépend du peuple, de sa lucidité, de sa perspicacité pour identifier les traîtres, leur ôter sa confiance. Je ne reconnais plus mon pays ni les personnes qui le gouvernent. La haine et la méchanceté se sont incrustées dans leurs cœurs. Ils réprimandent, blâment, houspillent dans une ambiance malsaine. Andrée SALIBI * Titre de l’ouvrage de Jean-Pierre Peroncel-Hugoz paru en 1985.
«L’impossibilité d’établir irréfutablement ce qui est juste explique la prééminence occupée dans?les sociétés, non par la justice, qui se discute, mais par la force qui s’impose.?»
Qui sont ces responsables qui chahutent, qui réprimandent, qui avertissent et jurent au nom de leur propre Dieu?? Qui sont-ils ceux qui lèvent le doigt et menacent, qui promettent la...