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Actualités - OPINIONS

« Halte à la destruction du patrimoine architectural libanais » : les commentaires de nos lecteurs

L’opinion de Lady Yvonne Sursock Cochrane parue dans notre édition d’hier jeudi 3 avril 2008 nous a valu une avalanche de réactions de lecteurs. Nous publions ci-dessous quelques-unes des lettres reçues : Ça me fait vraiment mal au cœur avec chaque beau monument qui s’écroule, et ces nouveaux immeubles ne sont pas plus beaux à regarder et n’ont rien de spécial, ils sont banals ! La meilleure chose serait de garder l’extérieur et de changer tout l’intérieur ; comme ça, on aura le beau à contempler avec la nouveauté et la facilité de vivre à l’intérieur de ces demeures, pareil aux rues et immeubles du centre-ville. Et on lit les pancartes au coin des rues : « Quartier historique – hay tourathy ! » Layla SIDANI Halte à la destruction du patrimoine architectural libanais et pour un urbanisme intégrant, respectueux des valeurs sûres, soucieux d’humanisme. Jean-Marc DUMAS Architecte C’est avec angoisse que je viens de terminer la lecture de l’article. Vivant à Dubaï depuis un an et demi, je peux vous assurer qu’une ville sans âme est une ville éphémère. Les habitants n’y séjournent que pour une durée limitée, au risque de perdre leur propre âme... La destruction du Liban ne se fait pas seulement sur le plan politique, elle est d’ailleurs dangereusement dirigée vers notre mémoire collective de peuple. Et quoi de plus simple que de détruire les fruits concrets de notre civilisation passée que sont les joyaux architecturaux de Beyrouth et autres villes (Saïda, Jbeil, Jounieh, etc.) ? J’ai peur qu’un jour l’on ne soit réduit à répéter à nos enfants les écrits de Lamartine et cette phrase effrayante : « Le Liban n’existe plus, je sais, j’y ai vécu… » Karim YAZBEK Madame, vous avez tout à fait raison, je pense que vous exprimez très bien ce que beaucoup de gens, mais, d’une manière insuffisante, malheureusement, pensent et j’en fais partie. C’est pour moi une désolation de voir la destruction quotidienne de la mémoire de Beyrouth. Quand je pense à mes grands-parents qui me parlaient avec émotion du Beyrouth d’autrefois comme étant un paradis… Ils se retourneraient aujourd’hui dans leur tombe... Bref, je suis étudiant en urbanisme à l’ALBA et je commence d’ailleurs mon mémoire sur les effets de la spéculation foncière dans les quartiers historiques de Beyrouth. Si les résultats de ces études peuvent vous intéresser, faites-le moi savoir. Merci. Sébastien LAMY La critique est aisée certes, mais que propose Mme Cochrane ? Pratiquement rien. Beyrouth est notre ville, une très belle ville, carrefour des civilisations, bien sûr il faut protéger le patrimoine, les anciennes demeures, mais à quel prix ? Il est facile de compter les coups que reçoit le voisin, mais combien il est difficile d’en recevoir soi-même. Allez expliquer au propriétaire d’une ancienne demeure qui, chaque jour, se délabre encore plus parce qu’il n’a pas les moyens de l’entretenir, et qui vaut peut-être des millions de dollars en valeur marchande, qu’il n’a pas le droit de la vendre pour régler les frais d’écolage ou universitaires de ses enfants ou encore de vivre dignement, parce que cette demeure, par la volonté aberrante de je ne sais qui, a été classée au patrimoine culturel. Prenons l’exemple de Gemmayzé et des habitations limitrophes de « Daraj el-Fan » qui sont classées monuments historiques : en fait, toutes ces habitations sont de jour comme de nuit le paradis des souris, rats et cafards et on n’a pas le droit d’y toucher. Bien entendu, je ne parle pas ici des boîtes de nuit et autres restaurants huppés qui sont situés sur la route principale, mais il faut aller en profondeur, vers les habitations en seconde ligne où tout genre d’insectes et de maladies pullulent. Alors Mme Cochrane, il vous est aisé de critiquer sans apporter de solution à des situations parfois désespérées. Des espaces verts, bien sûr qu’il en faut pour laisser nos enfants respirer et permettre à nos jeunes et moins jeunes de s’ébrouer dans un milieu sain. Malheureusement, le Liban ne fait que 10 452 kilomètres carrés et Beyrouth pas plus de 18, vous pouvez donc faire comme en Chine qui, pourtant, est immense : empêcher les gens de procréer ou de n’avoir qu’un seul enfant (cela réglerait bien sûr les problèmes de succession, mais bonjour les infanticides si le rejeton n’est pas du sexe espéré). Mais trêve de plaisanteries, la solution, si solution il y a, serait que des personnes comme Mme Cochrane s’unissent et créent un fonds de solidarité sociale qui se porterait acquéreur de ces vieilles demeures, les remettrait en état et en ferait la vitrine de la capitale. Plus simplement encore, comme cela se fait à Londres et dans certaines capitales européennes, permettre la vente de ces biens, mais obliger les promoteurs à en garder la façade intacte. Enfin, pour ce qui est des espaces verts, mes collègues de la municipalité de Beyrouth font de leur mieux pour les préserver, les bonifier, les embellir, mais encore faut-il avoir les fonds nécessaires pour les entretenir, et là je rejoins les critiques de Mme Cochrane, il faut que les mentalités des personnes évoluent et apprennent à respecter les arbres et les plantes. Georges TYAN Conseil municipal de Beyrouth Phrase trop belle celle qui prédit le non-avenir aux peuples sans passé. La méditant, et lisant cet article, je ne puis résister à l’envie de vous faire également partager ma propre réflexion condensée dans mon livre sorti ce mois-ci : Le Liban : pays hors sujets, hors sujets ? Chaque Libanais doit refaire une visite aux maternités de l’histoire qui ont vu la naissance de notre pays. Chaque citoyen doit refaire ce « travail » de lecture du passé afin de ressentir au mieux ses pieds sur terre et combattre cet état d’« apesanteur » identitaire dans lequel nous sommes tous plongés. Jamil BERRY Je suis tout à fait d’accord, c’est vraiment très triste cette destruction. Dans le monde entier, on manifeste pour protéger le patrimoine, alors qu’au Liban, les Libanais assistent, presque fiers, à cette vague de construction moderne sans histoire. Itidal KAAFARANI France Madame Sursock se demande pourquoi les étudiants ne manifestent pas contre la destruction de leur patrimoine ; elle a bien raison, sauf que je pense que ces étudiants sont désespérés et ne croient plus que manifester servirait à quelque chose... Ils sont plutôt occupés à étudier, à chercher des moyens d’immigration ou à travailler pour payer leur scolarité. Mais il est vrai que quelque chose doit être fait, une sensibilisation des gens, des manifestations, je ne sais pas... Et en plus, c’est urgent, car ce qui se passe est malheureusement irrémédiable. Tania ABOU ABDALLAH En effet, dans le quartier Sursock, le château d’Yvonne Sursock Cochrane, l’archevêché grec-orthodoxe, le musée et le palais Tuéni, un peu plus haut, sont les quatre et dernières anciennes demeures qui prouvent que le Liban avait une histoire. On ne peut que regretter, avec Mme Cochrane, l’indifférence la plus totale de nos responsables et particulièrement la municipalité de Beyrouth, qui facilite la tâche à ceux qui veulent la destruction massive de la mémoire beyrouthine et libanaise. Nazira A. SABBAGHA Article paru le vendredi 4 avril 2008
L’opinion de Lady Yvonne Sursock Cochrane parue dans notre édition d’hier jeudi 3 avril 2008 nous a valu une avalanche de réactions de lecteurs. Nous publions ci-dessous quelques-unes des lettres reçues :
Ça me fait vraiment mal au cœur avec chaque beau monument qui s’écroule, et ces nouveaux immeubles ne sont pas plus beaux à regarder et n’ont rien de spécial, ils...