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Édouard-Léon Scott, l’auteur de ce trésor, est français «Au clair de la lune», le plus vieil enregistrement du monde

«C’est magique?!?» s’écrie David Giovanonni, alors qu’une voix tremblante et voilée résonne dans un auditorium de l’Université de Stanford?: ces dix secondes d’Au clair de la lune sont rien moins que le plus ancien enregistrement de voix humaine au monde. C’est dans cette salle du prestigieux établissement de Palo Alto, au sud de San Francisco, devant la conférence annuelle de l’Association des collections d’enregistrements sonores (ARSC) que l’association First Sounds avait choisi de dévoiler vendredi ce trésor, découvert en février dans les archives de l’Académie des sciences à Paris. First Sounds, collectif créé en 2007, composé d’ingénieurs du son, de chercheurs et historiens, et dont M. Giovanonni est membre, s’est donné pour mission de retrouver les sons les plus anciens du monde. Or, ces dix secondes, une voix de femme chantant «?Au clair de la lune, Pierrot répondit?», «?un morceau qui hante?» dit M. Giovanonni, ont été enregistrées en 1860, 17 ans avant que l’Américain Thomas Edison ne mette au point son célèbre phonographe. L’histoire s’est donc en partie réécrite cette semaine à Stanford?: le premier à avoir «?enregistré?» un son est désormais le Français Édouard-Léon Scott de Martinville, à l’aide d’un «?phonautographe?», un appareil qui transcrivait les ondes sonores sur un rouleau de papier enduit de fumée noire. Il faut toutefois rendre justice à Edison?: le Français n’avait pas réussi à élaborer le matériel qui permettrait de lire son enregistrement et il a fallu attendre 149 ans pour qu’il puisse être entendu, grâce à une technologie élaborée par des chercheurs californiens du Lawrence Berkeley National Laboratory permettant de lire ces enregistrements grâce à une tête de lecture virtuelle. Pour Patrick Feaster, historien du collectif First Sounds, cette découverte est significative pour plusieurs raisons. «?Nous savions que Scott avait inventé le premier appareil capable de fixer les sons sans pour autant les reproduire (...) Et jusqu’à aujourd’hui, le plus vieil enregistrement datait de 1888. Nous avons donc fait un gros bond en arrière dans l’histoire de l’enregistrement sonore?», explique-t-il à l’AFP. «?De plus, alors que les gens avaient tendance à considérer le “phonautographe” comme un simple instrument scientifique, nous avons désormais la preuve que Léon Scott ambitionnait d’enregistrer des choses intéressantes?: il voulait préserver de la grande musique, des grands discours.?» Et David Giovannoni de rappeler que le Français éprouvait beaucoup de ressentiment à l’égard de Thomas Edison, regrettant dans un manuscrit datant de 1878 que la majorité du public ignore «?qu’il existe un appareil français non pour répéter, mais pour écrire la parole?». Selon M. Giovannoni, cette découverte, si elle ne remet pas en cause le fait que Thomas Edison reste le premier à avoir reproduit les voix, a cependant le mérite de rappeler au monde entier la contribution d’un Parisien à l’histoire de l’enregistrement sonore. «?Selon moi, cette découverte ne fait que resserrer le lien entre Français et Américains?», avance-t-il. Anne Hagert, collectionneuse de Philadelphie (Pennsylvanie, Est), n’avait qu’un désir après avoir entendu ce morceau historique?: découvrir l’identité de la femme qui se cache derrière cette voix fantôme. Selon les historiens de First Sounds, il s’agirait peut-être d’une fille de l’inventeur français. Autre miracle de la technologie moderne, ce morceau est accessible dans le monde entier à l’adresse «www.firstsounds.org».
«C’est magique?!?» s’écrie David Giovanonni, alors qu’une voix tremblante et voilée résonne dans un auditorium de l’Université de Stanford?: ces dix secondes d’Au clair de la lune sont rien moins que le plus ancien enregistrement de voix humaine au monde.
C’est dans cette salle du prestigieux établissement de Palo Alto, au sud de San Francisco, devant la conférence...