PRÊT-À-PORTER Marc Jacobs, l’Américain de Paris

Encore de l’audace pour ce designer venu de la rue, pas vraiment du street art, mais de la mode telle qu’elle se présente là où vont la chercher les détecteurs de tendance. Cette mode populaire, inventée par les tribus urbaines pour affirmer leur identité, Marc Jacobs en a été le fer de lance à New York avant d’être parachuté dans l’arène du luxe par Louis Vuitton. Travaillant parallèlement pour ses deux étiquettes éponymes, Marc Jacobs et Marc by Marc Jacobs, le grand Marc crée au final trois collections où il laisse éclater sa folie à des degrés divers. Chez Vuitton, il dépoussière l’esprit nomade de luxe du malletier de la jet-set. Chez Marc Jacobs, il transforme le trash en institution avec des matériaux précieux et des collections déjantées. Chez Marc by Marc Jacobs, il libère enfin sa nature initiale, son goût de la provoc et son instinct infaillible, non pas de ce que les gens aiment, mais de ce qu’ils vont très vite aimer. Cette saison, dans ses diverses collections, il privilégie le short aussi bien chez l’homme que chez la femme. Côté robes, il flatte la fausse ingénue, réinvente la Lolita et ébouriffe la collégienne avec force dentelles, mousselines et matières vaporeuses sur des coupes simples à la limite de la rigidité. Côté costumes, on trouvera des sahariennes très Saint-Laurent des années 70, la consécration du pantalon slim et des graphismes asymétriques pour les chemises. Pour les accessoires, c’est le grand retour de la lavallière et de l’écharpe de soie à gros pois, et l’affirmation du sac surdimensionné et de la besace qui joue les attachés-cases informels, dans des cuirs épais et souples et des teintes fluo parallèlement au noir qui tient toujours la vedette.