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Actualités - CHRONOLOGIE

THÉÂTRE - Au Madina, jusqu’au 6 avril, une mise en scène de Gabriel Yammine « Hadara », une comédie qui tire la sonnette d’« Alarmes »!

Avis aux traumatisés de la technologie. À ceux qui paniquent au seul son d’une alarme de voiture, qui peinent à retenir les digicodes, qui butent contre le charabia compliqué des manuels d’instruction ou encore qui restent sans voix face à un répondeur... Bref à tous ceux qui se débattent avec le florilège de dispositifs censés leur faciliter la vie, «?Hadara?». «?Alarmes?», à l’affiche du théâtre al-Madina, est pour vous?! Adaptée et mise en scène par Gabriel Yammine, cette pièce du Londonien Michael Frayn est une satire en sketches de l’infernal univers des machines électroniques dans lequel nous vivons. Une caricature en six tableaux d’une domination universelle, celle de la robotique qui, en s’ingérant partout dans notre monde moderne, «?robotise » aussi les rapports humains?! Six courtes scènes au tempo vif?jouées, tambour battant, par un quatuor de très bons comédiens?: Randa Asmar, Cynthia Karam, Élie Mitri et Gabriel Yammine lui-même. Des variations sur le thème de la civilisation de l’ère électronique et qui, en dépit de l’inégalité des sketches, forment au final un spectacle à la fois drôle et percutant. Tout commence par une sorte de révolte des alarmes – d’où le titre-phare de la pièce – au cours d’un dîner entre amis. Un couple est invité chez un autre couple. Tout a été prévu pour passer une soirée calme et agréable. Mais un son étrange, une sorte de « chink–bzz », se déclenche brusquement. Est-ce la minuterie du four, le système de sonnerie ou le code d’alarme?qui se serait mis en branle ? Voilà nos hôtes qui courent dans tous les sens pour essayer de stopper le bruit. Les innombrables machines de la maison sont vérifiées, les interrupteurs actionnés, les modes d’emploi sortis... Bref, la soirée est bousillée d’autant que, pour couronner le tout, l’alarme de la voiture et le répondeur se sont également déchaînés?! Satires en sketches Suit, dans Cœur à cœur, une « hurlante » tentative de drague en boîte de nuit. Un sketch qui tourne en bourrique les plaisirs du monde moderne, à travers un délirant dialogue de sourds sous les décibels. Retour à nos deux couples en fin de soirée. Harassés par leurs tentatives de maîtriser le déferlement intempestif des sonneries, alarmes, répondeurs et autres technologies de pointe, ils s’apprêtent à se quitter. Sauf qu’ils semblent avoir été eux-mêmes atteints du dysfonctionnement des machines... Une séquence à l’agitation un peu vaine et qui aurait gagné – tout comme le premier sketch – à être raccourcie. Dans Rien à voir, c’est une désopilante évocation des routines de sécurité à bord d’un vol qui met en évidence l’inutilité des directives données par les hôtesses de l’air. Personne n’y prête attention parmi les passagers, mis à part un nouveau voyageur que toutes ces consignes angoisse visiblement?! Puis, dans Tchin, c’est un sarcastique «?toast » qui est porté à la robotisation de l’employé, à travers le burlesque d’une «?réunion-cocktail-dossiers à la main?». Le meilleur pour la fin Mais le meilleur reste pour la fin avec l’hilarant Répondeur. Quand un rendez-vous manqué pour aller chercher un ami à l’aéroport donne lieu à un chassé-croisé de messages, de consignes et de disputes conjugales par répondeurs interposés, cela suscite de vrais fous rires. Un véritable morceau de bravoure pour les quatre comédiens, ici réunis qui mettent à contribution toutes les ressources de leur talent dans ce ballet d’appels téléphoniques entre l’ami qui attend que quelqu’un vienne le chercher, le mari qui s’est trompé d’aéroport, la belle-mère de ce dernier, attendue elle aussi et qui s’égare dans un bistrot malfamé, et l’épouse qui a le chic de n’être présente qu’entre deux appels. Une mise en scène d’une précision absolue et une belle scénographie travaillée à base de panneaux mobiles (signée Elsie Moukarzel) soutiennent, ici, un excellent jeu d’acteurs, à la fois physique et mental. Autant d’éléments qui font d’Alarmes une pièce à voir. Une comédie déjantée, où, sous l’humour, la drôlerie et le burlesque, perce une réflexion sociologique ironique, voire cinglante. Car même si elle a été visiblement écrite avant l’arrivée «?dévastatrice » des téléphones portables, de l’Internet et autres facebooks, cette pièce n’en reste pas moins une caricature éloquente de notre société inféodée à la technologie. Une description narquoise de notre asservissement à tous ces gadgets inventés pour nous dégager et qui, finalement, quand on y pense, restreignent encore plus notre espace d’indépendance et de liberté. Le portable n’en est-il pas l’exemple le plus frappant?? Ah, un détail que j’ai failli oublier?: pour faciliter la compréhension de la pièce aux francophones, deux écrans de part et d’autre de la scène déroulent un surtitrage en langue française. Éreintant si on veut garder en même temps un œil sur ce qui se passe sur scène. Là encore, un exemple flagrant des bienfaits de la technologie ! Zéna ZALZAL Jusqu’au 6 avril, au théâtre al-Madina (Hamra), tous les soirs à 20h30. Relâche les lundis. Réservations?: 01- 753010/753011. Prix des billets?: 15?000 LL, 25?000 LL, 35?000 LL. Prix étudiant?: 10?000 LL. Et prix spécial pour associations et groupes au 03-263847.
Avis aux traumatisés de la technologie. À ceux qui paniquent au seul son d’une alarme de voiture, qui peinent à retenir les digicodes, qui butent contre le charabia compliqué des manuels d’instruction ou encore qui restent sans voix face à un répondeur... Bref à tous ceux qui se débattent avec le florilège de dispositifs censés leur faciliter la vie, «?Hadara?»....