Le Shin Beth passe à l’heure du blog

Le Shin Beth sort de l’ombre. Partiellement du moins. L’agence de renseignement intérieur israélienne vient de mettre en ligne un blog*. Quatre agents, présentés par une initiale et une photo qui ne laisse voir que le contour de leur visage, y racontent leur recrutement et leur travail. La mission du Shin Beth consiste essentiellement à lutter contre les activistes palestiniens. Une mission pour laquelle l’utilisation d’informateurs ou d’agents doubles tient de la routine. Tirer un scénario hollywoodien du blog des quatre agents du Shin Beth relève toutefois de la « mission impossible ». En ce qui concerne la forme, le ton est plutôt léger ; sur le fond, on est loin des dernières aventures de James Bond. L’agent « H », seule femme du groupe d’espions-bloggers, y explique, selon le site de la BBC, que travailler pour le Shin Beth lui permet de passer plus de temps avec sa famille que quand elle était salariée dans le privé. L’agent « Y » confirme : « Je rentre rarement à la maison après 18h30. » D’après lui, au sein du Shin Beth, il est rare de faire des heures supplémentaires. Autant pour le mythe de l’espion solitaire totalement dévoué à son travail. L’agent « A », lui, se charge de casser un autre mythe, celui du superespion entièrement équipé par un professeur nimbus expert en technologie de pointe de type « Q », l’inspecteur gadget de James Bond. « Nous ne travaillons pas dans un sous-sol. Nous ne passons pas la journée avec un appareil dans l’oreille. Et bien que ce soit extrêmement injuste, je ne mets pas de gyrophare bleu sur le toit de ma voiture. Nous restons coincés dans les embouteillages comme tout le monde. » Il n’en demeure pas moins que l’ouverture du Shin Beth vise clairement à attirer de futurs espions. Des offres d’emploi sont d’ailleurs mises en exergue par une étoile rouge et un slogan « Hot Job ». Au menu, des « missions irrégulières » et l’acquisition de « compétences spéciales ». Depuis un an, le Shin Beth est contraint de sortir du bois pour attirer des agents spécialisés dans les hautes technologies en raison du développement de ce secteur dans le domaine privé israélien. Le Shin Beth n’est pas le premier service de renseignements à utiliser l’Internet pour attirer des postulants. En 2007, le MI6, l’agence de renseignements britannique, avait lancé une vaste campagne de promotion afin d’attirer de nouvelles recrues. Publicités grand format dans la presse, ouverture des bureaux aux journalistes de la BBC... En matière de communication, le MI6 avait sorti la grosse artillerie pour séduire le public. Un battage médiatique d’autant plus surprenant que l’existence même de l’agence n’était pas officiellement reconnue il y a une dizaine d’années seulement. Dans cette course au recrutement, le MI6 tient toutefois la corde. Contrairement au Shin Beth, un dirigeant de l’agence britannique avait avoué à la BBC que le MI6 a effectivement un « Q ». Émilie SUEUR * http://www.shin-tech.org.il/