COUP DE CŒUR - Un stand-up comedian qui monte irrésistiblement Nemr Abou Nassar, graine de star

Son numéro au Casino du Liban est gagnant. Invité, il y a quelque temps, par les trois humoristes arabo-américains d’Axis of Evil pour donner un sketch dans le cadre de leur tournée moyen-orientale, Nemr Abou Nassar a frappé dans le mille. Quatre mois plus tard, le voilà tout seul comme un grand conduisant son propre show de stand-up comedy sur le lieu même du « crime ». Attention : talent. C’est l’histoire d’un mec… à la mine réjouie, à l’allure sympathique, délicieusement nonchalant. Pour son spectacle de stand-up comedy au théâtre du Casino du Liban, Nemr Abou Nassar n’a pas mis toutes les chances de son côté : pas de mise en scène, pas de costumes superflus et une affiche où il fait le zouave. Et il a placé la barre très haut : seul sur scène, il compte faire rire un millier de spectateurs durant 90 minutes… Alors, kesaco ? Le spectacle passe à une allure folle, et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’on ne s’ennuie pas. On s’enthousiasme, on s’amuse, on s’emporte. Et on rit tellement, qu’à la fin on a des crampes aux abdos et aux zygomatiques. C’est donc l’histoire d’un mec doté d’une présence exceptionnelle et d’une répartie à toute épreuve. Son costume de scène : chemise blanche ouverte sur tee-shirt noir, jeans, baskets. Son crédo : « No politics, no religion, one love. » Après avoir donné des spectacles au B018, au Hard Rock Café, au Bar Louie, au Blush puis au Applebee’s (où il affichait à chaque fois complet), le jeune humoriste a fait la tournée des universités : AUB (d’où il est diplômé en business administration), NDU, USJ, LAU. Il apparaît donc aujourd’hui dans une salle qui abrite facilement mille personnes, avec un panier plein de situations burlesques, cocasses, absurdes. Le beau gosse à l’énergie inépuisable et communicative passe d’un personnage à l’autre avec à-propos, talent et surtout beaucoup de truculence. Certains reconnaîtront des personnes de leur entourage, d’autres découvriront un univers joyeux et haut en couleur. Il s’adresse en premier lieu à un public de jeunes étudiants. Son ami, Mazen Abdallah, également stand-up comedian, lui assure une petite introduction en début de spectacle. Une sorte d’apéritif sympathique qui nous donne une idée sur la multitude de jeunes talents à nourrir et encourager… C’est l’histoire d’un mec qui décide de nous transmettre ses pensées tantôt futiles, souvent sérieuses, toujours perspicaces et clairvoyantes. Nemr Abou Nassar nous interpelle, nous estomaque et nous invite à réfléchir sur des thèmes aussi variés que les filles (son portrait-robot de la fille libanaise est franchement percutant), la religion (ou plutôt son éducation religieuse), l’homosexualité, le sexe, la pub… Mais le spectacle ne serait pas aussi drôle si sa propre vie n’était pas également source de dérision. Savoir rire de tout et de soi-même avec intelligence est peut-être la recette magique. Nemer Abou Nassar fait peu de vannes sur les autres. Quelques blagues sur Mr. Lebanon, en passant. Par contre, une pique mortelle à l’adresse du journaliste télé, Marcel Ghanem... À la fin de son spectacle, Nemr Abou Nassar retire son masque d’humoriste pour remercier, les yeux empreints d’émotion, ses spectateurs, les fidèles comme les fraîchement acquis. Il lance également une fleur à Mix FM qui l’a soutenu dans ses premiers pas sur scène. « Être là, devant vous, ce soir, c’est vraiment un rêve devenu réalité », lance-t-il à l’assemblée, conquise par ce jeune homme qui sème le rire. Et l’espoir également puisque les recettes de ses deux spectacles seront versés entièrement au Children’s Cancer Center. C’est l’histoire d’un mec qui nous fait rire pendant une heure et demie, sans prétention, sur un rythme trépidant. L’histoire d’un mec au charisme, au dynamisme et à la pétulance d’un grand humoriste. L’exemple même que l’on peut rire de tout avec intelligence. C’est peu dire si on attend le prochain spectacle avec impatience. Maya GHANDOUR HERT