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Actualités - CHRONOLOGIE

Change La chute du dollar relance le débat dans le Golfe sur l’indexation au billet vert

La poursuite de la chute du dollar accentue la pression sur les cinq monarchies pétrolières du Golfe dont les devises sont indexées au billet vert pour qu’elles réévaluent leur monnaie ou mettent fin à ce système de taux fixe, qui alimente une inflation galopante dans la région. La nouvelle baisse probable aujourd’hui par la Fed (Banque centrale américaine) de son principal taux directeur, le taux au jour le jour, actuellement à 3 %, pour éviter une récession aux États-Unis ne fera qu’attiser ce débat et aggraver une situation intenable pour les économies du Golfe, qui font de plus en plus le grand écart. « Je pense que ces pays ne peuvent pas continuer à ignorer la faiblesse de la devise américaine et les baisses continuelles des taux d’intérêt » de la Fed, a déclaré à l’AFP Ali al-Bader, ancien chef de Kuwait Investment Authority, fonds souverain de l’émirat. « Ils devront soit lier leurs monnaies à un panier de devises (...), soit réévaluer graduellement leurs devises, faute de quoi le coût sera trop élevé » pour leurs économies, a-t-il poursuivi. Des six monarchies pétrolières alliées des États-Unis formant le Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar), seul le Koweït a décroché en mai sa monnaie (le dinar koweïtien) du dollar, auquel elle était liée depuis janvier 2003, pour l’indexer sur un panier de devises. Pour la Banque centrale koweïtienne, la baisse du dollar contribuait à accroître l’inflation. Depuis lors, le dinar s’est apprécié de 7,7 % par rapport au billet vert. Mais selon les cinq autres membres du CCG, qui ont refusé d’imiter le Koweït, la fin de l’indexation au dollar ferait plus de mal que de bien à leurs économies. L’indexation au dollar a permis de consolider la stabilité financière de ces pays tant que les économies des monarchies du Golfe et l’économie américaine étaient en phase. Mais ce n’est plus le cas. Les États-Unis sont menacés par la récession, les pays du CCG risquent la surchauffe et l’inflation atteint des records historiques (14 % en rythme annuel au Qatar et plus de 10 % dans les Émirats, les deux pays les plus affectés, mais aussi 7 % en rythme annuel en janvier en Arabie). En raison de ce système de taux de change fixe, l’Arabie, Bahreïn, les Émirats, Oman et le Qatar n’ont pas d’autre choix que de suivre la Fed, c’est-à-dire de baisser leurs taux d’intérêt, alors qu’elles devraient faire l’inverse. Ce grand écart est apparu en septembre, lorsque la Fed a baissé son principal taux directeur d’un demi-point à 4,75 %. La baisse de ce taux attendue aujourd’hui, la sixième en six mois, devrait donc avoir pour les pays du Golfe des effets très négatifs, en dépit de l’explosion des cours du brut, qui dépassent désormais les 111 dollars le baril. Mais l’économiste koweïtien Amer al-Tamimi estime que la fin de l’indexation de leurs monnaies au dollar est pour les États du Golfe un choix « extrêmement difficile, compte tenu du fait qu’une majorité de leurs échanges se fait en dollars ». Leurs exportations de pétrole et de gaz, qui représentent l’essentiel de leurs revenus, sont libellées en dollars, comme la plupart des investissements de leurs fonds souverains, estimés à quelque 1 500 milliards de dollars. De plus, l’indexation au dollar a une très forte signification politique. Malgré la dégringolade du dollar, personne dans le Golfe ne songe d’ailleurs à fixer les cours du pétrole dans une autre devise, comme l’Iran et le Venezuela l’avaient proposé lors du sommet de l’OPEP en novembre à Ryad. En outre, de nombreux économistes considèrent que la cause principale de l’inflation n’est pas la chute du dollar, mais l’afflux de liquidités résultant des cours record du brut. « Si nous voulons des prix du pétrole élevés, nous ne devons pas nous inquiéter à propos des prix (élevés) des tomates », a lancé la semaine dernière le directeur de la Banque commerciale du Koweït, Abdel Majid al-Chatti.
La poursuite de la chute du dollar accentue la pression sur les cinq monarchies pétrolières du Golfe dont les devises sont indexées au billet vert pour qu’elles réévaluent leur monnaie ou mettent fin à ce système de taux fixe, qui alimente une inflation galopante dans la région.
La nouvelle baisse probable aujourd’hui par la Fed (Banque centrale américaine) de son...