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Actualités - REPORTAGE

Crise humanitaire, poursuite des violences Cinq ans après le début de la guerre, l’Irak dans une situation alarmante

Déplacement de population, crise humanitaire, poursuite des violences. Cinq ans après l’intervention militaire américaine, la situation en Irak est alarmante. Tel est le constat dressé par de nombreuses organisations internationales. La situation humanitaire en Irak est « une des plus critiques au monde », relève le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans un rapport publié hier soir. « À cause du conflit, des millions d’Irakiens ont difficilement accès à l’eau potable, aux installations sanitaires et aux soins de santé », déplore le CICR. Selon l’organisation humanitaire, « la crise actuelle est exacerbée par les effets prolongés des conflits armés précédents et d’années de sanctions économiques ». « Le fait que certaines parties de l’Irak connaissent une plus grande sécurité ne doit pas nous faire oublier le sort que des millions de personnes livrées à elles-mêmes continuent de subir », a déclaré Béatrice Mégevand Roggo, chef des opérations du CICR pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Pour Amnesty international, l’Irak reste « l’un des pays les plus dangereux » au monde. « Des centaines de personnes sont tuées chaque mois dans la violence omniprésente, tandis qu’un nombre incalculable de vies sont menacées chaque jour par la pauvreté, les coupures d’électricité et d’approvisionnement en eau, les pénuries en nourriture et en produits médicaux, et la violence croissante contre les femmes et les jeunes filles », relève l’organisation dans un rapport publié aujourd’hui et intitulé « Carnage et désespoir, l’Irak cinq ans après ». Selon elle, les attentats et meurtres perpétrés par les milices confessionnelles, la torture et les maltraitances par les forces irakiennes et la détention, souvent sans inculpation ni procès, de milliers de personnes – actuellement estimées à 60 000 – par les troupes irakiennes et américaines ont eu un « effet dévastateur, provoquant le déplacement de plus de quatre millions d’Irakiens ». « L’administration de Saddam Hussein était un symbole du non-respect des droits de l’homme, mais son remplacement n’a apporté absolument aucun répit au peuple irakien », a souligné Malcolm Smart, directeur du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord d’Amnesty. Y compris dans la région plus paisible du Kurdistan, « la meilleure situation économique n’a pas été accompagnée d’un plus grand respect des droits de l’homme ». Pour l’organisation, toutes les parties ont violé les droits de l’homme, certaines commettant des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Cinq ans après l’invasion américaine, le 20 mars 2003, l’ONU a, pour sa part, choisi d’insister sur les « bonnes nouvelles ». Les violences confessionnelles en Irak ont nettement baissé fin 2007, laissant aux leaders politiques irakiens une chance d’œuvrer en faveur de la réconciliation, a estimé samedi l’envoyé spécial de l’ONU dans ce pays. M. de Mistura s’exprimait à l’occasion de la publication d’un rapport de l’ONU sur la situation des droits de l’homme en Irak entre juillet et décembre 2007. À l’origine de la baisse des violences, selon M. de Mistura, « la lassitude des protagonistes » et l’offensive américaine, lancée en février 2007 pour sécuriser la capitale. Cette relative amélioration « est une fenêtre d’opportunité » pour les responsables politiques, mais une telle occasion ne durera peut-être pas, a-t-il souligné. Les responsables doivent d’ailleurs se réunir mardi, à Bagdad, pour débattre de la réconciliation nationale. Il s’agira de la seconde conférence de ce genre. Selon le communiqué, la conférence est organisée à l’initiative du Premier ministre Nouri al-Maliki en vue d’œuvrer « pour l’unité et la sécurité du pays, la reconstruction et le retour à la souveraineté ». Mission difficile tant les factions politiques chiites, sunnites et kurdes, qui défendent des intérêts souvent contradictoires de leurs communautés, ont démontré lors de débats houleux au Parlement combien elles avaient du mal à se mettre d’accord. À travers le monde, notamment aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne et en Espagne, l’approche du cinquième anniversaire de l’intervention américaine a suscité de nombreuses manifestations d’opposition à la guerre. Le pape Benoît XVI a, de son côté, appelé hier à la fin des violences en Irak dans ce qu’il a défini comme un « cri du cœur ». La force multinationale dirigée par les États-Unis a perdu près de 4 300 hommes en Irak, dont une majorité d’Américains, depuis l’invasion du pays le 20 mars 2003. Selon un décompte du site Internet Irak Body Count diffusé samedi, au moins 81 639 civils irakiens ont été tués depuis cette même date. Les forces de sécurité irakiennes ont également payé un lourd tribut puisque, selon les autorités, au moins 12 000 policiers sont tombés depuis le renversement de Saddam Hussein.
Déplacement de population, crise humanitaire, poursuite des violences. Cinq ans après l’intervention militaire américaine, la situation en Irak est alarmante. Tel est le constat dressé par de nombreuses organisations internationales.
La situation humanitaire en Irak est « une des plus critiques au monde », relève le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans un...