Rechercher
Rechercher

Actualités

Les ravisseurs de Faraj Rahou exigeaient le paiement d’une rançon de trois millions de dollars Les chrétiens d’Irak pleurent l’archevêque chaldéen de Mossoul

Une foule de chrétiens éplorés a rendu un dernier hommage hier à l’archevêque chaldéen Faraj Rahou, victime des violences confessionnelles en Irak, lors de ses obsèques dans un village du nord du pays. Le plus haut dignitaire chrétien irakien, le cardinal Emmanuel III Delly, les larmes aux yeux et la voie cassée par l’émotion, a appelé les chrétiens d’Irak, qui se sentent persécutés, à être « prudents et patients » après la mort de Mgr Rahou, archevêque de Mossoul (à 370 km au nord de Bagdad). « Il était de ceux qui meurent et versent leur sang au nom du devoir », a-t-il assuré dans la petite église Mar Aada, dans le village de Kremlis, à 35 km à l’est de Mossoul, où le prélat a été inhumé. Mgr Rahou, 65 ans, plus éminent religieux chrétien d’Irak à avoir été enlevé, a été retrouvé mort jeudi après son rapt le 29 février à Mossoul par des inconnus qui avaient tué trois de ses gardes du corps. Sa mort a été condamnée par le pape Benoît XVI, le président américain George W. Bush et le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki. L’église Mar Aada était bondée, et une foule de fidèles, penchés sur des Bibles ouvertes, avait envahi le parvis et les rues adjacentes. Hommes, femmes et enfants, pour la plupart habillés de noir, pleuraient sans retenue. « Les chrétiens doivent se souvenir de suivre le chemin de nos ancêtres, qui était fait d’honnêteté, de paix et d’amour pour les autres », a dit le cardinal Delly. « Nous ne vous oublierons pas, a-t-il conclu, avant de s’interrompre, en larmes, et dans un impressionnant silence. Les gens lointains et proches, de différentes religions, les pauvres comme les riches, vous aiment. Adieu mon ami, mon frère ». À l’issue d’une cérémonie de plus de deux heures en présence des représentants de toutes les communautés chrétiennes, la dépouille mortelle de Mgr Rahou a été ensevelie dans une chapelle de l’église. Le corps était arrivé dans la matinée à Kremlis. Le cercueil de bois, simplement orné d’une croix sculptée, a été porté sur les épaules d’hommes dans les rues du village, au milieu d’une haie de fidèles, les mains chargées de fleurs. Au son des cloches, la procession a progressé sous les youyous des femmes et les chants des paroissiens et de délégations venues de tout le pays. Le cercueil a été aspergé d’eau bénite et parfumé d’encens. Cet enlèvement à l’issue tragique apparaît comme une nouvelle menace pour les chrétiens d’Irak, inquiets de leur sort dans un pays livré aux violences communautaires et où la rébellion islamiste les accuse de soutenir les « envahisseurs croisés ». « L’Irak est aujourd’hui très dangereux pour les chrétiens », déplore Samar Sharif, un chaldéen de Mossoul. « Les terroristes essaient de nous diviser, mais nous ne le permettrons pas. Nous ne resterons pas silencieux et nous punirons les responsables. » Le corps de l’archevêque a été retrouvé sur les indications de ses ravisseurs en périphérie de Mossoul, une ville considérée aujourd’hui comme un fief du réseau terroriste el-Qaëda. Si les causes de sa mort n’ont pas encore été établies, une haute autorité de la communauté chaldéenne, Mgr Raban al-Qas, a précisé que son cadavre ne portait pas de trace de balle. « Nous ne savons pas s’il a été torturé à mort ou s’il est mort de cause naturelle. » L’archevêque était décédé depuis au moins 72 heures lorsque son cadavre a été découvert, selon les autorités. D’après le site Internet de la télévision chrétienne Ishtar, les ravisseurs exigeaient, pour le libérer, le paiement d’une rançon de trois millions de dollars, la libération de combattants étrangers et que les « chrétiens contribuent au jihad ». Les chaldéens, des catholiques de rite oriental, constituent la principale communauté chrétienne d’Irak, et l’une des plus anciennes Églises chrétiennes. Avant l’invasion de mars 2003, la communauté chrétienne d’Irak totalisait quelque 800 000 membres, soit 3 % environ de la population en très grande majorité musulmane. Une grande partie d’entre eux ont fui le pays ou se sont installés au Kurdistan irakien.
Une foule de chrétiens éplorés a rendu un dernier hommage hier à l’archevêque chaldéen Faraj Rahou, victime des violences confessionnelles en Irak, lors de ses obsèques dans un village du nord du pays.

Le plus haut dignitaire chrétien irakien, le cardinal Emmanuel III Delly, les larmes aux yeux et la voie cassée par l’émotion, a appelé les chrétiens d’Irak, qui se...