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Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE La quête religieuse de Moqtada Sadr

Le chef chiite irakien Moqtada Sadr a décidé de se consacrer à l’étude théologique pour devenir une autorité religieuse incontestable et dirigera son mouvement de l’Armée du mahdi à distance, selon ses collaborateurs. Dans un communiqué de deux pages, publié vendredi dernier pour répondre aux interrogations de ses partisans sur ses absences d’apparitions publiques, Moqtada Sadr s’est efforcé de clarifier sa mise en retrait. « Je veux devenir en étudiant un érudit parfait et un sage. La perfection ne sera atteinte que par la solitude pendant un certain temps pour prier Dieu et lui obéir », affirme Moqtada Sadr dans ce texte. « Celui qui possède des responsabilités a besoin de perfection. Je vous ai donné, j’ai donné à la société une grande partie de ma vie, ce qui m’a affaibli. Mes maladies se sont aggravées ainsi que mes préoccupations. Maintenant j’ai le droit » à l’isolement, ajoute-t-il, soulignant : « Celui qui n’a pas de savoir ne peut en donner. » Cet isolement est également la conséquence, dit-il, des « réelles divisions » de la classe politique irakienne, une référence aux luttes intestines entre les groupes chiites pour le contrôle de leur communauté, ainsi qu’à la défection de certains de ses partisans. À aucun moment en revanche, il n’indique le lieu de ses études, qui, selon des médias irakiens, pourrait être la ville iranienne de Qom, l’un des centres de la théologie chiite. Cette mise en retrait intervient après la reconduite pour une nouvelle période de six mois de la trêve des opérations de l’Armée du mahdi, qui a contribué à une relative accalmie dans les violences en Irak. Moqtada Sadr avait annoncé cette trêve après des heurts sanglants entre sa milice et des factions rivales dans la ville sainte chiite de Kerbala. Ces violences étaient apparues comme une remise en cause de son autorité sur ses hommes. À la différence de son père Mohammad Sadeq Sadr qui était grand ayatollah – la plus haute autorité religieuse chiite –, le jeune Moqtada Sadr ne possède que le titre de Hojat al-Islam. Seul le titre d’ayatollah, qui ne lui sera accordé qu’après de longues années d’études, pourra lui permettre d’émettre des édits religieux (fatwas), être un guide pour les croyants et un chef chiite incontestable. « Sadr souhaite s’isoler pour étudier, comme son père le lui a demandé. Il veut atteindre le niveau de l’ijtihad (la jurisprudence) pour devenir une référence religieuse chiite », a expliqué à l’AFP Liwa Smaïssim, le chef du bureau politique de Moqtada Sadr à Najaf. « Sadr se dévoue à la perfection religieuse et intellectuelle. Le mouvement ne fait aucune différence entre la religion et la politique », argue-t-il. Mais, assure le responsable politique du mouvement sadriste, Sadr « n’a pas cessé ses contacts avec nous et il reste maître des décisions stratégiques » du mouvement. Toutefois, le jeune chef, qui n’est plus apparu en public depuis plusieurs mois et ne s’exprime qu’à travers son porte-parole ou par communiqués, ne s’occupera plus au quotidien du mouvement, une tâche qui sera déléguée à une commission mise en place prochainement. « Le mouvement va créer un comité composé de responsables pour suivre les activités des différents bureaux en Irak », ajoute Liwa Smaïssim. Selon le porte-parole de Moqtada Sadr, Salah al-Obeïdi, le jeune leader n’a aucune intention de quitter la sphère politique. « Cette lettre ne signifie pas que Sadr souhaite s’isoler du travail politique », assure M. Obeïdi. Il a « trouvé une nouvelle manière de traiter des questions quotidiennes, en se concentrant sur l’essentiel qui est le savoir et la religion, et en suivant les événements de loin », avance le porte-parole. « Sadr n’abandonne et n’abandonnera jamais la scène politique et l’Irak. Il est en contact direct et constant avec les organes et les commissions du mouvement », affirme un proche du chef de l’Armée du mahdi, Hazem al-Aaraji. Hassan ABDEL ZAHRA (AFP)
Le chef chiite irakien Moqtada Sadr a décidé de se consacrer à l’étude théologique pour devenir une autorité religieuse incontestable et dirigera son mouvement de l’Armée du mahdi à distance, selon ses collaborateurs.
Dans un communiqué de deux pages, publié vendredi dernier pour répondre aux interrogations de ses partisans sur ses absences d’apparitions publiques,...