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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - À la galerie Aïda Cherfan (centre-ville), jusqu’au 28 mars Giovanni Sesia et la mécanique du temps

C’est un double regard que jette Giovanni Sesia sur les objets qu’il reproduit en techniques mixtes sur bois. Et même triple. Puisqu’il s’agit d’abord du regard du photographe, du peintre et enfin le regard de l’homme, donnant à voir un ensemble composite teinté d’une douce nostalgie. Une série d’œuvres accrochées à la galerie Aïda Cherfan (centre-ville), jusqu’au 28 mars. Teintes ocre, brune et rouille, transpercées par instants d’incisions rouges colorent les espaces picturaux de cet artiste italien qui redonne vie et forme à des objets quotidiens qui ont longtemps sombré dans l’oubli. « Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? » Pour Giovanni Sesia, dactylos mécaniques, tricycles de l’enfance, vieux appareils photographiques ou encore bottes usagées représentent les réminiscences d’un passé personnel, mais également des éclats d’une mémoire universelle. Surgissant d’un grenier et charriant des odeurs de poussière, ces objets épars, posant sous l’objectif du peintre-photographe, sont par la suite rafraîchis par les couleurs dorées et brunâtres. La photo, ainsi « désaturée », redevient animée parce que plus humaine. Reproduites sur bois (matériau vivant par essence), ces œuvres renouent avec un passé pas très lointain et rendent hommage aux origines mêmes de l’homme. L’artiste y a apposé des empreintes. En chiffres ou écritures, elles évoquent des repères familiers. Théâtre de la mémoire Si la photographie a fait un jour irruption dans la vie de Sesia, issu de l’Académie de Brera à Milan, c’est pour mieux enrichir sa peinture. En effet, vers la fin des années 90, la photo devient pour l’artiste un prétexte d’inspiration pour sa recherche artistique. Dans une parfaite synergie entre les coups de pinceaux qui balayent les espaces vides et les clichés en noir et blanc, la composition parvient à traduire l’équilibre réalisé entre deux arts visuels. Malgré leurs nombreuses similitudes, ces deux langages sont pourtant l’illustration même de la césure entre deux univers : passéiste et contemporain. En les associant techniquement dans un même travail et en utilisant des objets faisant référence au passé, Giovanni Sesia rompt les barrières et instaure un nouveau mode d’expression. Désormais, le présent fait écho au passé, lequel lui renvoie ses multiples influences. Nourries l’une de l’autre, sans qu’aucune des deux ne prévale, photographie et peinture s’enrichissent et repoussent les limites de l’imaginaire de l’artiste. Giovanni Sesia alimente la nostalgie immobile et inerte du temps passé par une action rapide du présent, créant ainsi dans ses œuvres au parfum de suranné une dynamique soutenue par un réel « retour à la vie ». Colette KHALAF
C’est un double regard que jette Giovanni Sesia sur les objets qu’il reproduit en techniques mixtes sur bois. Et même triple. Puisqu’il s’agit d’abord du regard du photographe, du peintre et enfin le regard de l’homme, donnant à voir un ensemble composite teinté d’une douce nostalgie. Une série d’œuvres accrochées à la galerie Aïda Cherfan (centre-ville),...