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Actualités - OPINION

Femmes, au travail !!!

Le Liban est incontestablement à la traîne en termes de participation économique des femmes : en 2002, il a été classé par l’Escwa 153e sur 163 pays dans le monde. À ce niveau, comme tant d’autres, la condition de la femme libanaise est pour le moins paradoxale. Alors qu’elles sont parmi les plus éduquées du monde arabe, les Libanaises sont aussi parmi les moins actives. Malheureusement, tous les progrès réalisés en termes d’éducation ne se sont pas traduits dans la sphère économique. Entre 1970 et 1997, par exemple, le nombre de femmes dans les universités a augmenté de 26 %, pour représenter 51 % des universitaires, alors que leur taux d’activité a crû de moins de 10 %. Selon une étude réalisée en 1997, qui ne prend pas en compte les secteurs informels et associatifs, près de 22 % des femmes âgées entre 15 et 64 ans travaillent, un taux inférieur de 5,3 % à la moyenne arabe. C’est entre 25 et 29 ans que les Libanaises sont le plus actives. À partir de 30 ans, le taux d’activité recule progressivement pour atteindre 8 % à 55 ans. Que se passe-t-il entre-temps ? Elles se marient. Et comme elles doivent assurer la grande majorité – pour ne pas dire la totalité – des tâches domestiques et des soins des enfants, rapidement le choix entre vie familiale et vie professionnelle s’impose. Il faut dire que les législations du travail ne sont pas de nature à les soutenir. Au Liban, le congé maternité est de 40 jours dans le privé et 60 jours dans le public, payé à 100 %. En Europe, le congé minimal est de 14 semaines (98 jours), mais certains pays comme la Norvège vont jusqu’à 10 mois, voire un an payé à 80 % en Suède. Autre facteur de démotivation pour les femmes : les discriminations salariales et surtout le manque de promotions. Ces pratiques, fondées sur les mentalités traditionnelles selon lesquelles les femmes ne sont pas en mesure d’assumer des postes de responsabilité, se reflètent dans les chiffres : 84 % des femmes actives sont des employées, contre 58,4 % pour les hommes. Moins de 2 % d’entre elles occupent des postes de direction, et seules 1,5 % sont chefs d’entreprise. À cet égard, le secteur public ne donne pas l’exemple. En 1999, 6,1 % des fonctionnaires étaient des femmes, dont 20, 7 % de troisième catégorie. La première, en revanche, ne compte que 1,6 % de femmes. Le peu de femmes ayant un pouvoir de décision contraste avec le fait que 8 % d’entre elles ont un niveau d’étude supérieur, le pourcentage le plus élevé du monde arabe. Une plus grande proportion de Libanaises dans la population active pourrait pourtant doper l’économie du pays, en mal de productivité. Sans parler des gains d’indépendance et d’autonomie qu’elles pourraient personnellement en tirer. Mais pour lutter contre les mentalités machistes, une politique volontariste s’impose. Encore faut-il que les femmes existent en politique… Sahar AL-ATTAR
Le Liban est incontestablement à la traîne en termes de participation économique des femmes : en 2002, il a été classé par l’Escwa 153e sur 163 pays dans le monde.
À ce niveau, comme tant d’autres, la condition de la femme libanaise est pour le moins paradoxale. Alors qu’elles sont parmi les plus éduquées du monde arabe, les Libanaises sont aussi parmi les moins...