À quelques jours de l’arrivée de Rice dans la région, Abbas suspend tout contact avec l’État hébreu Israël durcit son offensive sanglante contre Gaza : plus de 70 tués en 48 heures

L’armée israélienne a poursuivi hier son offensive dans la bande de Gaza, où plus de 70 Palestiniens ont péri en 48 heures, poussant l’Autorité palestinienne à suspendre tout contact avec Israël. L’armée israélienne a poursuivi hier son opération baptisée « Hiver chaud ». Les bombardements ont notamment visé le nord de la bande de Gaza où neuf Palestiniens ont été tués, au lendemain d’une journée particulièrement meurtrière au cours de laquelle 63 Palestiniens ont péri dont plusieurs femmes et enfants, selon des sources médicales. Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a, pour sa part, annoncé la mort de 35 de ses combattants dans l’offensive, de même qu’une dizaine d’autres activistes. Samedi, deux soldats israéliens y ont été tués. Des appareils israéliens ont en outre détruit dans la nuit les bureaux à Gaza d’Ismaïl Haniyeh, le chef du gouvernement Hamas non reconnu internationalement. Malgré l’ampleur de l’offensive israélienne, la plus meurtrière depuis 2000, les groupes armés palestiniens ont tiré encore hier 24 roquettes qui se sont abattues dans le sud d’Israël, selon la police qui a fait état d’un blessé. L’armée israélienne avait lancé mercredi des opérations ponctuelles également meurtrières à Gaza après la mort d’un Israélien par l’explosion d’une roquette à Sdérot (Sud). Depuis mercredi, plus de 100 Palestiniens ont péri. Les violences semblent être appelées à continuer, le Premier ministre israélien Ehud Olmert affirmant qu’« Israël n’a aucune intention de cesser, ne serait-ce que pour un moment, les combats contre les organisations terroristes ». « Le but de l’opération, qui est de mettre fin aux tirs de roquettes, ne sera pas atteint dans les deux prochains jours, nous continuerons nos activités et devons nous préparer à une escalade », a ajouté son ministre de la Défense Ehud Barak, affirmant que le Hamas « paiera le prix » de « la dégradation de la situation ». En soirée, le bureau du ministre a publié un communiqué soulignant que M. Barak entend vérifier si le droit international permet de riposter à des tirs provenant de secteurs habités. Un débat doit se tenir aujourd’hui à ce sujet. Hier matin, durant la séance hebdomadaire du gouvernement israélien, le numéro deux du cabinet, Haïm Ramon, avait affirmé qu’il était légitime selon le droit international d’ouvrir le feu contre ceux qui s’embusquent parmi des civils pour tirer des roquettes, et que ce point avait déjà été vérifié lors de la guerre contre le Hezbollah durant l’été 2006. Malgré le niveau des violences, Ehud Olmert a, par ailleurs, affirmé qu’il voulait continuer les négociations de paix avec l’Autorité palestinienne, alors que le président palestinien Mahmoud Abbas a décidé « de suspendre tous les contacts à tous les niveaux (avec Israël), car ils n’ont aucun sens au regard de l’agression israélienne », selon son porte-parole Nabil Abou Roudeina. Saëb Erakat, le chef des négociateurs palestiniens, a, pour sa part, affirmé que les négociations de paix avec Israël étaient, pour l’heure, « enterrées sous les maisons détruites de Gaza ». Cette nouvelle flambée de violences précède l’arrivée demain au Caire de la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice avec l’objectif d’aider à progresser dans les négociations de paix relancées il y a à peine trois mois. Mme Rice doit ensuite se rendre à Ramallah et à Jérusalem, pour y rencontrer les dirigeants israéliens et palestiniens. Le Hamas appelle à la formation d’un gouvernement d’union nationale Face à la crise, le Hamas, brouillé avec Mahmoud Abbas, a estimé que la situation appelait à « l’unité et la fin des divisions », et appelé à la formation d’un gouvernement d’union nationale d’urgence. « Nous appelons à la tenue d’un dialogue national sans conditions préalables pour examiner l’escalade et l’occupation ainsi que la formation d’un gouvernement national d’urgence », a dit le porte-parole du Hamas. Parallèlement, des milliers de Palestiniens de Cisjordanie ont protesté contre l’offensive israélienne.