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IMPRESSION Comment peut-on… ?

Je viens d’acquérir un nouveau téléphone portable. Premier réflexe : lui faire parler une langue familière. Il me propose l’arabe, l’anglais… et le farsi. J’ai à peine le temps de m’interroger sur cette curieuse intrusion du persan dans ma culture de base. Je me propose de visionner un DVD. D’une manière générale, bien que ne souffrant pas de ce handicap, je trouve confortable l’option sous-titrage pour malentendants. Mais voilà que mon film me propose une traduction en farsi, au cas où. J’ignore depuis combien de temps le marché libanais est demandeur d’articles qui communiquent en iranien, mais j’en conclus que ce n’est pas un hasard : une langue vient de s’ajouter en douce à notre sabir déjà lesté de pas mal de dialectes. Je décide, en conséquence, de comprendre ce phénomène dans l’espoir de le vivre avec sérénité. À moi Montesquieu ! Que quelqu’un m’apprenne en français comment on fait pour vivre en mollah, moi qui n’ai demandé ni à devenir francophone ni à scander « haïhat ». LETTRE XXXIV Usbek à Ibben, à Smyrne Ce qui rend le sang si beau en Perse, c’est la vie réglée que les femmes y mènent : elles ne jouent ni ne veillent ; elles ne boivent point de vin et ne s’exposent presque jamais à l’air. Il faut avouer que le sérail est plutôt fait pour la santé que pour les plaisirs : c’est une vie unie (…) les plaisirs mêmes y sont graves, et les joies, sévères ; et on ne les goûte presque jamais que comme des marques d’autorité et de dépendance. (…) Cette gravité des Asiatiques vient du peu de commerce qu’il y a entre eux : ils ne se voient que quand ils y sont forcés par la cérémonie. L’amitié, ce doux engagement du cœur, qui fait ici (en France) la douceur de la vie leur est presque inconnue. (Lettres persanes, 1721) Est-ce ainsi que vivent nos compatriotes du Hezbollah ? Quel mal y a-t-il à poser la question ? Deux mondes cohabitent sous cette voûte pourtant pas bien grande, aussi étrangers l’un à l’autre que deux chiens de faïence gardant une porte. Rien ne semble avoir changé depuis trois siècles. Les nations ont gardé les travers et les qualités qui leur sont propres. Depuis, chacune dérive au gré de ses phobies et de ses fantasmes, soulève des guerres quand sa puissance égale son intolérance, et réalise des prodiges quand sa grandeur égale sa générosité. Je veux jouer et veiller, boire du vin et m’exposer à l’air. Je veux des plaisirs légers et des joies impulsives. Je ne me sens pas d’inclination pour la gravité des Asiatiques. J’ai besoin de communiquer sans y être forcée par quelque cérémonie. L’amitié m’est vitale. Quoi d’autre ? Je n’aime pas quand des milliers de bras se lèvent en même temps pour répondre à l’orateur. Ça a un côté « Heil Hitler » qui m’angoisse. Je ne veux pas qu’on me force à la guerre sous prétexte que ce sont les autres qui commencent. J’ai besoin de ma liberté de penser. Dans notre part d’Orient, c’est encore le dernier luxe. Je peux comprendre qu’on puisse être persan quand on a commencé tout petit. Ce que je comprends de moins en moins, c’est qu’on puisse être libanais et rester sain d’esprit. Fifi ABOU DIB
Je viens d’acquérir un nouveau téléphone portable. Premier réflexe : lui faire parler une langue familière. Il me propose l’arabe, l’anglais… et le farsi. J’ai à peine le temps de m’interroger sur cette curieuse intrusion du persan dans ma culture de base. Je me propose de visionner un DVD. D’une manière générale, bien que ne souffrant pas de ce handicap, je...