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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE - L’art et la révolution féministe sur cimaises La secousse esthétique des années 60

WASHINGTON, d’Irène MOSALLI Le Womens’Lib et le MLF, ce sont des femmes qui, dans les années 60, se révoltent contre leur condition et qui se réunissent pour revendiquer l’égalité et leurs droits à tous les niveaux : moraux, sexuels, juridiques, économiques, symboliques. De même qu’elles entament la lutte contre toutes les formes d’oppression et de misogynie, à coup de manifestations, de manifestes et de débats. Et aussi à coups de pinceaux, de crayons et de ciseaux, comme en témoigne une exposition intitulée « Wack ! Art and the Feminis Revolution » ou « La secousse ! L’art et la révolution féministe », organisée par le Musée national des femmes à Washington. Sur cimaises, 300 œuvres portant les signatures de 118 artistes de diverses nationalités véhiculent l’ampleur de ce mouvement, son impact controversé à l’époque, perçu comme excentrique. La responsable de l’exposition n’a pas craint de l’étaler dans toute sa vérité, souvent faite de visions sciemment choquantes, transgressives et coup-de-poing. L’éventail de l’inspiration est très large. Les peintures réalistes d’Alice Neel et Sylvia Sleigh convoient le concept du pouvoir du point de vue féministe, alors que les photomontages de Mary Beth Edelson font aussi appel à divers médias. Les factures plus abstraites viennent s’inscrire dans un monde où l’art masculin régnait en maître absolu et où le minimalisme, utilisant des matériaux industriels, était exclusivement une affaire d’hommes. Changer le monde vs l’art commercialisé A contrario, ces dames montrent de quoi elles sont capables. Avec de simples tissus, Harmony Hammond réalise une installation d’échelles d’une grande force, Lee Lozano rehausse ses huiles de perforations semblables à celles produites en usine et les couleurs que laisse couler, apparemment au hasard, Lynda Bengalis parlent d’elles-mêmes. Néanmoins, cette créativité est considérée à l’époque comme radicale et non artistique. En ces temps aussi, l’art féministe cherchait à psychanalyser l’histoire de l’art, dévoilant un parti pris qui ancrait l’idée de l’art dans les aptitudes masculines. Leurs adeptes ont rétorqué avec brio en jouant de leur discrimination. Faith Wilding a fait au crochet une immense toile d’araignée qui remplit une salle entière et Joy Kozlof choisit de faire de l’art à l’aide de motifs dénigrés pour leur nature artisanale. À Sigmund Freud qui affirmait qu’enfanter empêchait toute créativité intellectuelle, elles ont répondu par une inspiration cynique souvent puisée dans le quotidien : La libération de Aunt Jamima (la mixture du pan cake) ou Le culte du Cargo, donnant à voir des débardeurs déchargeant des colis faits de pubs de produits de beauté. Elles ont été suivies dans les années 80 notamment par la célèbre sculptrice Louise Bourgeois et par l’épouse de John Lennon, Yoko Ono, posant à moitié nue. Plus que le survol historique d’une révolution esthétique, cette exposition s’est voulue le témoignage d’un temps où l’on croyait ferme que l’art pouvait changer le monde. Alors qu’aujourd’hui, cet optimisme a fait place au cynisme et au diktat du marché de l’art. En attendant peut-être un retour à cette valeur. Opérée, peut-être aussi, dans cette même veine.
WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

Le Womens’Lib et le MLF, ce sont des femmes qui, dans les années 60, se révoltent contre leur condition et qui se réunissent pour revendiquer l’égalité et leurs droits à tous les niveaux : moraux, sexuels, juridiques, économiques, symboliques. De même qu’elles entament la lutte contre toutes les formes d’oppression et de misogynie, à...