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UNE TOILE, UNE HISTOIRE - Salvadore Dali, un conquistador de la peinture « La Persistance de la mémoire » ou les « Montres molles »

Il aura été toute sa vie un touche-à-tout de génie, une sorte de Da Vinci du XXe siècle. L’art avec lequel Salvadore Dali s’est mis en scène est inséparable de son œuvre. On dit de lui « farceur érudit, esthète avide d’argent, philosophe paranoïaque et jouisseur mystique ». Plus que des toiles et plus qu’un courant (surréaliste), il laisse derrière lui une vision originale de l’art de vivre, voire de vivre dans l’art. « La Persistance de la mémoire, connue sous le nom de Montres molles (un de ses chefs-d’œuvre les plus célèbres), en est le parfait exemple. Novembre 1934. Dali va à la conquête de New York. On raconte qu’au départ du train pour Le Havre, il se tapit dans un compartiment de troisième classe, tout près de la locomotive, « pour arriver là-bas plus vite ». Autour de lui se dressent des tableaux empilés l’un sur l’autre qu’il a attachés pour plus de sécurité, à l’aide de cordes, à ses doigts et à ses vêtements. Pour rester près de ses œuvres, il refuse même de déjeuner en route. Il craint qu’on ne lui subtilise ses Montres molles, un de ses travaux les plus prestigieux que l’artiste considère comme un des signes annonciateurs de tout un courant. Embarqué sur le bateau, Dali, encore craintif et nerveux, reste dans sa cabine. Mais lorsqu’il aura franchi l’Atlantique, il se déchaîne et devient comme une bête prête à bondir sur la Grande Pomme. Il va devenir un véritable conquistador de la peinture. Alors que les cercles culturels et artistiques français et les critiques le traitent de paranoïaque, l’attaquant parfois, criant au scandale pour ses collaborations aux dialogues des films de Luis Bunuel, comme Un chien andalou et L’âge d’or, New York l’accueille avec enthousiasme et curiosité. Pour les Américains, il y a désormais un style unique, qui ne ressemble à rien, ni même aux surréalistes. C’est la touche Dali. Tout ce que cet artiste voit, tout ce qui l’inspire devient « daliesque ». Incomparable. Indéfinissable. Salvadore Dali lui-même a œuvré toute sa vie afin de semer les critiques, les dérouter en brouillant les pistes dans ses travaux. Si ses toiles apparaissent comme le fruit de délires, c’est parce que chaque image, soumise à d’innombrables métamorphoses, porte en elle de multiples interprétations. Les Montres molles, qui sont trois horloges flasques, disposées dans un climat désertique, ont longtemps suscité les suppositions et les explications des exégètes. Certains sont allés même jusqu’à prétendre que si les montres de Dali ont la forme d’une langue, c’est que l’artiste a voulu faire allusion à un banal souvenir d’enfance, lorsqu’un médecin qui l’examinait lui fit tirer la langue en lui disant : « Montre ! » Mais les œuvres de Dali se moquent des interprétations. D’ailleurs le maître l’a dit lui-même : « Ces montres sont destinées à se faire avaler par les requins du temps mécanique et décourager les zélés de l’interprétation. » C’est en 1931 que Dali peint les Montres molles, une toile qui va très vite lui ouvrir les portes de la gloire. Lui-même reviendra sur l’origine de l’inspiration. « Amolli, dit-il, comme ce camembert » qu’il vient de déguster un soir avec Gala, le grand amour de sa vie, cette femme qu’il « piqua » à Paul Éluard. L’artiste est donc en train de manger et il pense « aux problèmes posés par le super-mou de ce fromage collant ». Il retourne à la toile qu’il est en train de peindre, mais l’inspiration tarde à venir. Soudain, il voit la solution. Il va reproduire des montres molles dont l’une pendrait sur une branche d’olivier. Deux heures après la préparation de sa palette, l’œuvre était achevée. Persistance de la mémoire venait d’être conçue et ce sera une des toiles les plus célèbres de Dali. L’artiste allait bien rigoler par la suite en voyant les critiques se triturer les méninges en essayant de trouver une cause psychologique à ses œuvres. Sacré Salvadore. Colette KHALAF
Il aura été toute sa vie un touche-à-tout de génie, une sorte de Da Vinci du XXe siècle. L’art avec lequel Salvadore Dali s’est mis en scène est inséparable de son œuvre. On dit de lui « farceur érudit, esthète avide d’argent, philosophe paranoïaque et jouisseur mystique ». Plus que des toiles et plus qu’un courant (surréaliste), il laisse derrière lui une vision originale...