IRAK - Sadr prorogerait aujourd’hui la trêve de l’Armée du mahdi  L’armée turque bombarde le Kurdistan

L’armée turque a bombardé hier une zone du Kurdistan irakien, ont indiqué des responsables kurdes, sans toutefois faire état de victimes. D’autre part, le jeune et influent imam radical chiite Moqtada Sadr s’apprêterait à proroger, aujourd’hui, la trêve observée depuis août par les miliciens de son Armée du mahdi. «À 11h00 (08h00 GMT) ce matin, les forces turques ont bombardé le village de Bassiam, dans la région de Khawarkourk (province d’Erbil) », a affirmé à l’AFP le général Jabar Yaour, porte-parole des autorités kurdes dans le nord de l’Irak. Un porte-parole du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Ahmad Banz, a confirmé que « l’artillerie turque a ouvert le feu à 11h00 » contre la zone de Qalirach, au nord d’Erbil, à la frontière avec la Turquie. Des avions ont par la suite bombardé une zone kurde au nord-est de Dohouk. Un responsable irakien a précisé qu’un pont avait été détruit. Dans la soirée, la situation était « très tendue » près de la base militaire turque de Bambarneh, sur le territoire irakien, après que des « peshmergas du PKK eurent empêché des troupes turques de quitter leur position », a affirmé à l’AFP Fouad Hussein, directeur du bureau de la présidence du Kurdistan irakien. Selon un accord signé il y a plus de 10 ans avec les autorités locales du Kurdistan irakien, l’armée turque dispose de plusieurs bases dans la région. Toutefois, ces informations faisant état de combats ont été démenties par le général Yaour et Ankara. « Il n’y a pas eu de combats entre les peshmergas et l’armée turque », a assuré M. Yaour. « Ces rapports sont totalement faux et ont été produits afin d’égarer l’opinion publique », ont de leur côté assuré les services du chef de l’état-major interarmes turc. Le général Yaour a ajouté qu’aucune victime n’avait été signalée lors des bombardements. En outre, le Conseil de sécurité nationale turc, qui regroupe les plus hauts dirigeants civils et militaires du pays, a annoncé hier que l’armée turque continuera à frapper les rebelles du PKK basés dans le nord de l’Irak « quand ce sera nécessaire ». D’autre part, les médias turcs ont affirmé que l’armée acheminait des renforts et des équipements vers la frontière irakienne, ce qui pourrait être la phase préparatoire à une vaste incursion dans le nord de l’Irak. En soirée, des mouvements de blindés turcs ont été observés aux abords de la frontière, ont affirmé des sources locales. Par ailleurs, la police irakienne a annoncé hier la découverte des corps de 15 hommes, dont 10 militaires, les yeux bandés et une balle dans la tête. Ces corps se trouvaient dans des fossés de la province de Diyala, non loin de Baaqouba. Les victimes semblent avoir été exécutées il y a une semaine environ. Toujours sur le plan des violences, le chef radical chiite Moqtada Sadr, à la tête de l’Armée du mahdi, devrait « très probablement » annoncer aujourd’hui une reconduction d’une trêve de six mois observée par sa milice. « Il est très probable que sayyed Moqtada Sadr prenne une décision qui aille dans le sens d’un renouvellement de la période de gel » des activités de l’Armée du mahdi, a affirmé à l’AFP une source proche du jeune chef chiite. Une deuxième source proche du dirigeant a confirmé à l’AFP qu’il devrait reconduire la trêve des opérations de sa milice observée depuis le 29 août, cruciale pour la stabilité de l’Irak. Le porte-parole du bureau de Moqtada Sadr à Bassora, Hareth al-Aazari, a de son côté précisé à l’AFP que des « lettres scellées contenant la décision du sayyed » avaient été distribuées dans les mosquées chiites du pays où elles seront ouvertes au moment de la prière du vendredi. Salah al-Obeïdi, le porte-parole du bureau de Moqtada Sadr à Najaf, a affirmé que demain était la « date-butoir » pour la fin de la trêve. « Dans le cas où il ne se prononce pas, et si aucun communiqué n’est publié, cela signifie que la période de trêve a pris fin », selon lui. L’armée US, tout d’abord sceptique, a salué hier le respect de la trêve, qui a représenté une aubaine pour appuyer ses efforts de stabilisation de l’Irak. « Nous restons encouragés par Moqtada Sadr. Les mesures (qu’il a prises) ont été très positives pour réduire la violence et nous devrions conserver cette ligne », a affirmé le contre-amiral Gregory Smith.