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Simon Abi Ramia : « Il faut désacraliser le débat autour de la Constitution »

« Nous estimons que les Constitutions ne sont jamais figées. Elles sont faites pour s’adapter aux réalisations évolutives. » C’est ce qu’affirme le responsable des relations extérieures au sein du Courant patriotique libre, Simon Abi Ramia qui dénonce la « sacralisation injustifiée » du Texte fondamental, sachant notamment que « les plus grandes démocraties du monde n’hésitent pas à introduire des amendements à leurs Constitutions » lorsqu’ils s’avèrent nécessaires. Pour le CPL, il n’est pas question de remettre en cause l’esprit de Taëf ou ses principes fondateurs, mais de faire « évoluer » le texte en y apportant notamment les amendements nécessaires, « sans être pour autant la cible d’attaque (de la part de la majorité) ni de procès d’intention. Il est grand temps de dépassionner le débat », dit-il. Le besoin de modifier certains articles peut être « soit le fruit d’une constatation de blocage quelconque, de contradictions entre des articles fondamentaux, ou encore de certaines ambiguïtés au niveau de l’interprétation », dit-il. Cela s’applique notamment à la fameuse clause portant sur le principe de démocratie consensuelle – selon lequel « tout pouvoir qui viole le pacte de coexistence est illégitime » – un principe fondateur de la « démocratie consociative ou participative, qui accorde le droit de veto à une communauté ou un groupe politique donnés », estime le responsable aouniste. Selon lui, la majorité a cherché à « sacraliser » le texte de Taëf pour démonter toute velléité d’amendement. M. Abi Ramia est convaincu que l’avenir du Liban ne peut être « reconstruit qu’à partir du lancement d’un nouveau chantier constitutionnel qui aura pour objectif de trancher, une fois pour toutes, la polémique qui entoure la question de la démocratie consensuelle ». À ce moment-là, on pourra décider si le Liban continuera d’être régi par ce principe, d’où la nécessité d’interpréter le texte et de clarifier sa teneur. Ou alors, on devrait opter pour une démocratie à l’européenne, avec son corollaire, la société laïque. « Quoi qu’il en soit, ce processus ne peut en aucun cas être imposé, mais devrait être coopté par les différentes parties en présence », souligne le responsable qui se dit « conscient » de la difficulté de se diriger vers une société laïque qui suppose au préalable que chaque communauté soit entièrement « sécurisée ». « Si l’on veut jouer à fond le jeu de la démocratie consensuelle, il faudrait œuvrer à sécuriser l’ensemble des communautés, et non une seule (la communauté chrétienne), dont l’avenir dépend désormais d’une des deux communautés musulmanes », dit-il en allusion au compromis trouvé pour l’élection du chef de l’État chrétien. « On cherche actuellement à assigner au président de la République un certain nombre de ministres pour sauver l’apparence de l’équilibre communautaire. En réalité, ce n’est qu’un coup de bluff pour faire passer la pilule avant de déclarer, quelques mois plus tard, la démission du gouvernement à l’initiative du Premier ministre », précise-t-il. Les marchandages actuels entre les différents protagonistes en présence sur l’allégeance des futurs ministres qui doivent former le gouvernement accepté ne constitue-t-il pas une atteinte grave à la Constitution ? « À l’ombre de la crise politique actuelle, toute solution salutaire doit nécessairement passer par une entente au détriment des textes rigides. Le jeu des chiffres ne veut rien dire en lui-même. C’est l’esprit d’entente qui compte. Lorsque l’on rentre dans une logique de boutiquier, c’est l’idée même du partenariat qui est refusée », conclut M. Abi Ramia.
« Nous estimons que les Constitutions ne sont jamais figées. Elles sont faites pour s’adapter aux réalisations évolutives. » C’est ce qu’affirme le responsable des relations extérieures au sein du Courant patriotique libre, Simon Abi Ramia qui dénonce la « sacralisation injustifiée » du Texte fondamental, sachant notamment que « les plus grandes démocraties du...