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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Walid Abou Serhal anime un cours de théâtre-thérapie à l’Iesav Devenir acteur de sa propre vie

Walid Abou Serhal anime, depuis quatre ans, un cours de théâtre thérapeutique qui s’adresse aux grands timides et aux petits angoissés. Son approche s’oriente sur l’importance de l’expression, de l’affirmation, dans la maîtrise de l’anxiété. « Le théâtre, la danse expressive, le son, l’expression corporelle sont autant d’outils qui permettent à la personne de sortir de cet enfermement intérieur, de ses peurs, de son apathie », explique le jeune homme. Pour, avec respect et douceur, devenir l’acteur de sa propre vie. Gérer son stress, vaincre sa timidité et retrouver confiance en soi à travers l’expression corporelle et scénique. Voilà qui semble tout à fait logique et honorable. Et c’est ce que propose, en résumé et simplifié, Walid Abou Serhal dans son cours d’art thérapie. Une soirée par semaine, de 20h00 à 23h00, sur une période de six mois. Et l’on ressort comme tout neuf, l’ego requinqué, le monde à ses pieds ? La remarque fait sourire Abou Serhal. Ce qu’il propose, évidemment, ne correspond pas à ces promesses dignes de la rubrique des petites annonces. Lui fait dans la subtilité. « Le théâtre en art thérapie utilise des techniques spécifiques à l’art dramatique dans un projet… thérapeutique, évidemment », indique-t-il. Il a ainsi recours à un dispositif simple : après une initiation aux techniques de l’art dramatique, quelques personnes disent un texte ou improvisent à d’autres.  Par exemple, un atelier débute par un travail physique : assouplissement corporel (segment par segment, puis global) suivi par des exercices de respiration (expiration d’air chaud et froid) et d’exercices de diction. Des jeux de théâtre : expression de sensations, d’émotions dans l’espace sur différents rythmes ; de communication non verbale ; des improvisations sur des thèmes définis à l’avance.  Ces exercices permettent de construire des personnages et d’inventer des histoires par groupes alternés. Il est à signaler que durant tous les ateliers, Abou Serhal demande à ses participants d’imaginer qu’ils sont sur une barque au milieu de la mer et qu’il faut tout le temps bouger sur scène de manière à garder son équilibre. « Cela permet de créer des liens. De fomenter un esprit de groupe. C’est aussi symbolique : chaque action individuelle a des répercussions sur les autres. » Acteur, metteur en scène, photographe, cameraman, réalisateur (entre autres), Abou Serhal est un touche-à-tout qui croit dur comme fer à la volonté humaine. « Depuis 30 ans, des expériences se multiplient, soutenues par des psychiatres, animées par des comédiens, des infirmiers, des psychologues », raconte le diplômé de l’Iesav, qui a suivi par ailleurs des formations aux États-Unis et en Europe. « Le théâtre est une imitation et une recréation de la vie », disait Aristote. En effet, depuis l’Antiquité, les spectateurs sont censés se libérer de leurs passions en assistant à des représentations théâtrales. Aristote découvre le ressort de la tragédie dans la catharsis, c’est-à-dire la purgation des passions au moyen de la terreur et de la pitié.  Un grand saut jusqu’au XIXe siècle, lorsque des médecins considèrent de même l’identification au jeu des comédiens et que Sade, interné à Charenton, organise des spectacles auxquels les malades assistent. Plus tard, vers 1949, Moreno, élève de Freud, invente le psychodrame : il s’agit de jouer des scènes qui bouleversent pour s’en libérer. Ainsi, les patients peuvent devenir acteurs de leur histoire.  Dans les années 1960, le docteur J.-C. Benoît et E. Dars lancent l’expression scénique dirigée : lecture à haute voix de textes de théâtre. « Si le théâtre peut guérir, alors il faut l’utiliser avant d’entrer à l’asile », disait Copi, un célèbre acteur argentin. Mais pour Abou Serhal, il s’agit d’une expression artistique pratiquée en groupe, qui entraîne spontanément ses participants à découvrir le plaisir du jeu et de la représentation. Le jeu théâtral, c'est tout un art « L’art de l’acteur consiste à jouer une histoire devant d’autres et devant un public : la recherche de la construction d’un personnage provient de la synthèse d’un travail corporel, du placement de la voix, de la mémorisation d’un texte, de l’expression des sentiments les plus secrets, associés à une perte de contrôle qui permet une liberté de jeu avec les autres et d’inventions. » Les participants ont reconnu a posteriori que ces ateliers ont servi dans leur vie à  débloquer l’imaginaire, découvrir une partie de soi-même méconnue en jouant des personnages dont les traits principaux diffèrent de ceux de l’acteur, vaincre sa timidité, développer sa capacité à s’exprimer en public, s’épanouir par le plaisir du jeu théâtral et tisser des liens. À travers cette activité, les participants sont écoutés et prouvent qu’ils sont capables de jouer un autre rôle que celui dans lequel ils sont prisonniers.  Nombreux sont ceux qui témoignent de leur joie d’être allés jusqu’au bout d’une réalisation en présentant des scènes théâtrales devant un public, bien qu’ils aient peur du regard des autres.  Exemple d’exercice : le port du masque délivre les muscles du visage de leurs expressions signifiantes. La contrainte du verbe et de la communication non verbale disparaît et permet de se mettre en scène sans se dévoiler. Le maquillage empêche l’autre de pénétrer son visage, son intimité. « Dans mon expérience professionnelle, on constate que les effets thérapeutiques induits par la pratique théâtrale consistent essentiellement en une mobilisation psychique suscitée par le jeu, explique Walid Abou Serhal. On assiste à la naissance d’un acteur. Désir et plaisir soutiennent cette activité ludique. En fait, la structure proposée par la technique, les indications suggérées pour la construction du personnage, les déplacements scéniques, l’interprétation selon le style de chacun donnent des repères. La conviction à dire un texte à haute et intelligible voix, le sentiment d’urgence nécessaire au jeu requièrent une énergie intense et stimulent de profondes émotions qu’il s’agit de maîtriser et d’extérioriser. Les techniques d’improvisation provoquent l’imaginaire, enrichissent la pensée. Enfin, la distanciation éprouvée quant au personnage interprété, parce qu’il s’agit d’un jeu, entraîne une relativisation des événements dramatiques et comiques qui traversent son histoire. » En bref, il propose aux participants une activité leur faisant oublier leurs troubles à travers des sensations positives, des émotions de bien-être, du plaisir. Maya GHANDOUR HERT
Walid Abou Serhal anime, depuis quatre ans, un cours de théâtre thérapeutique qui s’adresse aux grands timides et aux petits angoissés. Son approche s’oriente sur l’importance de l’expression, de l’affirmation, dans la maîtrise de l’anxiété. « Le théâtre, la danse expressive, le son, l’expression corporelle sont autant d’outils qui permettent à la personne...