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SCÈNE Houellebecq adapté au théâtre en France... en néerlandais

Adapté en Europe par des metteurs en scène en vue, mais curieusement rarement monté en France, Michel Houellebecq voit son troisième roman revisité au théâtre avec Platform, spectacle du Néerlandais Johan Simons qui épouse la prose désabusée de l’auteur dans un décor de chaos. Cette production du théâtre NTGent à Gand (Belgique) a été accueillie à Bobigny, en banlieue parisienne, dans le cadre du 5e Festival Le Standard idéal. Le spectacle est joué en néerlandais – surtitré – mais n’a pas rebuté une autre importante institution en France, le Théâtre national de Strasbourg (TNS), qui le donnera cinq fois du 30 mai au 3 juin. Le succès de cette production devrait contribuer à réparer une petite anomalie : Michel Houellebecq, peut-être victime des polémiques successives qui ont accompagné la sortie de ses livres, n’a été que très rarement adapté au théâtre en France. Ailleurs en Europe pourtant, l’écrivain a fait l’objet de spectacles remarqués, notamment à la radicale Volksbühne de Berlin avec Les Particules élémentaires passées au crible de l’Allemand Frank Castorf ou en Espagne avec la Plateforme provocante du Catalan Calixto Bieito. Tenant d’un théâtre d’avant-garde, le Néerlandais Johan Simons fait partie des fans de Houellebecq, qu’il a porté à la scène pour la troisième fois en adaptant Plateforme (2001), évocation du tourisme sexuel en Thaïlande et charge contre le libéralisme à l’œuvre dans les sociétés occidentales. Le spectacle s’ouvre sur une image forte : un fatras indescriptible s’abat sur le plateau, faisant passer la salle de la lumière à l’obscurité. Ce qui intervenait presque à la fin du roman – un attentat perpétré par des terroristes musulmans sur une plage thaïlandaise – semble servir de point de départ à Johan Simons. Toute sa mise en scène va alors prendre vie dans ce décor de chaos (chaises et tables en plastique blanc, caisses de bouteilles de bière, polystyrène...) signé par l’Allemand Bert Neumann, qui organise opportunément un voyage incertain entre l’Occident (le plan de Gand est dessiné au sol) et l’Orient (ces visages de femmes éclairés de petites lumières rouges). Il y a là les personnages du livre, comme Michel (Steven Van Watermeulen, parfait en antihéros), le fonctionnaire du ministère de la Culture blasé, et sa partenaire entreprenante Valérie, tous les protagonistes ne se relevant des décombres que pour porter le verbe clinique de Houellebecq. Et il y a même un personnage inventé, Yassin, kamikaze errant sur le plateau avec un slip blanc comme seul vêtement, tel un mort-vivant. Le spectacle a ses longueurs mais aussi ses moments de drôlerie. Surtout, Johan Simons montre bien que le propos de Houellebecq n’est pas pur cynisme mais aussi éveil à l’amour (entre Michel et Valérie) sur fond de désenchantement.
Adapté en Europe par des metteurs en scène en vue, mais curieusement rarement monté en France, Michel Houellebecq voit son troisième roman revisité au théâtre avec Platform, spectacle du Néerlandais Johan Simons qui épouse la prose désabusée de l’auteur dans un décor de chaos.
Cette production du théâtre NTGent à Gand (Belgique) a été accueillie à Bobigny, en...