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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - Les œuvres du Libano-Allemand au Goethe Institut Nagib Khazaka, le photographe qui fait parler le béton et l’acier

Au jeu des formes géométriques et de la lumière, Nagib Khazaka est certainement passé maître. Ses photographies – enfin une infime partie de la collection de ce gourmand croqueur d’images –, accrochées aux cimaises du Goethe Institut, sont là pour en fournir la preuve. Le photographe libano-allemand a réuni une trentaine d’œuvres sous le thème fédérateur de « Lightscapes ». Un petit voyage, en ombres et lumières, vers un univers fait d’immeubles high-tech et d’architecture contemporaine. Le monde vu sous un angle différent, spectaculaire. «Lightscapes associe Light (lumière) et Landscapes (paysages) », raconte Nagib Khazaka dans un anglais parfait où l’on décèle cependant un accent germanophone. Né d’un père libanais et d’une mère allemande, il a vécu au pays de Goethe, en Suisse et aux États-Unis, avant de s’installer à Beyrouth. Cela fait donc quatre ans qu’il exerce sa passion dans une ville qui aiguise sa curiosité. « Une curiosité intellectuelle, s’empresse-t-il de préciser, et non pas l’indiscrétion ou l’espionnage que l’on pratique sur Facebook », rigole le jeune homme qui enseigne également son art dans son atelier à Achrafieh. Khazaka cultive sa passion depuis l’âge de 12 ans. Avec l’appareil que lui a offert son père, il s’amusait à photographier sa sœur durant ses cours d’équitation. Bientôt, ce sont tous les amis de la sœur qu’il suit, de compétition en compétition. « Mon père a alors pris peur. Il ne voulait pas que je me consacre entièrement à cet art. » Pour faire plaisir au paternel, Nagib a alors non seulement passé son bac, mais il a aussi décroché un MBA. Cela dit, les études financières et bancaires ne l’ont pas le moins du monde empêché de suivre des sessions d’entraînement, puis de perfectionnement dans le 8e art. L’exposition du Goethe dévoile, dans une première partie, l’approche classique du photographe. « Les immeubles sont présentés sous un angle qui nous est familier. Le spectateur possède une vue globale sur le bâtiment ou le coin de rue photographié. Il reconnaît assez rapidement les immeubles de la Défense, à Paris, ou des gratte-ciel de Tokyo. » Pour prendre des portraits, Khazaka passe une bonne heure à discuter avec son modèle. Afin de cerner les expressions, le bon profil ou les gestes les plus flatteurs. « Je fais la même chose avec les bâtiments, indique-t-il. Je leur parle, je leur pose des questions et ils me répondent. » Ensuite, il se met à la place de celui qui découvre les images : comment lui faire vivre la même sensation qu’il a ressentie en marchant dans cette ville ? Il pense à l’angoisse, à l’émerveillement, à la lassitude... Bref, à ce qui se dégage vraiment de la ville. « La plus grande erreur en photo d’architecture, c’est de se dire : “ Je vais prendre des photos de cette ville ou de ce monument.” De belles photos d’architecture ne sont pas là pour vous montrer la hauteur d’un bâtiment, pour reproduire telle ou telle fenêtre ou colonne, mais pour transmettre les sentiments que vous ressentez dans ce lieu, pour transmettre l’atmosphère du lieu le plus fidèlement possible. » « Le meilleur moyen de cadrer une photo, pour moi, c’est de regarder le cadrage que prennent les touristes (ceux qui se tiennent tous devant le bâtiment et prennent la même photo...) et chercher un angle de vue résolument différent. » Pour cela, il n’hésite pas à se contorsionner, à utiliser les diagonales ou à s’approcher un maximum du bâtiment. La deuxième partie de l’exposition donne à voir des œuvres où l’artiste s’amuse à mélanger les repères visuels, où les formes géométriques se fondent dans l’espace. L’horizontal devient vertical et vice versa. Les corridors, les escaliers et les fenêtres sont pris en gros plan et deviennent des éléments artistiques et graphiques. Il immortalise des banques, des musées, l’usine BMW. De Munich à Paris, en passant par Tokyo, l’acier, le verre et le béton dévoilent, en noir et blanc (et des morceaux de ciel bleu moutonneux), toute la beauté de l’art photographique. Maya GHANDOUR HERT * Au Goethe Institut, rue Bliss, Manara. Tél. : 01/740524.
Au jeu des formes géométriques et de la lumière, Nagib Khazaka est certainement passé maître. Ses photographies – enfin une infime partie de la collection de ce gourmand croqueur d’images –, accrochées aux cimaises du Goethe Institut, sont là pour en fournir la preuve. Le photographe libano-allemand a réuni une trentaine d’œuvres sous le thème fédérateur de...