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Le dindon de toutes les farces Najla Misk MALHAMÉ

Pauvre Liban ! Jadis pays de miel et de lait, ton verbe devient acide, ton présent insupportable, ton futur incertain, où sont donc tous tes poètes, ceux qui ont chanté ta beauté, tes troubadours de l’amour qui respiraient le musc et le jasmin, tous tes philosophes qui ont porté par-delà les frontières tes messages d’espoir, d’amour, de sagesse, de foi, tes intellectuels, tes chercheurs, tes penseurs, tes amoureux ? Pauvre Liban ! Tes cèdres majestueux sont saisis d’effroi devant le rôle que t’ont assigné les grands de ce monde, ceux-là mêmes qui te caressent pour mieux te poignarder ; te voilà devenu le dindon de la farce sur l’échiquier, où les guerres intestines se font et se défont, tantôt civiles, tantôt intestines, ravageuses ou froides, cruelles et sanglantes. Te voilà démembré de l’intérieur, rongé par un cancer foudroyant, te débattant contre vents et marées pour garder la tête au-dessus des flots. Ta survie est en jeu. Mettre en échec et mat ceux qui veulent ta mise à mort. Dévier la convoitise de tes voisins. Contrer les plans machiavéliques de ceux qui osent s’exprimer au nom d’une démocratie dont ils ne connaissent ni les tenants ni les aboutissants, mais comment faire quand nous, Libanais, ne parlons plus le même langage pour les besoins du énième acte de notre tragédie ? Qui sommes-nous devenus ? Sommes-nous les bons ou les méchants ? Sommes-nous orange, vert, ou bleu ? Sommes-nous juste des marionnettes dont on tire les ficelles, des acteurs hypnotisés par tous les actes qui se jouent ? Acte I : Durant les premières années de notre cauchemar, nous survivions, « groggy » par les innombrables « rounds » – combien y en a-t-il eus, vingt, mille ? Acte II : Comme le Phénix qui renaît de ses cendres, nous avons survécu, résisté, surnagé, reconstruit. Acte III : Nous relevons la tête. Nous triomphons, nous redevenons libres. Acte IV : Liban, tu vas payer cher le prix de ta liberté. Gare à toi et baisse la tête, courbe l’échine, cela ne te regarde plus, le rouleau compresseur du New Middle East est en marche, va t’écraser, quelle que soit la formule que tu adopteras. Acte V : Début du cancer et babélisation des communautés en une ultime punition. Te voilà au purgatoire. Tu ne voulais plus de ton président ? Et bien, tu ne mériteras plus de président et tu vivras une série de nouveaux rounds présidentiels, subissant toutes les affres du vide présidentiel. Acte VI : Le renard passe-passe, à chacun à son tour… Élimination de ceux qui osent résister envers et contre tout. Acte VII : Nous les Libanais d’ici et d’ailleurs, nous refusons d’être victimes de cette horrible tragédie. Qui invoquer, supplier quand nous ne parlons pas le langage des canons ? Il ne nous reste plus que la prière et la foi en un avenir plus fort que ces émules de Machiavel qui veulent nous dévorer, nous cannibaliser. Où sont donc tous tes saints, Liban, saint Charbel, sainte Rafqa, saint Haridini, tous les esprits purs de toutes tes religions ? C’est à eux que j’adresse cette prière. Et vous Libanais d’ici, d’ailleurs, où que vous soyez, et vous amis du Liban, soyons solidaires de notre merveilleux pays et agissons afin que nul ne meure. Article paru le vendredi 8 février 2008
Pauvre Liban ! Jadis pays de miel et de lait, ton verbe devient acide, ton présent insupportable, ton futur incertain, où sont donc tous tes poètes, ceux qui ont chanté ta beauté, tes troubadours de l’amour qui respiraient le musc et le jasmin, tous tes philosophes qui ont porté par-delà les frontières tes messages d’espoir, d’amour, de sagesse, de foi, tes...