Aragones n’est pas si sage

Le sélectionneur espagnol Luis Aragones (photo), 69 ans, a récemment fait mentir son surnom, le « Sage d’Hortaleza », en s’accrochant verbalement avec un journaliste espagnol à la radio et en menaçant de quitter son poste, à seulement quatre mois de l’Euro 2008. L’Espagne accueille la France ce soir à Malaga en match amical qui, pour beaucoup de raisons, n’en sera pas tout à fait un. Aragones et les Espagnols ont très mal vécu leur élimination en 8e de finale de la Coupe du monde 2006 en Allemagne (défaite 3-1) alors qu’ils se voyaient défier le Brésil en quarts après avoir mis Zinedine Zidane « à la retraite ». Et côté français, personne n’a oublié l’altercation entre Patrick Vieira et Luis Aragones lors de cette rencontre. Sans oublier deux ans plus tôt les propos insultants tenus à l’encontre de Thierry Henry par Aragones, soi-disant pour motiver José Antonio Reyes, alors partenaire d’Henry à Arsenal : « Tu dois faire les choses plus clairement. Dis-lui à ce Noir que tu es meilleur. » Luis Aragones n’a pas bonne presse en France et commence à diviser les Espagnols, alors qu’il s’obstine à ne pas sélectionner l’attaquant du Real Madrid, Raul Gonzalez Blanco, en net regain de forme cette saison, préférant privilégier les attaquants qui ont participé aux qualifications de l’Euro. Il y a une semaine, le journaliste espagnol Alfonso Azuara a ouvertement critiqué Aragones, en direct sur la radio Onda Cero, lui reprochant notamment de ne pas être parti après le Mondial 2006 comme il l’avait annoncé. Complot ? Le sélectionneur espagnol, en poste depuis juillet 2004, s’est d’abord défendu en expliquant que le président de la fédération, Angel Maria Villar, avait réussi à le convaincre de rester. Il s’est ensuite emporté, traitant le journaliste de « lâche » et l’accusant de « mentir à ses auditeurs ». Sur le sujet Raul, là aussi passablement agacé, le « Sage d’Hortaleza » (du nom d’un quartier du nord-est de Madrid) a répondu : « Je considère que Raul ne doit pas y être et je ne vais plus en parler. » Le cas Raul, auteur de 9 buts en Liga pour le Real depuis le début de la saison, devient brûlant en Espagne. Selon la radio Cadena Ser, habituellement bien informée en matière de transferts, Aragones craindrait un « complot » de la fédération (RFEF), qui chercherait à le forcer à partir pour que son successeur (Del Bosque ? Camacho ?) puisse amener Raul en Autriche, où sera basée l’Espagne pendant le championnat d’Europe. Certains médias espagnols ont indiqué que la RFEF songerait effectivement à annoncer avant le début de l’Euro le nom du successeur d’Aragones, dont le contrat se terminera à la fin de la compétition. « Le plus logique dans ce cas serait qu’ils me virent et qu’après ils en engagent un autre, a déclaré hier Luis Aragones en conférence de presse. Cela me semble le plus juste car on n’a jamais vu une fédération avec deux sélectionneurs. » « Luis est notre sélectionneur et il sera présent à la phase finale de l’Euro », a assuré le président de la RFEF, Angel Maria Villar, sur les ondes de Radio Marca. « Tout le reste, ce qui se raconte ça et là ne sont que des opinions et des informations non fondées. »