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Actualités - OPINION

Éclairage Les trois personnes recherchées par la justice appartiendraient à des formations prosyriennes Jeanine JALKH

C’est un rapport « à la Brammertz », qui dit les choses sans vraiment les dire. Tel est le premier constat qui ressort de la lecture du communiqué publié par le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Jean Fahd, qui, tout en révélant des points majeurs concernant le développement de l’enquête en cours, ne fait pas pour autant la lumière sur les motivations réelles aussi bien des manifestants que des tireurs présumés, qui ont fait plusieurs victimes parmi les protestataires. S’il est encore tôt à ce stade de l’investigation de tirer des éléments concluants sur ces incidents dangereux à plus d’un titre, il faut toutefois admettre que cette enquête « marathon », une première dans le genre, a fait ressortir certaines vérités permettant de couper court aux spéculations politiques qui ont nourri les colonnes de la presse au cours de la semaine écoulée et de rassurer un tant soit peu ceux qui craignaient une déviation des enquêtes dans un sens comme dans un autre. Même si aucune charge n’a encore été retenue contre les personnes arrêtées « pour les besoins de l’enquête », il est clairement apparu que les soldats et officiers de l’armée concernés semblent avoir effectivement commis des « impairs » en cours de mission que peuvent expliquer la confusion qui a régné sur le terrain et les agressions dont les militaires ont été la cible ce soir-là, notamment lorsque les manifestants ont tenté de les dégarnir de leurs armes et lorsque l’un des officiers a été blessé. Selon un ancien militaire, les soldats devaient faire face à un dilemme « cornélien », à savoir choisir entre le fait d’être « sanctionnés pour abandon de leurs armes – qui est une faute grave pour un soldat en charge – ou châtiés pour avoir riposté en tirant contre l’agresseur ». Quoi qu’il en soit, et si ces « erreurs » venaient à être consolidées et étayées au cours de l’investigation judiciaire, il revient à la justice de décider des sanctions à prendre contre eux. Car, à ce stade de l’enquête, « les militaires – dont un colonel et deux commandants – ont été arrêtés pour manquement à leur mission, n’ayant pas réussi à contrôler la situation sur le terrain », précise une source militaire qui explique que leur arrestation s’inscrit dans le cadre d’une mesure disciplinaire au sein de l’armée, prise à l’issue de la finalisation du rapport technique établi par l’institution militaire. « Ce rapport vise à déterminer les responsabilités sur le terrain et non les responsabilités judiciaires », affirme une source militaire informée. Procédant par élimination, la source soutient que l’importance du communiqué publié par le juge Fahd « réside dans le fait que la thèse des francs-tireurs semble avoir été écartée, et laisse entendre que les soldats postés en haut des immeubles n’ont pas tiré de leurs armes ». Quant au Kalachnikov équipé d’un viseur, qui a été abandonné à un millier de mètres de la localité de Mar Mikhaël, « il appartiendrait à un concierge employé dans un immeuble environnant à qui l’on a confié la mission de protéger les résidents. L’arme n’a toutefois pas été utilisée au cours des émeutes ». Cependant, l’élément majeur que recèle le communiqué judiciaire est l’enquête actuellement menée pour déterminer l’identité de « trois civils recherchés par la justice, soupçonnés d’avoir incité aux troubles ». Selon la source militaire, « les noms et l’identité politique de ces trois personnes sont désormais connus par la justice qui œuvre d’arrache-pied à leur arrestation. Il s’agit de trois éléments originaires de la localité de Moucharrafiyeh, qui ont vivoté dans des partis prosyriens et qui ont à leur crédit des précédents sérieux en la matière ». Des informations obtenues en soirée ont révélé que l’une des trois personnes recherchées « serait prête » à se rendre. Des révélations que dément une source proche du dossier, qui affirme n’avoir « aucun élément à ce stade sur l’appartenance politique des civils arrêtés, encore moins sur celle des trois personnes impliquées toujours en liberté ». « Il ne faut pas aller trop loin dans les spéculations politiques et comprendre l’incident sous l’angle de la confusion qui a régné dans les rangs de l’armée aussi bien que parmi les manifestants, ce qui explique les débordements de part et d’autre », soutient la source. Un ancien responsable sécuritaire affirme cependant que les photos et films récupérés, corroborés par des témoignages recueillis par les enquêteurs, « ont permis de déterminer l’identité de ces personnes, confirmant les soupçons qui pèsent sur elles. Leur arrestation sera déterminante dans l’enquête, notamment pour ce qui est de l’origine de certaines balles explosives (Doum Doum) qui ont touché deux des victimes au moins, des munitions que l’armée ne possède pas », conclut le responsable.
C’est un rapport « à la Brammertz », qui dit les choses sans vraiment les dire. Tel est le premier constat qui ressort de la lecture du communiqué publié par le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Jean Fahd, qui, tout en révélant des points majeurs concernant le développement de l’enquête en cours, ne fait pas pour autant la lumière sur les motivations...