Des professeurs de français perfectionnent leur savoir à l’Université antonine

Le Centre de langues et de ressources de l’Université antonine, en collaboration avec l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) représentée par son directeur régional, Olivier Garro, a organisé une formation TICE (Technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement) et FLE (Français langue étrangère) à destination des professeurs de français. Étalée sur 5 jours, la formation a été donnée sur le campus de l’UPA à Baadda par deux formateurs spécialisés dans ce domaine, M. Thierry Soubrié, de l’Université Stendhal – Grenoble III, et Mme Saadia Aoudry, de l’École nationale d’agriculture de Meknès, au Maroc. Son objectif est d’initier les professeurs de français aux nouvelles technologies appliquées à l’enseignement du français. Les objectifs généraux sont : acquérir des compétences professionnelles en enseignement/apprentissage du FLE, et initier une interrogation sur le processus d’appropriation des TICE par l’utilisateur-étudiant en vue d’apprendre une langue étrangère (FLE). Trente enseignants et enseignantes (dont 15 de l’Université antonine) et (15 de toutes les autres universités libanaises partenaires avec l’AUF) ont pris part à la formation qui leur permettra d’effectuer les manipulations techniques de base (savoir envoyer un courriel, taper l’adresse d’un site dans un navigateur, naviguer sur la Toile, mémoriser le lien vers un site, utiliser une plate-forme de « e-learning » et les différents outils de communication qu’elle contient : forums de discussion, wiki et blog), faire la distinction entre exercices, tâche ouverte, tâche fermée et scénario, utiliser des portails de FLE et sélectionner les ressources pédagogiques pouvant convenir à un public précis et à des objectifs bien définis, et concevoir un parcours d’auto-apprentissage. Dans le discours qu’il a prononcé à la cérémonie d’ouverture, le père Fady Fadel, vice-recteur aux affaires académiques et secrétaire général à la formation de FLE et TICE, a salué le concours de l’AUF, rappelant que la session de formation intervient un mois après le second colloque international sur la didactique et les TICE, organisé à l’Université antonine. « Bien que les thématiques des deux manifestations se ressemblent, force est de constater que la session de cette semaine traite plus précisément le rôle des TICE dans l’enseignement du FLE », a-t-il dit. Le père Fadel a expliqué que les TICE en FLE développeront chez l’apprenant les multiples facettes du « savoir » et que l’enseignant doit posséder les bases techniques de manipulation des différents logiciels et médias puisqu’il doit être à la fois concepteur pédagogique du contenu et réalisateur du support matériel pédagogique. Un temps difficile Prenant à son tour la parole, M. Garro a a mis l’accent sur la situation dans le pays en évoquant le report d’élections, les attentats, les émeutes... « C’est un temps difficile pour nous autres universitaires qui avons plutôt l’habitude des réunions feutrées loin des agitations du monde. C’est un temps maussade pour la connaissance, les grandes valeurs, pour leur transmission et leur partage. Et pourtant, nous sommes ici. Et vous êtes là ! Je souhaiterais m’expliquer sur ce sujet », a-t-il déclaré avant de rappeler la mission de l’AUF qui est essentiellement d’aider les universités à travailler en réseau. « Dans ce temps gris et pluvieux, qui est aussi le temps du monde d’aujourd’hui, nous souhaitons continuer à avancer selon les valeurs traditionnelles de la francophonie, la solidarité en premier, l’échange, le partage et la diversité ensuite, avec, comme objectif, toujours plus de qualité », a ajouté M. Garro, indiquant que certains déconseillent à l’AUF de poursuivre sa mission au Liban. « Nous pensons que notre travail au service des universités est aussi un travail au service du développement des pays francophones et donc du Liban. Nous pensons que cette action doit être maintenue avec votre aide à tous, et ce malgré le temps du moment. Au final, c’est un acte de résistance au service d’une cause plus grande, celle de la paix », a-t-il insisté. Directrice du Centre de langues et de ressources, Mme Cynthia Eid a fait remarquer qu’« à l’heure actuelle, l’ouverture communicante entre les civilisations, les cultures et les langues ne peut plus se passer de ce que les Technologies de l’information et de la communication offrent dans le domaine de la didactique ». Après avoir exposé les objectifs de la session de formation, précisant que deux autres sont prévues en 2008, Mme Eid a expliqué qu’il ne s’agit pas d’en comptabiliser les « effets » en termes de savoir ou de savoir-faire acquis. « L’intérêt, a-t-elle dit, se portera davantage sur comment les apprenants sont amenés à reconsidérer leur manière de faire et leur manière d’être dans leur apprentissage du FLE au travers des TICE. » Constatant que « le rôle traditionnel de l’enseignant a changé pour s’adapter aux exigences des milieux d’enseignement orientés vers la technologie », Mme Eid a déclaré : « Si l’utilité d’Internet pour l’enseignant n’est plus à prouver, il n’en reste pas moins que celui-ci se trouve fréquemment submergé par la quantité d’information disponible en ligne ou par les applications pédagogiques des derniers outils à la mode. Beaucoup ont déjà entendu parler de cyberenquêtes, podcast, blogs, portfolios, wikis, etc., mais hésitent encore à les utiliser, faute de temps, de moyens ou de courage, pour s’atteler à la tâche qui consiste à maîtriser les outils nécessaires. Pendant ce temps, le fossé séparant les habitudes des élèves friands d’Internet, particulièrement les plus jeunes, et les pratiques de classe ne cesse de se creuser. » Et d’ajouter : « Nous attendons des formations TICE et FLE qu’elles réduisent le fossé numérique entre la médiation et la médiatisation, et de nous fournir non seulement les savoirs, mais également le savoir-faire et le savoir-être dans un milieu interactif basé sur l’apprentissage par tâche et par projet. »