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Indonésie - Le dirigeant le plus corrompu des temps modernes sera inhumé aujourd’hui à Java L’ex-dictateur Suharto est mort, mais son « héritage » reste vivant

L’ex-président indonésien Suharto, considéré comme le dirigeant le plus corrompu des temps modernes, est mort hier à Djakarta au terme d’une agonie qui a illustré son influence encore vive. Celui qui a gouverné d’une main de fer pendant 32 ans le quatrième pays le plus peuplé de la planète s’est éteint dans un hôpital de Djakarta où il était soigné depuis le 4 janvier pour des problèmes cardiaques, pulmonaires, rénaux et digestifs. « Notre ancien président est mort à 13h10 » (06h10 GMT), a déclaré aux journalistes Dicky Sondani, un responsable de la police. « Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir, Dieu en a décidé autrement », a indiqué plus tard Munawar, un des membres de l’importante équipe médicale au chevet de Suharto, qui était entouré de ses six enfants quand il a expiré à l’âge de 86 ans. « Notre père a retrouvé Dieu », a lancé sa fille aînée, Siti Hariyanti « Tutut » Rukmana, en fondant en sanglots. « S’il a commis des fautes, nous vous prions de les pardonner », a-t-elle demandé selon une formule rituelle indonésienne. Les médias à Djakarta ont immédiatement bouleversé leurs programmes et une période de deuil officiel d’une semaine a été décrétée, tandis que le drapeau rouge et blanc était mis en berne devant le palais présidentiel. Vilipendé à l’étranger pour sa corruption et ses crimes, « Pak Harto » (Monsieur Harto), ainsi qu’il était surnommé respectueusement, demeurait respecté par des millions d’Indonésiens et il a bénéficié de nombreux égards pendant sa maladie. Suharto, qui a quitté le pouvoir en mai 1998 sous la pression de manifestations, est connu comme le « père du développement » de l’Indonésie. Sous son régime de « l’Ordre nouveau », le pays est parvenu à subvenir à ses besoins en riz et les exportations ont connu un essor glorieux. Mais l’ex-général a également mené au tournant des années 1965 et 1966 une féroce répression contre le Parti communiste indonésien et ceux considérés comme ses alliés, qui a débouché sur le massacre de 500 000 à un million d’Indonésiens. Il a systématiquement réprimé les dissidents, écrasé les mouvements séparatistes et occupé le Timor-Oriental, provoquant la mort d’un tiers de sa population. Des faits toujours impunis. Peu après l’annonce du décès, la dépouille mortelle de Suharto a été transférée jusqu’à la résidence qu’il occupait dans un quartier résidentiel de Djakarta. Le président indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono, et le vice-président, Jusuf Kalla, sont venus s’incliner devant son corps recouvert d’un linceul blanc tandis qu’étaient scandés des versets du Coran. De nombreuses autres personnalités ont ainsi présenté leurs condoléances. L’ex-dictateur devrait être inhumé aujourd’hui dans le centre de Java, près de l’ancienne cité royale de Solo. Accusé d’avoir avec sa famille amassé de 15 à 35 milliards de dollars, il aura finalement réussi à échapper à toute condamnation. Les tentatives de le poursuivre devant la justice ont en effet échoué à plusieurs reprises. Des défenseurs des droits de l’homme et des ex-opposants politiques indonésiens ont d’ailleurs regretté que Suharto soit décédé sans rendre de comptes. Ces dernières semaines les appels à absoudre l’ex-dictateur s’étaient multipliés. En toute hypothèse, les analystes s’accordaient pour reconnaître que son empreinte sur le système politique indonésien n’était pas près de s’effacer.
L’ex-président indonésien Suharto, considéré comme le dirigeant le plus corrompu des temps modernes, est mort hier à Djakarta au terme d’une agonie qui a illustré son influence encore vive. Celui qui a gouverné d’une main de fer pendant 32 ans le quatrième pays le plus peuplé de la planète s’est éteint dans un hôpital de Djakarta où il était soigné depuis le 4...