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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE - Que d’or, que d’or à la Sackler Gallery Les mille et une splendeurs de l’ancienne Colchide WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

On connaît la légende de Jason, parti de Grèce à la recherche de la Toison d’or qui se trouvait en Colchide, dans une grotte gardée par un dragon. Ce que l’on connaît moins, c’est la richesse de l’art et de l’artisanat de la Colchide (contrée disparue, se trouvant à la place de l’actuelle Géorgie) qui, du VIe siècle avant J-C jusqu’au Ier siècle après J-C, avaient produit de splendides objets en or, en argent, en bronze et en céramique. Le tout, d’un grand raffinement et mêlant les influences grecques et persanes, témoigne d’un mode de vie également sophistiqué et luxueux. Par ailleurs, il était de coutume que ces accessoires soient enterrés avec leurs possesseurs. Une partie de ces trésors, qui avaient été mis au jour durant les cinquante dernières années, fait actuellement l’objet d’une exposition qui se tient à la Sackler Gallery sous le titre « Vin, culte et sacrifices : les tombes en or de l’ancien Vani ». Vani, le grand centre urbain de la Colchide, où le vin aurait été découvert, est enfoui aujourd’hui sous une grande étendue de vignobles cultivés à l’est de la Géorgie. En ces temps lointains, on savourait les différents crus dans de magnifiques gobelets en or et en argent ouvragés qui font partie de l’exposition. À noter qu’en 1975, des archéologues géorgiens avaient découvert un sanctuaire dédié au dieu du vin, avec un parterre en mosaïques roses et blanches et un spectaculaire chaudron en bronze très orné, destiné à recevoir le breuvage divin. Âge d’or en plein âge de bronze À propos de cette exposition, on peut réellement dire qu’elle vaut son pesant d’or. À Vani, on buvait dans de l’or, on mangeait dans de l’or, on se parait d’or et l’on mourait idem. La collection de bijoux trouvés révèle un grand savoir-faire en matière d’orfèvrerie et surtout une manière de travailler l’or en granulé, propre à cette peuplade. Les colliers étaient faits en perles d’or sculptées en forme d’oiseaux, de tortues, de gazelles et de béliers. Les habits scintillaient des mille feux d’appliques en or de toutes formes. Trouvé, entre autres, un corps enterré portant une très large ceinture en argent massif. Et aussi un crâne couronné d’un diadème en or sur lequel est gravée la scène d’un lion tuant des ours et des taureaux. L’audace et l’aspect ostentatoire de certaines de ces créations millénaires relèvent de l’influence du pompeux et de l’apparat persans. Les archéologues œuvrant dans les tombes de Vani ont déduit que l’or, ici, se pesait selon les mesures en cours en Perse. Le va-et-vient grec a aussi laissé ses marques, spécialement durant le siècle qui a précédé la destruction de Vani, située à l’an 50 après Jésus-Christ. Outre les amphores et les figurines en terre cuite, l’esthétique hellénique a donné lieu à de très belles interprétations. À commencer par une très élégante petite statue en bronze, représentant un satyre portant autour du cou et des poignets des cercles en or. Les artisans colchides maniant le métal ont façonné des répliques de cette sculpture aux formes plus effilées, donnant dans le figuratif. Ailleurs, c’est un aigle réalisé dans les menus détails qui ressemble à celui que l’on retrouve en insigne de la marine américaine. Plus loin, une gracieuse Victoire ailée semble prendre son envol, alors que trois têtes, délicieusement sous l’effet de la divine bouteille, ont tout de la Rome baroque. Que d’or et d’opulence dans cette contrée remontant à plus de deux millénaires, date à laquelle, ailleurs, on vivait à l’âge de bronze.
On connaît la légende de Jason, parti de Grèce à la recherche de la Toison d’or qui se trouvait en Colchide, dans une grotte gardée par un dragon.
Ce que l’on connaît moins, c’est la richesse de l’art et de l’artisanat de la Colchide (contrée disparue, se trouvant à la place de l’actuelle Géorgie) qui, du VIe siècle avant J-C jusqu’au Ier siècle après J-C,...