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Par où commencer ? Maroun RACHED

La quantité de réformes nécessaires pour que le Liban commence à ressembler à un pays normal est tellement immense que le désespoir risque facilement de submerger plusieurs esprits. Mais à bien y penser, quelques points paraissent prioritaires et prennent le pas sur tout le reste, constituant ainsi les clefs indispensables permettant de nous sortir de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons. Il est également difficile, pour quiconque, dans un camp ou dans l’autre (à condition qu’il soit de bonne foi), de ne pas être d’accord avec leur importance majeure. Il s’agit des points suivants : La neutralité dans la politique extérieure Il est important de reconnaître qu’au Liban coexistent pratiquement autant de prosyriens que d’antisyriens, de gens qui abhorrent Israël que de gens qui adorent ce pays, de gens qui admirent les USA que de gens qui les méprisent, et il en va de même de l’Iran, des Palestiniens, de la Russie, de l’Europe unie, etc. L’unanimité n’aura jamais lieu, justement à cause de cette formidable multitude ethnique, communautaire et culturelle dont nous nous vantons. Dès lors, la neutralité est le seul choix possible pour se préserver de la guerre civile (car ce qui se passe aujourd’hui pourrait être qualifié de guerre froide civile, risquant éventuellement de s’échauffer...). Une véritable attitude nationaliste consisterait à rejeter la présence dans son pays aussi bien d’une base américaine pour attaquer la Syrie, que d’une base iranienne pour lancer des missiles contre l’État hébreu. Les conflits des autres ne nous regardent pas. Depuis le retrait israélien de 2000, la Résistance s’est muée en une sorte d’organisme de provocation ; il serait naïf de croire que balancer des roquettes sur Israël à tout bout de champ puisse aider en quoi que ce soit la cause libanaise. Notre eau continue à être pompée et notre champ aérien violé. Les seules mesures de résistance susceptibles d’être efficaces seraient d’acquérir des missiles sol-air afin de descendre n’importe quel engin qui tenterait de franchir sans permission (mais on refuse de nous les vendre) notre espace aérien, et pour l’eau présenter une plainte à l’ONU, et éventuellement saboter ou couper les tuyaux d’alimentation (ce que le Hezbollah n’a jamais entrepris jusqu’à présent). L’extension de l’autorité de l’État à l’ensemble du territoire Des gens sont surpris de constater que les autorités n’arrivent toujours pas à arrêter les responsables des nombreux attentats à la voiture piégée qui ont eu lieu ces dernières années. En fait, c’est le contraire qui devrait nous surprendre. Outre les camps palestiniens, la banlieue sud, des villages comme Brital, etc., il existe une infinité d’enclaves sécuritaires dans notre pays qui semblent échapper à la juridiction de l’État. Nahr el-Bared n’était qu’un exemple de ce que peuvent recéler ces immenses périmètres légalement autonomes. S’il est possible pour des malfaiteurs de voler une voiture, contacter son propriétaire pour lui demander une rançon, marchander avec lui, se mettre d’accord sur un prix, puis l’attendre en toute quiétude venir payer une seconde fois le prix de son véihicule, c’est qu’il y a lieu de s’alarmer. Cela veut dire que n’importe quel terroriste est sûr de trouver un refuge une fois son crime commis. Il est impératif qu’une autorité centrale fasse la loi sur l’intégralité du territoire national ; quels que soient les arrangements administratifs, système fédéral ou pas, il faut que la police puisse perquisitionner partout, que l’armée puisse atteindre le centimètre carré qu’elle veut, où elle veut et quand elle veut. Il est impossible de bâtir un État qui se respecte autrement. Ces deux objectifs constituant à l’évidence le point de départ des réformes, tout le reste viendra plus tard : redressement économique, Sécurité sociale, consolidation des infrastructures, réforme de l’éducation et d’autres secteurs, signalisation routière, etc. Mais pour l’instant, le Parlement devrait se concentrer sur ces deux questions extrêmement urgentes. Après tout, peu importe si le nouveau président de la République appartient à tel camp plutôt qu’à tel autre, s’il est ex-commandant de l’armée ou pas, s’il est maronite, sunnite, chiite, grec-orthodoxe ou arménien-catholique, si son pouvoir prévaut ou pas sur celui du chef du gouvernement, ou du chef du Parlement. En fin de compte, les priorités restent les mêmes. En tête desquelles figure le bien-être du citoyen. Quelle que soit la communauté à laquelle appartient le président, nous recherchons tous une amélioration de la situation financière, une bonne éducation pour nos enfants et un certain sentiment de sécurité. Les pays qui veulent nous encourager dans cette voie sont nos amis et leur aide est la bienvenue ; les autres ne recherchent que leur propre intérêt. Article paru le mardi 22 janvier 2008
La quantité de réformes nécessaires pour que le Liban commence à ressembler à un pays normal est tellement immense que le désespoir risque facilement de submerger plusieurs esprits. Mais à bien y penser, quelques points paraissent prioritaires et prennent le pas sur tout le reste, constituant ainsi les clefs indispensables permettant de nous sortir de l’impasse dans laquelle...