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CINÉMA - Les autorités redoutent que l’histoire ne suscite des tensions intercommunautaires Le film américain « Les cerfs-volants de Kaboul » interdit en Afghanistan

Bien que prenant sa source dans un pays défiguré par des décennies de guerre, le tout récent film américain « Les cerfs-volants de Kaboul » a été interdit en Afghanistan pour ne pas enflammer une sensibilité à fleur de peau de sa population meurtrie. «D’une manière générale, les films qui entrent en Afghanistan, pourvu qu’ils ne soient pas en contradiction totale avec la religion ou notre culture, sont autorisés », explique à l’AFP le vice-ministre de la Culture, Najib Malalai. Mais « il y a des scènes dans ce film qui montrent des actes de violences sexuelles ethniquement orientées », ajoute-t-il, évoquant cette production américaine. Le film, basé sur le roman à succès publié en 2003 de Khaled Hosseini, écrivain américain d’origine afghane, raconte la vie de deux enfants, l’un d’ethnie pachtoune, dominante dans le pays, et l’autre de celle des hazaras, une minorité chiite d’origine mongole victime de discriminations. Le tout, avec le viol d’un des garçons, s’inscrit sur fond de guerre civile. Le vice-ministre de la Culture explique qu’« un membre d’une ethnie qui se fait agresser par des personnes d’ethnie différente donne à penser que cette ethnie est liée à ce type d’acte ». « Vu l’ambiance générale du film, cela ne peut vouloir que dire cela », souligne-t-il. « C’est un acte culturel, cela ne peut être acceptable », ajoute ce fin francophone, rappelant que l’Afghanistan est une République islamique, avec en perspective l’équilibre fragile de la dizaine d’ethnies qui la composent. « Cela trouble l’ordre public et c’est pourquoi c’est interdit », a déclaré M. Malalai. Il n’y a pourtant, en raison des destructions de la guerre et de cinq ans de régime islamiste taliban, qu’une dizaine de salles de cinéma, dont sept à Kaboul, selon le directeur de la société de distribution de cinéma Afghan Film, Latif Ahmadi. Et au plus fort de la fréquentation des salles, les vendredis, c’est un total d’environ 4 000 spectateurs pour tout le pays qui se pressent aux séances de cinéma. « Mais la population de notre pays ne peut pas accepter ce type de scènes », affirme-t-il aussi à l’AFP en évoquant notamment la scène du viol. Car beaucoup de films sont regardés par ses compatriotes sous forme de DVD. Nombre de films interdits finissent d’ailleurs en vente sous le manteau. Toutefois, selon de nombreux accrocs du cinéma chez-soi, les copies illégales des Cerfs-volants de Kaboul ne sont pas encore sur le marché alors que le film est sorti début décembre aux États-Unis. Quatre des enfants acteurs de ce film, partiellement tourné en Afghanistan, ont dû quitter le pays en raison d’inquiétudes pour leur sécurité, annonçait en outre le studio de montage peu avant la sortie. L’an dernier, un film indien, Kaboul Express, avait été interdit pour des raisons similaires. Les hazaras, estimés à près de 15 % des Afghans et qualifiés dans cette comédie de « plus barbares des peuples », étaient descendus dans la rue pour protester contre sa diffusion éventuelle. Les Afghans manifestent souvent contre des actes – vrais ou faux – heurtant leur sensibilité. Ils avaient manifesté violemment l’an dernier contre les caricatures du Prophète parues dans la presse danoise. Ils s’étaient aussi enflammés contre des ballons sur lesquels figurait le drapeau saoudien, qui comporte un verset du Coran, distribués par les forces étrangères à des enfants il y a quelques mois. Les mollahs, très puissants en Afghanistan, étaient également allés se plaindre en décembre auprès du président Hamid Karzaï contre certains programmes musicaux de la télévision privée qu’ils jugent « immoraux » et « contraires à l’islam ».
Bien que prenant sa source dans un pays défiguré par des décennies de guerre, le tout récent film américain « Les cerfs-volants de Kaboul » a été interdit en Afghanistan pour ne pas enflammer une sensibilité à fleur de peau de sa population meurtrie.

«D’une manière générale, les films qui entrent en Afghanistan, pourvu qu’ils ne soient pas en contradiction totale...