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Actualités - REPORTAGE

Tranche après tranche, le centre-ville continue à se reconstruire Maxichic pour microville

Alors que certains projets sont mis en suspens du fait de la crise qui voit s’accumuler les nuages politiques, le centre-ville continue à se construire tranche après tranche. Des nouveaux immeubles émergent dans le paysage urbain. Les investissements, réalisés par des Libanais et des ressortissants arabes, ou par des établissements financiers, comme la Banque islamique de Dubaï, explosent sur cette terre insolente où l’argent coule à flots, où rien ne semble trop cher, trop chic pour une classe de riches, toujours plus fortunée et prête à payer le prix… Entre 1 500 et 4 000 dollars le mètre carré pour la vente d’un bureau. Autour de dix mille dollars le m2 pour un magasin situé au rez-de-chaussée. Quatre mille pour un appartement, qui frôlera le pic de 12 000 dollars le m2 sur le front de mer (étages supérieurs). Le dynamisme observé pour mener à terme certains projets ou pour démarrer de nouveaux chantiers contraste avec le marasme commercial et les rues désertées du centre-ville. Malgré le campement implanté par l’opposition, place Riad Solh, paralysant l’activité du centre-ville et entraînant des dizaines de fermetures définitives et temporaires dans le secteur Étoile-Maarad, le centre-ville continue à se reconstruire. Investisseurs et clients poursuivent leurs transactions, et l’ensemble des projets affiche un excellent taux de vente et de location. Le « Saifi Village II », vaste complexe immobilier regroupant plusieurs blocs qui se dressent sur neuf étages, est dans sa phase finale de construction. Le stock d’appartements, de restaurants et de locaux commerciaux, qui surplombe la place Debbas, a été écoulé dès le lancement du processus de souscription par la Banque islamique de Dubaï. Un peu plus bas, les bâches drapant Foch Residence et Foch Ville (groupe Sahyoun) ont été déjà retirées pour dévoiler les nouvelles façades. Côté jardin Samir Kassir, qui a décroché le prix Agha Khan 2007, quatre grandes bâtisses, dont le siège de la Bank of Kuwait and the Arab World, sont en cours d’aménagement. Quelques mètres plus loin, le chantier des souks de Beyrouth ressemble aujourd’hui à une ruche. Situé sur le réseau des anciens souks Tawilé, Ayass, el-Frang et el-Jamil, le projet, dont le coût est estimé à 120 millions de dollars, totalisera à terme plus de 100 000 m2 de construction. Il comprend une galerie marchande de 30 000 m2 avec environ 200 boutiques, un grand magasin de 15 000 m2 conçu dans l’esprit de l’ancien Khan Antoun bey, un hypermarché de 7 000 m2, un souk des bijoutiers de 10 000 m2, un complexe de loisirs de 15 000 m2 avec huit salles de cinéma dont un dôme imax tridimentionnel, des bureaux, des restaurants et des cafés. « Les principales enseignes internationales et locales ont déjà signé leur contrat de location. On ne trouve plus un mètre carré à louer », indique un des responsables du projet. Les vestiges se trouvant sur les lieux, comme la cité perso-phénicienne et l’école coranique des Mamelouks, sont préservés et intégrés au projet. Les rues marchandes, parfois couvertes, sont constituées d’allées piétonnes ponctuées d’esplanades et d’espaces verts. Les souks ont été conçus par de grands architectes internationaux comme l’Espagnol Rafael Moneo, l’Anglais Kevin Dash et les Français Valode et Pistres, ainsi que le paysagiste français Olivier Vidal. Le projet, desservi par un parking souterrain d’une capacité de 2 500 voitures, devrait être opérationnel à partir de l’été 2008. Des dollars par millions Un paysage urbain se dessine également du côté de Wadi Abou Jmil où les travaux de fondation de plusieurs projets de type résidentiel, tels Wadi Hills et Wadi Grand Residence, ont déjà démarré. Wadi Hills, appartenant à Nader Hariri et le groupe Millenium, est déjà prévendu à 35 %. Le deuxième projet, Wadi Grand Residence, est la propriété de Ven.Invest, société dont les actions sont détenues à 94 % par le groupe Kabchi et à 6 % par la holding ABS de Pierre Aboujaber. Le projet estimé à 90 millions de dollars occupe une parcelle de huit mille mètres carrés. Il comprend cinq immeubles répartis autour d’un jardin et d’un club de sports doté d’une piscine olympique. La même Ven.Invest inaugurera en automne prochain un hôtel haut de gamme, le Gray, dont les travaux de construction sont dans leur phase finale. Situé à l’intersection de la rue Weygand et la place des Martyrs, l’établissement sera géré par le groupe Campbell Gordon. Il est composé de 90 suites de 65 à 140 m2, une piscine, un spa, des parkings en sous-sol pour une capacité de 300 voitures et une galerie marchande de 5 200 m2 répartis sur trois niveaux : rez-de-chaussée, premier étage et sous-sol. « Les demandes de location pleuvent, mais les contrats ne seront signés qu’avec les plus prestigieuses enseignes internationales », indique Raja Makarem, président de la société immobilière Ramco. Un autre hôtel, le Hilton, dont les plans ont été dessinés par l’atelier d’architecture parisien Claude Monfort-Hala Younès et appartenant à l’Irakien Nazmi Auchi, s’est installé sur Park Avenue où des enseignes de renom, telles Hogan, Christian Lacroix, Valentino et Plum, y sont déjà présentes et où des firmes de grosses pointures comme la Citibank et Microsoft ont investi l’immeuble de Issam Makarem, peaufiné par l’architecte cheikh Pierre el-Khoury. Par ailleurs, de gros morceaux résidentiels se sont implantés sur le front de mer qui a attiré des investisseurs privés, koweïtiens, saoudiens et libanais. Collés à l’hôtel Monroe, Platinum Tower (35 étages), Beirut Tower et Bay Tower s’offrent une vue circulaire sur la grande bleue, la montagne et le centre-ville. Une cinquantaine de mètres plus loin, 240 millions de dollars ont été investis par l’émir al-Walid ben Talal ben Abdel Aziz pour la construction de l’hôtel Four Seasons (200 clés) et de la tour résidentielle de luxe. En voisin, la CCC (Consolidated Contractors Company) érige son siège central. Toujours dans le même secteur, l’architecte anglais Kohn Pedersen Fox et ses associés ont peaufiné trois « tours » : la Garden Tower et la Sea Tower s’étirent sur 40 mètres de haut ; la Marina Tower s’élève à plus de 150 mètres dans le ciel. Ces tours offrent des appartements de grand luxe, d’une superficie de 500, 700 et 1 200 m2. Quatre-vingt-dix pour cent de l’ensemble est déjà vendu, croit-on comprendre. Le marché n’est pas seulement sauvé par la demande des expatriés qui cherchent un pied-à-terre dans leur pays d’origine, car depuis le 11 septembre 2001, les investisseurs arabes considèrent le centre-ville comme une nouvelle destination pour leurs placements financiers. En plus, le Liban leur offre des spécificités uniques : climat, qualité de services, loisirs, cultures, shopping, restaurants, vie nocturne qui en font une adresse unique dans la région. May MAKAREM
Alors que certains projets sont mis en suspens du fait de la crise qui voit s’accumuler les nuages politiques, le centre-ville continue à se construire tranche après tranche. Des nouveaux immeubles émergent dans le paysage urbain. Les investissements, réalisés par des Libanais et des ressortissants arabes, ou par des établissements financiers, comme la Banque islamique de...