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CORRESPONDANCE - Breuer au National Building Museum Ses chaises Wassily et le Whitney défient toujours la pesanteur WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

Qu’ y-a-t-il de commun entre la chaise Wassily et le célèbre musée Whitney de New York ? Les deux reposent sur le sol par l’une de leurs extrémités, l’autre étant suspendue dans l’espace et les deux sont signés Marcel Breuer, l’architecte d’origine hongroise qui s’est imposé dans les années 20 et qui a été un moderniste des plus influents. Une exposition-rétrospective lui est actuellement consacrée au National Building Museum à Washington. Elle met en valeur la dualité de son talent de designer et d’architecte, en donnant à voir des meubles de sa création et des photos des édifices qu’il a conçus. Breuer (1902-1981), ce sont les chaises Wassily (du nom du peintre constructiviste Wassily Kandinsky, qui admirait ces formes), les chaises Cesca et autres pièces d’ameublement réalisées en bois, contreplaqué, tubes d’aluminium et d’acier. Et, côté bâtisses, Breuer privilégiait les formes dépouillées qui défient la pesanteur et le béton à l’état pur, et sans retouche aucune. Ce concept, en avance sur son temps, a été qualifié par certains de « brutalisme ». Ce qui n’a pas empêché les villes du monde entier d’avoir recours à lui, alors qu’il faisait une brillante carrière aux États-Unis où il avait été s’installer en 1936. Les traditions de la Nouvelle-Angleterre l’ont inspiré tout aussi bien que ses voyages en Méditerranée et ses maisons ont parsemé toute l’Amérique et de nombreux pays européens. Ses réalisations comptent aussi de célèbres œuvres monumentales, notamment le palais de l’Unesco à Paris, le centre IBM à Cannes ou encore ses églises, dont la plus célèbre, celle de l’abbaye Saint-Jean à Collegeville dans le Minnesota, et celle, en forme de spirale, dédiée à saint François de Sales, dans le Michigan. Bauhaus et maisons écologiques Né en 1902 à Pécs (Hongrie), Marcel Breuer intègre l’École du Bauhaus à Dessau alors qu’il n’a que 20 ans. Son diplôme en poche, il passe ensuite un an dans un cabinet d’architecture à Paris où il fréquente le Corbusier et les proches de la revue Esprit nouveau. Le monde alors était animé par un désir frénétique de changement et de liberté. C’est dans l’ambiance de cette époque – et en faisant du vélo avec le peintre Wassily Kandinsky – qu’il a eu l’idée d’un fauteuil en acier cintré, auquel il a donné le prénom de son ami. Ce fauteuil est, depuis, devenu un meuble culte, sans cesse réédité, et qui a fait l’objet d’un film documentaire réalisé par le Français Daniel Schirman. À cette époque aussi, le courant moderniste alliait art et industrie, et conjuguait plaisir esthétique, sensualité de la matière et découverte technique. Ainsi, Breuer s’est toujours préoccupé des aménagements intérieurs des maisons qu’il a construites. À son actif, un parcours professionnel exceptionnel, et ce dans le monde entier. Encore étudiant du Bauhaus, il avait aménagé l’appartement du metteur en scène Piscator, à Berlin, dans l’esprit du fonctionnalisme. Dès 1928, toujours à Berlin, il s’investit dans la conception et la fabrication de meubles et non dans la construction d’édifices, à cause de la crise économique. En 1935, il part rejoindre Gropius, son professeur d’antan, en Angleterre, avant de le suivre aux États-Unis où il embrassera la carrière qu’on lui connaît. Ses maisons sont écologiques avant la lettre, comme cette villa en Suisse avec de grandes fenêtres donnant sur les Alpes, où l’arbre du jardin perce la terrasse. Il a par ailleurs introduit le concept de « maison de famille binucléaire » en architecture et a fait de ses édifices de véritables sculptures de lumière.
Qu’ y-a-t-il de commun entre la chaise Wassily et le célèbre musée Whitney de New York ? Les deux reposent sur le sol par l’une de leurs extrémités, l’autre étant suspendue dans l’espace et les deux sont signés Marcel Breuer, l’architecte d’origine hongroise qui s’est imposé dans les années 20 et qui a été un moderniste des plus influents. Une...