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Actualités - CHRONOLOGIE

CONFÉRENCE Une étude sur le suicide au Liban et dans les pays arabes, qui tente de mieux cerner le problème

Une personne dans le monde tente de mettre fin à ses jours toutes les trois secondes. Considéré comme un tabou, ce geste constitue la deuxième cause de mortalité chez les jeunes. Si les tentatives et actes suicidaires sont recensés dans le monde, le Liban et les pays arabes ne disposent pas jusqu’à ce jour de données qui puissent faire la lumière sur le comportement suicidaire dans cette région. Pour tenter de mieux cerner la question, l’Institut pour le développement de la recherche, de ses applications et des services appliqués en clinique (Idraac) a mené, avec le soutien de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une étude basée sur la littérature portant sur le suicide au Liban et dans le monde arabe. Les résultats de cette revue exhaustive ont été présentés au cours d’une conférence organisée récemment à l’auditorium Batlouni de l’Université Balamand, en collaboration avec le département de psychiatrie et de psychologie clinique à l’hôpital Saint-Georges, Centre hospitalier universitaire, la faculté de médecine de l’Université Balamand, l’OMS et le ministère de la Santé. Ainsi, quelque 2 750 textes ont été revus, parmi lesquels 43 articles ont été considérés comme « propices ». Seuls 29 articles ont été inclus dans cette revue qui a englobé 12 pays : Bahreïn, Égypte, Irak, Jordanie, Koweït, Liban, Oman, Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Maroc, Soudan et les territoires palestiniens. Les résultats, présentés par le Dr Élie Karam et Mlle Ranya Hajjar, ont mis l’accent sur des « différences marquées » entre les pays concernés, les prévalences entre les tentatives de suicide et les suicides accomplis se différencient d’un pays à un autre. En effet, d’après cette revue, le taux d’idées suicidaires oscille entre 2,09 % et 13,9 %, au moment où le taux des tentatives de suicide varie entre 0,73 % et 6,3 % dans l’ensemble de ces pays. Selon les artisans de cette étude, cette divergence « est probablement due à la non-fiabilité des enregistrements officiels lorsqu’il s’agit de sujets tabous », mais aussi aux différentes méthodologies appliquées. Chaque pays a en fait recours à une méthodologie différente, toutes montrent toutefois que le recours aux « produits pharmaceutiques » demeure le moyen le plus utilisé pour s’intoxiquer dans les tentatives de suicide et les suicides accomplis. Pris seuls, les suicides accomplis sont provoqués notamment par autoétranglement, des armes à feu ou auto-immolation. Toujours selon l’étude, le taux de suicides accomplis est prévalent chez les hommes âgés de 20 à 40 ans, célibataires et au chômage. En ce qui concerne les idées suicidaires et les tentatives de suicide, l’étude a montré que le taux est plus élevé chez les femmes qui présentent des symptômes dépressifs, prennent des tranquillisants ou autres somnifères. Risque accru à l’adolescence Le comportement suicidaire chez les enfants et les adolescents a été présenté par le Dr John Fayad qui s’est basé sur des données internationales « qui ne s’appliquent pas nécessairement au Liban ». Il en ressort ainsi que le risque de suicides accomplis et des tentatives de suicide augmente à l’adolescence, les principaux facteurs de risque étant « les troubles de l’humeur, la toxicomanie, l’impulsivité, l’agressivité et une histoire familiale ». Le Dr Fayad, qui a critiqué par ailleurs les médias qui ont tendance à « romancer » les suicides, ce qui contribue à augmenter le taux d’actes suicidaires chez les enfants et les adolescents, a remarqué que pour prévenir de tels actes, il est nécessaire d’identifier les enfants et adolescents à haut risque et de les suivre de près. Il a de même insisté sur la nécessité de publier des lignes directrices à l’intention des médias concernant la couverture d’un suicide, comme à l’intention de la société et des écoles sur l’attitude à adopter après un acte suicidaire. « Il ne faudrait pas minimiser les aveux d’un enfant qui déclare avoir envie de suicider », a encore insisté le Dr Fayad. Signalons enfin que les résultats de cette revue exhaustive de la littérature relative au comportement suicidaire au Liban et dans les pays arabes s’inscrit dans le cadre de recherches plus larges menées par Idraac. L’institut a mené en effet une étude sur le comportement suicidaire dans 29 pays, dont les résultats seront publiés prochainement dans le British Journal of Psychiatry. L’institut mène également une étude plus exhaustive sur le comportement suicidaire au Liban.
Une personne dans le monde tente de mettre fin à ses jours toutes les trois secondes. Considéré comme un tabou, ce geste constitue la deuxième cause de mortalité chez les jeunes. Si les tentatives et actes suicidaires sont recensés dans le monde, le Liban et les pays arabes ne disposent pas jusqu’à ce jour de données qui puissent faire la lumière sur le comportement...