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Actualités

L’Abkhazie prête à emboîter le pas au Kosovo

L’Abkhazie, petit territoire frontalier de la Russie qui rejette le pouvoir de Tbilissi et n’a donc pas voté samedi dernier, a les yeux plus rivés sur le sort du Kosovo que sur l’identité du président géorgien. Cette région séparatiste en Géorgie espère en effet qu’une éventuelle indépendance du Kosovo lui ouvrirait la voie à une reconnaissance, à commencer par la Russie. Svetlana Adleïba, une vieille femme au pull troué, monte avec peine l’escalier de son immeuble à Soukhoumi, la « capitale » d’Abkhazie, qui porte encore les stigmates de la guerre avec les Géorgiens en 1992-1993. Hormis le centre-ville plus ou moins reconstruit, Soukhoumi, située au bord de la mer Noire, offre une triste image de paradis abandonné malgré une végétation resplendissante même en hiver. Ces dernières semaines, Svetlana avoue regarder plus attentivement les actualités à la télévision « pour voir ce qui ce passe avec le Kosovo », à 1 600 km de là. « Si le Kosovo devient indépendant, nous avons nous aussi une chance d’être reconnus dans le monde. Et peut-être que notre vie sera alors meilleure », soupire cette femme de 53 ans. Depuis sa victoire sur Tbilissi après un an de guerre sanglante qui a fait des milliers de morts et provoqué l’exode de 250 000 Géorgiens, l’Abkhazie est de facto indépendante, mais aucun pays ne la reconnaît officiellement, pas même Moscou qui l’avait soutenue pendant le conflit et continue à l’aider économiquement. Au poste frontière avec la Russie, des centaines d’Abkhazes traînent des chariots remplis de mandarines qu’ils vont vendre à Sotchi, riche station balnéaire russe et site des futurs JO d’hiver de 2014, à une centaine de kilomètres de là. Plus de 80 % des Abkhazes ont reçu des passeports russes, ce qui leur permet d’entrer sans problème en Russie. Une partie de la population souhaite d’ailleurs une adhésion pure et simple à la Fédération de Russie « où la vie est meilleure ». L’exportation d’agrumes vers la Russie et l’accueil de touristes russes au bord de la mer Noire aident la petite région peuplée de quelque 300 000 habitants à survivre, malgré un blocus économique du reste de la communauté internationale. Mais les Abkhazes espèrent que tout changera après la proclamation de l’indépendance du Kosovo qui sera sans doute reconnue par l’Occident. « Pour nous, il s’agit d’un précédent. Nous attendons que la Russie reconnaisse l’Abkhazie », a déclaré le ministre des Affaires étrangères abkhaze, Sergueï Chamba, dans un entretien à l’AFP. « Si la Russie nous soutient, d’autres pays peuvent nous reconnaître : certains pays de l’ex-URSS, d’Amérique latine ou d’Afrique », estime le président du Parlement abkhaze, Nougzar Achouba. La Russie a toutefois elle-même mis en garde contre une reconnaissance du Kosovo, suggérant des répercussions jusque dans l’ex-URSS. Et les analystes restent sceptiques sur la possibilité d’une reconnaissance de l’Abkhazie alors que Moscou sort à peine d’un conflit séparatiste en Tchétchénie. « La Russie va examiner cette question avec beaucoup de prudence, car la reconnaissance de l’Abkhazie peut être un signal pour le Caucase du Nord où la situation reste instable », souligne une politologue abkhaze, Arda Inal-Ipa. Le problème du statut de l’Abkhazie « va probablement être gelé pendant encore des années », ajoute-t-elle. De son côté, le président sortant géorgien, Mikhaïl Saakachvili, a promis, pendant sa campagne électorale pour le scrutin de samedi dernier, aux réfugiés géorgiens de retrouver leurs maisons en Abkhazie d’ici à « l’hiver prochain » s’il est réélu. Son gouvernement a aussi lancé une campagne de propagande perçue par certains comme des préparatifs à une opération armée contre les territoires séparatistes, Abkhazie et Ossétie du Sud.
L’Abkhazie, petit territoire frontalier de la Russie qui rejette le pouvoir de Tbilissi et n’a donc pas voté samedi dernier, a les yeux plus rivés sur le sort du Kosovo que sur l’identité du président géorgien. Cette région séparatiste en Géorgie espère en effet qu’une éventuelle indépendance du Kosovo lui ouvrirait la voie à une reconnaissance, à commencer par la...