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WEB CULTURE - Une base de données, comportant des récits tirés d’œuvres littéraires, consultable en ligne Ces rêves qui hantent les écrivains

Est-il vrai, comme l’a dit un critique, qu’il n’y aurait « rien de plus ennuyeux qu’un récit de rêve » ? Certes pas pour ce site Internet qui est loin d’être un cauchemar de lecture. « http://www.reves.ca » est en effet une base de rêves tirés d’œuvres littéraires, consultable en ligne. Elle regroupe plus de 500 récits de rêve, de l’Antiquité au XXe siècle, et permet de les lire directement. Cette base continue de s’enrichir et contient aussi des images de… rêves. Un site bien ficelé et d’une grande sensibilité. Simplement sublim(e)inal… Il peut être agréable, étrange, désagréable, pénible ou prémonitoire. Il peut également être brisé, obsédant, fou ou irréalisable. Il peut se concrétiser, s’évanouir ou s’écrouler. Le rêve possède de multiples visages. Cette base permet d’explorer comment des écrivains ont abordé l’univers des rêves. Parmi des centaines d’autres, on trouvera ici les songes programmatiques de René Descartes, les cauchemars du jeune Flaubert, le rêve salvateur de Maxime Ducamp, les visions de Huysmans, les rêves et réflexions sur le sommeil de Marcel Proust. On pourra aussi tenter de déchiffrer le symbolisme complexe d’un rêve de René Char, explorer les significations cachées des rêves de la tragédie grecque ou de la Bible, découvrir les conventions des contes et romans chinois, ou se laisser emporter par La vision d’Albrecht Dürer. Dans cette base de données, on pourra consulter la clé des songes d’Artémidore, qui avait fasciné le Moyen Âge, lire les expériences scientifiques auxquelles se sont livrés Alfred Maury, Hervey de Saint-Denis ou Joseph Delbœuf, etc. Il est à signaler que ce site est référencé dans les signets de la Bibliothèque nationale de France, ainsi que dans la base Merlot. « Le large éventail des textes retenus vise à représenter la grande diversité de l’expérience onirique », indique-t-on sur ce site qui n’a pas limité sa sélection aux rêves les plus « beaux », ou qui correspondraient à une grille préétablie de ce que devrait être « un récit de rêve bien formé ». « Nous avons retenu tout récit publié. La spécificité du récit de rêve proprement littéraire pourra ainsi se dégager, le cas échéant, de sa comparaison avec des extraits de journaux intimes, de textes historiques, religieux et autres. » Les textes sont affichés en français moderne. Dans le cas de textes anciens ou rédigés dans une autre langue, la version originale est souvent accessible au moyen du lien « Texte original ». Afin de faciliter le repérage et de stimuler la curiosité, le site a attribué à chacun des textes deux titres. Le premier identifie le personnage qui rêve ou la nature de son rêve ; le second, centré au-dessus du texte, reprend un élément significatif du rêve. Une recherche par catalogue Le site ne se limite pas à situer chaque récit dans l’œuvre dont il est extrait. Mais, et voilà la richesse du site, chaque extrait est catégorisé selon divers points de vue afin de faciliter le repérage de textes répondant à des critères et à des projets spécifiques. « Sur le plan littéraire, on distingue le genre de texte où apparaît le récit (littéraire, religieux, témoignage, historique, etc.). Nous avons signalé et résumé, dans la mesure du possible, les interprétations dont un récit a fait l’objet. » Sur le plan psychologique, diverses catégories permettent de repérer le type de rêve (cauchemar, rêve lucide, prémonitoire, récurrent), le type de personnage, si celui-ci est hors du commun (ange, dieu, diable, spectre, créature mythique), le type d’émotions – positives ou négatives – et divers paramètres généraux relatifs aux types d’interaction entre les personnages. Ces catégories ont été retenues et cotées par Élisabeth Décary sous la direction d’Antonio Zadra. Elles sont inspirées des échelles d’analyse de contenu couramment utilisées en psychologie du rêve. Pour en savoir davantage, on lira l’article posté en ligne intitulé « Analyse quantitative du contenu des récits de rêves littéraires du Moyen Âge au XXe siècle », par Antonio Zadra et Élisabeth Décary. À des fins de comparaison, cette véritable « banque onirique online » offre dans une autre section une base de 500 récits de rêves recueillis par Antonio Zadra auprès de volontaires de la région montréalaise entre 1995 et 2000. Dans une section distincte, il existe également des extraits de textes théoriques sur le rêve tirés d’ouvrages d’« onirocritique », anciens et modernes. L’objectif de ce site n’est pas seulement de faire rêver l’internaute. Il vise aussi et surtout à « favoriser l’étude du récit de rêve sous divers aspects, notamment son évolution dans le temps et dans l’espace, ses thèmes récurrents, ainsi que les symboles qui y sont convoqués ». La base de données est conçue afin de servir d’outil à une approche multidisciplinaire du phénomène du rêve. L’historien des sociétés, l’anthropologue, le chercheur en littérature, l’analyste des symboles et le psychologue y trouveront une structure d’organisation adaptée à la mise en série. Le cercle des commentaires Pour bien de traditions anciennes, un rêve non interprété était comme une lettre non lue, ce qui montre bien à quel point le travail interprétatif confère au rêve un surplus de sens et d’intérêt. « L’interprétation la plus autorisée est évidemment celle qui se dégage du travail d’associations libres effectué par le rêveur, ainsi que n’a cessé de le répéter le père de la psychanalyse », concèdent les créateurs du site. Seul le rêveur, en effet, peut retrouver, derrière une image vue en rêve, un souvenir surgi de son enfance et qui était resté jusque-là comme une concrétion à la fois lourde de sens et incompréhensible. Dans le cas des rêves littéraires, cependant, rien n’empêche de procéder par hypothèses sur l’inconscient du texte, ainsi que Freud lui-même l’a fait à propos de la Gradiva de Jensen. S’appuyant sur la théorie freudienne, Jean Bellemin-Noël a même développé une méthode qu’il appelle « textanalyse » et qu’il a appliquée à plusieurs récits (Interlignes, 1996). Pour faire de cette base un outil de recherche et de discussion, le site a donc intégré un outil d’annotation, accessible en cliquant sur le lien Joindre le cercle. Maya GHANDOUR HERT
Est-il vrai, comme l’a dit un critique, qu’il n’y aurait « rien de plus ennuyeux qu’un récit de rêve » ? Certes pas pour ce site Internet qui est loin d’être un cauchemar de lecture. « http://www.reves.ca » est en effet une base de rêves tirés d’œuvres littéraires, consultable en ligne. Elle regroupe plus de 500 récits de rêve, de l’Antiquité au XXe siècle,...