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Le Liban a-t-il un problème ou est-il un problème ? I - Les cartes maîtresses des États-Unis

Comment les USA peuvent-ils se targuer d’être, à la fois, défenseurs de la démocratie dans le monde et bafouer simultanément le droit international et celui des peuples de disposer de leur avenir ? L’Administration Bush soutient le gouvernement Siniora. Que celui-ci soit accusé par certains d’être anticonstitutionnel, illégal ou impopulaire ne la dérange pas outre mesure. Tel est le paradoxe de la politique appliquée sur le terrain de la plus grande puissance économico-militaire, de la plus grande démocratie du monde. La distance, toute relative, prise par l’ex-président français Chirac concernant l’intervention militaire américano-britannique en Irak s’est estompée dès lors qu’il s’est agit de l’élection présidentielle au Liban. La politique étrangère de l’actuel président français Sarkozy, elle, se rapproche considérablement de celle des USA concernant l’ensemble de la politique appliquée au Moyen-Orient. Trois aspects de la politique internationale des USA, tout comme pour la France, le Royaume-Uni ou tout autre État qui veut peser sur les affaires de la planète, lui permettent d’intervenir n’importe où dans le monde. Ces trois cartes maîtresses, dans le jeu de la puissance en question, ne sont pas forcément identiques d’un pays à l’autre, puisque les intérêts ne sont pas identiques. Ces pays peuvent parfaitement s’allier au gré des circonstances et en fonction de l’évolution des choses, au point que, quelquefois, le travail de l’un peut s’effectuer par l’autre sans autre forme de procédure. Les trois axes sont les suivants : – La politique diplomatique officielle . – La politique d’intérêt ou la politique officieuse. – La politique secrète. Les diplomates américains, Mme Rice ou M. Welch, tiennent le discours qu’ils peuvent assumer publiquement. À savoir, pour le Liban, le soutien indéfectible au gouvernement de Fouad Siniora. Le Premier ministre est qualifié, pour les circonstances, de porte-parole du « camp du 14 Mars » et d’antisyrien pour ne pas dire proaméricain. Cette façon de voir les choses permet au langage diplomatique standard de qualifier l’opposition de prosyrienne. C’est ce qui constitue la division entre, d’un côté, les « démocrates » attachés à la liberté et à la libération de la tutelle syrienne et, de l’autre, les extrémistes, nostalgiques de la mainmise à la fois syrienne et iranienne, dépendant de celles-ci en appliquant leurs quatre volontés et représentés par le Hezbollah avec son chef charismatique, sayyed Hassan Nasrallah, représentant le « camp du 8 Mars », et comme allié inattendu, venu perturber le jeu, le Courant patriotique libre, avec son chef, le général Michel Aoun. Cela est systématiquement matraqué, pour qu’il n’y ait pas de confusion de genre possible, à chaque occasion que les médias officiels prononcent l’un ou l’autre des noms ainsi qualifiés. Les assassinats politiques, depuis celui de Rafic Hariri en février 2005 jusqu’au dernier en date du général François el-Hajj en décembre 2007, entrent dans cette logique de propagande américaine orchestrée par leur vision à long terme portant vers, selon leurs dires, la stabilité et la paix. Le suspect numéro un devient évident : la Syrie. On voudrait volontiers la qualifier même d’accusée, mais vis-à-vis de l’opinion publique internationale qui, auquel cas, réclamerait la vérité, cela ne se fait pas – encore – sans qu’il y ait de preuves. Dans les cas présents, les preuves tardent à venir parce que, peut-être, elles sont tellement dissimulées qu’elles sont difficiles à repérer ou plus simplement que celles-ci disculpent le suspect numéro un, et cela n’est pas encore politiquement convenable. Un travail prédigéré et édulcoré, par médias interposés, est encore nécessaire. Autrement dit, ces assassinats politiques, dont aucun n’a été élucidé, vont dans le sens même de cette politique. Décidément, Michel Aoun est toujours là où on ne l’attend pas, déjouant et compliquant même la tâche, déjà labyrinthique de la politique à appliquer sur le terrain, de l’Administration américaine. Le monde dans son ensemble sait que la politique des USA vise à permettre aux peuples opprimés de recouvrer la liberté et de disposer de leur avenir. Pour s’en convaincre, il suffit de voir les « bienfaits » amenés par les USA aux populations de Palestine depuis 1948, d’Irak depuis 2002, du Liban de 1989 à 2005 et depuis 2005. Le général est présenté comme celui qui porte atteinte à la stabilité du pays en allant en droite ligne vers la rupture et la destruction des institutions. Officieusement et contrairement à ce qui est largement énoncé, la politique américaine vise ses intérêts propres. Ceux-là peuvent être même très proches de ceux de ses plus fidèles alliés, abstraction faite de tout altruisme ou de toute autre considération. Il y a l’allié inconditionnel représenté par Israël et des alliés du moment, comme l’a été, par exemple, la Syrie durant la première guerre du Golfe, il y a dix-sept ans, quand les USA avaient besoin, pour éviter le terme de colonialiste, d’alliés arabes pour leur conquête de l’Irak. La stabilité politique dans un Liban multiconfessionnel ne peut se concevoir qu’en œuvrant pour l’unité de celui-ci. Et toute politique visant la discorde et œuvrant à créer un fossé entre les communautés, comme c’est le cas actuellement en Irak, ne peut pas aller dans le sens de la stabilité telle qu’elle est comprise par les populations qui ont à subir sur le terrain et au quotidien ce qui se trame dans la tête de ceux qui imaginent leur avenir pour eux. Ce qui est valable pour l’Irak l’est aussi pour la Palestine ou pour le Liban. La paix aux USA semble passer nécessairement par les tensions continuellement alimentées au Proche et au Moyen-Orient. Pour ce faire, séparer les différentes communautés pourrait se produire en envahissant le pays, comme c’est le cas en Irak depuis 2002, perpétrer ou permettre des attentats non élucidés comme c’est le cas au Liban depuis 2005. Pour en arriver là, il aura fallu au préalable tester un discours alternatif et en évaluer les conséquences avant d’éventuels changements de politique ou de stratégie. C’est ce qui s’était déjà passé en 2004 quand le Conseil de sécurité des Nations unies a voté la résolution 1559 faisant passer Damas de la position d’allié, depuis la première guerre du Golfe et le feu vert de Washington pour déloger en 1990 le général Aoun du palais présidentiel de Baabda, à la position, contraire au droit international, d’envahisseur d’un pays souverain qu’est le Liban. Pourtant la politique syrienne au Liban n’a pas changé d’un iota depuis 1976, soit 28 ans plus tôt. Dr Riad JREIGE
Comment les USA peuvent-ils se targuer d’être, à la fois, défenseurs de la démocratie dans le monde et bafouer simultanément le droit international et celui des peuples de disposer de leur avenir ?
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