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Actualités - CHRONOLOGIE

Mère et fille mêlent foi chrétienne et magie blanche pour chasser le mauvais œil Des prières secrètes transmises la nuit de Noël en Corse pour conjurer l’ « ochju »

En Corse, la nuit de Noël est parfois l’occasion de transmettre – le plus souvent entre mère et fille – les prières secrètes qui, dans un rituel mêlant foi chrétienne et magie blanche, permettront de conjurer l’ « ochju », le mauvais œil. Pour conjurer le mauvais œil, il faut faire appel aux « signatori », le plus souvent des femmes, initiées aux prières par une « signatora » au moment où retentissent les douze coups de minuit, un 24 décembre. À un autre moment de l’année, ces mots magiques dédiés à la Vierge ou au Christ n’auraient aucun pouvoir. Libérée de l’emprise du « mauvais œil » au cours d’un rituel strictement codifié, la personne se sent généralement soulagée d’un poids, de ses migraines demeurées inexpliquées ou d’une malchance récurrente. Rosanna Cesari, 47 ans, bergère dans la région de Corte (Haute-Corse), a appris plusieurs « incantesimi » – les incantations secrètes – auprès de sa mère, Thérèse, âgée de 80 ans. Le rituel se prépare avec, sur une table, une assiette remplie d’eau, un verre d’huile et une bougie allumée. Mère et fille vont alors « signer » une cousine porteuse de l’ « ochju ». Comme pourrait l’être n’importe quel individu, soumis à la jalousie ou bien au regard d’une personne envieuse, leur parente est frappée par le mauvais œil. Plus les jalousies sont nombreuses, plus il sera ardu de le conjurer. L’huile est versée dans l’assiette, à peine quelques gouttes pour matérialiser l’ « ochju » à la surface de l’eau. À la lumière de la bougie, elles vont ensuite psalmodier l’incantation à plusieurs reprises, les lèvres à peine entrouvertes, jusqu’à obtenir de l’huile qui s’éparpille en dizaines de gouttelettes. C’est alors le signe que l’ « ochju » s’est volatilisé et par là-même le mal supporté par leur cousine. Dans les cas les plus extrêmes rapportés par Rosanna Cesari, plusieurs « signatori » ont dû se relayer, parfois durant trois jours, pour totalement éradiquer le mauvais œil dont était victime une unique personne. Un engagement éprouvant, source de grande fatigue pour la « signatora », parfois obligée de s’asseoir afin de bâiller longuement pour expulser le mal qu’elle vient de purger. « C’est un acte de foi qui ne demande aucune rémunération, aucun cadeau. Notre but doit toujours être de faire le bien, simplement le bien », explique Rosanna Cesari. La croyance de l’ « ochju » perdure depuis des siècles en Corse, principalement dans les régions rurales de l’île où pratiquent plusieurs centaines de « signatori », hommes et femmes, plus ou moins reconnus pour l’étendue de leur pouvoir.
En Corse, la nuit de Noël est parfois l’occasion de transmettre – le plus souvent entre mère et fille – les prières secrètes qui, dans un rituel mêlant foi chrétienne et magie blanche, permettront de conjurer l’ « ochju », le mauvais œil.
Pour conjurer le mauvais œil, il faut faire appel aux « signatori », le plus souvent des femmes, initiées aux prières par...