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Actualités - OPINION

Les lecteurs ont voix au chapitre

À Gebran T’écrire deux ans plus tard n’est pas moins douloureux qu’aux premiers jours de ta disparition. T’écrire pour te dire ce qu’on te dit tous les jours, toi dont l’absence est vécue comme un mensonge auquel on ne veut pas croire… Des portraits de toi accrochés un peu partout au journal, ta voix criant ton fameux serment qui retentit à chaque sonnerie de téléphone, nous donnent la furtive illusion que tu es toujours là, ou peut-être là-bas où tu aurais dû rester… Tu es partout, même et surtout dans nos réunions, ces réunions qu’on veut efficaces pour continuer à te ressembler. Ces réunions où, avec le recul, nous constatons avec chagrin et nostalgie que tu nous as appris à travailler ensemble dans l’harmonie et la tolérance. Il est certain que le patron nous manque, l’ami aussi, et le père ! Mais moi, celui qui me manque surtout, c’est Gebran le politique, l’irremplaçable, celui en qui j’ai cru il y a 18 ans ou plus, et qui ne m’a jamais déçue… Shirine ABDALLAH Gebran, pardon de douter Deux ans qu’on porte et ton deuil et l’angoisse chevillée au corps de ne pas comprendre pourquoi tu es mort. Pardon de douter. Mais tout le monde n’est pas capable de se résigner à un destin tragique. « Gebran n’est pas mort », nous martèlent les tiens. Comment les croire puisque depuis ta mort, tu ne leur appartiens plus. Tu es devenu notre icône le jour où de ta voix vibrante, tu as solennellement scellé l’union de plus d’un million de Libanais. Quel cheminement t’a mené de l’impétuosité de la jeunesse à la barre du vaisseau Nahar au bord de la place des Martyrs ? Quelle intuition a érigé cet immeuble à cet endroit-là ? Pressentais-tu qu’un jour il ne te faudrait franchir que quelques pas pour accomplir ton destin et devenir un des héros de cette place aujourd’hui sourde et muette ? Comment croire que tu n’es pas mort quand la bâtisse du Nahar te porte – telle une veuve – en médaillon sur son cœur ? Ton serment a mille jours. Mille nuits qu’on se raconte des histoires, qu’on veut y croire. Seulement sans toi, on a du mal à y croire. Chaque matin, à l’heure où la lumière prend le pas sur l’ombre, on se force à mettre un pied devant l’autre. Tu aurais dû nous faire prêter serment de courage. On aurait été courageux, alors que tout ce qu’on arrive à faire c’est revendiquer nos doutes et nos faiblesses et avaler les couleuvres de la realpolitik des bazars régionaux. Gebran, on a mal en notre foi dans ce pays pour lequel tu as donné ta vie sans états d’âme. On voudrait appuyer sur la touche rewind et te revoir en vie. Au lieu de quoi, on écoute ta fille qui se bat contre ton départ, par sa colère. On écoute Michel Hajji Georgiou qui brandit ton stylo. Je voudrais avoir leur courage pour accepter de faire mon deuil et reprendre le chant des partisans et clamer crânement : « Ami, si tu tombes, Un ami sort de l’ombre À ta place… » Et être cet ami-là. Carla YARED Mabrouk ! Présente à la cérémonie au BIEL pour la deuxième commémoration de l’assassinat de Gebran, j’ai laissé éclater ma joie, un peu comme tout le monde, à l’annonce du prix de Gebran Tuéni pour la liberté. Bravo à Michel Hajji Georgiou et toutes mes felicitations ! Quel plaisir de le lire, de le découvrir jour après jour dans votre journal, et de découvrir, moi qui ne le connais pas et qui voyais en lui un homme d’une autre génération que la nôtre. Une petite note de plus : un tableau, une image que je n’oublierai jamais, celle de Michel et de Nayla, le dos tourné au public et face au portrait géant de Gebran, Michel brandissant encore une fois très haut le trophée... Geste émouvant, inoubliable. Mabrouk à L’Orient-Le Jour ; merci de nous écouter et de prendre le temps de nous lire. Randa CHAHINE Contorsions douloureuses Et pourquoi ne pas abolir la Constitution tant qu’on y est ? Cette loi, censée être sacrée, n’en peut plus d’être malmenée et de servir de pâte à modeler au gré des circonstances et des marchandages, bazars et deals s’y rattachant. Il serait plus honorable pour notre pauvre Loi fondamentale de ne plus prétendre régler souverainement l’organisation de nos institutions. Et de laisser carrément ce soin à nos dirigeants, qui agiraient au cas par cas, selon les impératifs du moment ! Pourquoi donc faire encore subir à l’article 49 de la Constitution des contorsions douloureuses qui finissent par produire du sur-mesure et à travers lesquelles les exceptions deviennent des règles, et les incompatibilités des passages obligés ? Tant qu’à faire, vaut peut-être mieux le remplacer par un texte dont le sens serait le suivant : « Ne peuvent être élus à la présidence de la République que les fonctionnaires de la première catégorie qui exercent encore leurs fonctions au moment de l’élection. » Nous ne sommes pas assez dupes pour croire que les acrobaties qui sont infligées à notre Loi fondamentale surviennent par l’élan soudain d’une volonté unanime nationale. Il n’y a pas si longtemps, les mêmes politiciens qui cherchent actuellement à la modifier juraient par leurs grands dieux qu’ils n’y toucheraient pas. Encore aurait-il été moins aberrant qu’ils y touchent avant le 23 novembre, tant que les délais le leur permettaient, c’est-à-dire quand la Chambre pouvait encore légiférer. En tout état de cause, d’être si rudoyée, la Constitution est meurtrie. Ce n’est pas en commettant des exactions contre elle, même si on y est contraint, qu’on préserve le Liban. Quand on viole d’une manière si répétitive un texte si respectable, on risque de vider de sa substance l’âme même de notre patrie. Claude ASSAF Tous unis Libanais, c’est le chaos ; il ne faut pas accepter de perdre ce que nos ancêtres nous ont légué. Libanais de toutes confessions, réveillez-vous ! Levez-vous et tendons la main au prochain, au voisin, membre d’un parti ou d’un clan (du Nord au Sud). Rassemblons-nous autour du drapeau libanais, unis et animés d’une foi inébranlable en notre cèdre, en notre indépendance. Le moment n’est plus aux zizanies ou aux intérêts personnels. Nous avons hérité de ce beau pays et nous devons le préserver. La conjoncture politique au Moyen-Orient autorise moins que jamais les disputes. Trente-cinq ans de guerre civile, c’est trop. Tous les pays de la région travaillent pour améliorer les conditions d’existence du citoyen. Et nous, que faisons-nous, où est-il le Liban, paradis du Moyen-Orient ? L’armée, grâce à Dieu, demeure la seule institution unie. Protégeons-la comme elle nous protège. Rappelez-vous, Libanais, qu’un jour nos enfants vont nous demander des comptes, nous questionner sur ce qui s’est passé. Nous devons leur apprendre la fierté d’être libanais et d’avoir mérité notre indépendance. Naoum ABI-RACHED Nos assurances Dans notre pays où la santé coûte cher, nous payons pour tout en nous croyant protégés. Nos compagnies d’assurances sont nombreuses, concurrentes et toutes prêtes à offrir les meilleures conditions, l’important étant que vous adhériez au plus vite afin de bénéficier de leurs offres exceptionnelles. Mais quand vient l’heure de tenir leurs promesses, ces firmes changent de ton et de manières. Bluff, manœuvres, intimidations, tout est bon pour ne pas honorer les contrats, pour réduire les indemnisations. La myopie initialement couverte, et à titre d exemple, devient une opération esthétique, et si une angiographie est réclamée par votre médecin, et malgré le rapport de ce dernier, votre demande est rejetée. Plus le sinistre est grave, plus nos prétendus gardiens deviennent nos pires ennemis. Ils sont présents à l’entrée de chaque grand hôpital, sous le nom d’une autre compagnie initialement jumelée, et pour toute excuse ils vous prient de revenir à votre assureur initial, pour refuser carrément votre dossier. Enfin, notre ultime souhait est de voir un jour de vrais avocats spécialisés dans la défense des victimes, et des journalistes qui pourront dénoncer la supercherie. Nazira A. SABBAGHA NDLR Dans le nombreux courrier que nous recevons quotidiennement, certaines lettres comportent des passages qui seraient difficilement publiables. Pour cette raison, et aussi afin de faire paraître le plus grand nombre possible de lettres, le journal se réserve le droit de n’en reproduire que les parties les plus significatives et d’en rectifier certains termes désobligeants. En outre, chaque missive doit comporter la signature (nom et prénom) de son auteur. Les lecteurs, nous en sommes certains, le comprendront, ce dont nous les remercions par avance.
À Gebran


T’écrire deux ans plus tard n’est pas moins douloureux qu’aux premiers jours de ta disparition. T’écrire pour te dire ce qu’on te dit tous les jours, toi dont l’absence est vécue comme un mensonge auquel on ne veut pas croire…
Des portraits de toi accrochés un peu partout au journal, ta voix criant ton fameux serment qui retentit à chaque sonnerie de...