Le blog a été créé grâce à une initiative commune du CFI, de « L’Orient-Le Jour », de la bibliothèque d’Alexandrie, de la Copeam et de la Fondation Anna Lindh NewsLab : un cyberespace commun de liberté et d’expression ALEXANDRIE, de Lélia MEZHER

Réunir 20 femmes du monde arabe, du Maghreb et de certains pays européens pour leur permettre de créer un blog qui puisse constituer un espace de liberté pour toutes, un pari fou que Canal France International (CFI), la Conférence permanente de l’audiovisuel méditerranéen (Copeam), la bibliothèque d’Alexandrie et L’Orient-Le Jour ont choisi de relever. C’est à Alexandrie, en Égypte, que les 20 participantes ainsi que les formateurs se sont donné rendez-vous pour 10 jours de brainstorming intensif et de construction du blog, dans un pays où les jeunes bloggeurs sont de plus en plus inquiétés. L’aventure, financée à hauteur de 50 % par la Fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh pour le dialogue entre les cultures, a commencé le 21 novembre dernier, et s’est clôturée samedi dernier, en présence notamment du directeur adjoint de CFI, Christian Dauriac. Le blog, baptisé NewsLab, se veut un blog d’informations, mais aussi un espace de liberté pour ces 20 participantes qui, pour la plupart, proviennent de pays où la femme n’est pas en mesure de s’exprimer librement. Désormais accessible sur Internet à l’adresse www.news-lab.net, le site recevra les écrits de femmes en provenance du Maroc, d’Algérie, de Tunisie, d’Égypte, du Liban, de Grèce, d’Italie, de France et de Grande-Bretagne. Dans les prochains jours, NewsLab sera accessible à partir du site Internet de L’Orient-Le Jour. La formation a été assurée par une palette de professionnels. Georgia Popplewell, responsable du blog Global Voices qui reprend les blogs du Moyen-Orient et d’Asie, a présenté les meilleurs moyens techniques permettant de construire un blog. Patrice Barrat, journaliste français de formation et créateur du site MadMundo, a mis en relief les différentes possibilités de communication qu’offre Internet aujourd’hui. Vincent Debanne, photographe pour Le Monde et Libération, a présenté aux participantes une partie de son travail et un exercice d’interprétation de l’image a été entamé. Au terme de ces dix jours de travail intensif, NewsLab est né, avec pour seule ambition d’assurer une plate-forme de liberté pour ces 20 femmes issues de 10 pays différents. Ainsi, pas de ligne éditoriale ni de conférence de rédaction au sein de NewsLab, mais uniquement des concertations permanentes entre les différentes contributrices au projet. La formation qui s’est déroulée à la bibliothèque d’Alexandrie a été inévitablement confrontée au fléau de la censure qui sévit en Égypte, même sur Internet. Cet élément a permis aux participantes issues de pays européens de réaliser que la liberté d’expression n’est pas une évidence. Cela a aussi permis aux participantes égyptiennes de s’exprimer sur le problème de la censure dans leur pays. Lors de la conférence de presse organisée samedi dernier à l’occasion de la clôture du séminaire, Christian Dauriac a qualifié l’opération de « vrai succès ». « Tous les objectifs sont atteints. Au-delà de cette formation, c’est la qualité de la rencontre que je voudrais mettre en relief », a ainsi souligné M. Dauriac. Georgia Popplewell a quant à elle souligné l’« impatience » qu’elle éprouvait d’ « assister à l’évolution de cette aventure ». « Je suis impatiente de voir comment NewsLab va évoluer, quelle direction ce blog va prendre. » Les participantes ont elles aussi exprimé leur satisfaction et leur volonté de faire en sorte que ce projet devienne une vraie réussite. Marianne Makram, égyptienne vivant au Caire, souligne quant à elle que « c’était une expérience fabuleuse : rencontrer 20 femmes de plus de 10 pays était pour moi une expérience d’échanges avec 12 cultures, backgrounds et idées... Bien que nous soyons différentes, nous nous sommes bien entendues rapidement et facilement ». Melanie Dalsace, journaliste française, souligne pour sa part que « l’important est d’écrire, tout réside dans ce postulat fort simple. Quand Shahinaz nous parlait l’autre jour du courageux Karim, je pensais au livre écrit par Jorge Semprum et Élie Wiesel sur leur expérience à Buchenwald. Deux écrivains majeurs de notre époque témoignent d’une époque noire, violente, brutale, fatale. Ils sont revenus des camps, tant bien que mal, ils sont les témoins de la Shoah. C’est essentiel, c’est primordial et chacune d’entre nous est capable de rejoindre cette démarche de courage, d’engagement, de liberté, sans compromis, sans a priori ». Et de conclure : « Celles qui sont journalistes, comme moi, je pense qu’il faut s’affranchir, s’émanciper de cette condition. Être plus naturelle, plus sensible, plus proche des gens. Il faut réagir avec notre cœur, pour ne pas le perdre, être plus simple. Écrire, car se taire est impossible, ne pas oublier. L’espoir dépend de notre engagement. »