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Actualités - CHRONOLOGIE

VIENT DE PARAÎTRE - « Les Cananéens-Phéniciens, peuples et terres », de Hareth Boustany Plongée au cœur d’une civilisation perdue dans la nuit du temps

Installés à la fin du IIIe millénaire avant J-C sur une étroite bande côtière s’étendant du nord de la Palestine au sud de la Syrie, traités de « barbares, sans culture » par les Grecs, ils sacrifiaient les enfants en les immolant au nom des dieux ; ils vendaient des femmes sur le parvis des temples et pratiquaient la prostitution. Ces hommes étaient nos ancêtres, les géniaux inventeurs de l’alphabet, les Cananéens-Phéniciens qui sont aux origines du Liban. En raison de la rareté de la documentation iconographique et des sources écrites les concernant, ils restent encore assez « énigmatiques ». Cependant, tous les spécialistes s’accordent à les définir comme des navigateurs réputés et des commerçants avisés ayant sans cesse repoussé plus loin leur horizon et contribué au « brassage des cultures » entre l’Orient et l’Occident. Dans son livre « Les Cananéens-Phéniciens, peuples et terres », paru aux éditions Aleph/ Ad-Da’irat, l’archéologue-historien, Hareth Boustany, relate les différents aspects d’une civilisation qui a laissé son empreinte dans la Méditerranée. Il signera son ouvrage le 11 décembre au Musée national de Beyrouth, à partir de 17 heures. S’appuyant sur les textes anciens et sur les fragments de la mythologie récupérés entre autres dans la bibliothèque d’Ugarit, se référant à la partie infime de la littérature qui a survécu à ces peuples, mais aussi sur les résultats des fouilles archéologiques, Hareth Boustany déroule sur 227 pages illustrées de photographies les origines et le cadre géographique des « Cananéens-Phéniciens », les récits de leur expansion coloniale, leurs rites et institutions politiques, leurs mythes et légendes, leurs pratiques funéraires, les détails précieux de leur vie quotidienne, ainsi que leur savoir-faire artisanal reconnu dans toute l’Antiquité. Mais c’est tout d’abord en mer que les Phéniciens se trouvent dans leur élément, déployant un orgueil et une assurance légendaires. En quête de métaux, ils arpentent la Méditerranée occidentale et fondent des comptoirs de commerces et des colonies dont la célèbre Carthage, symbole éclatant du rayonnement phénicien. « Semblables en quelque sorte aux Portugais de la Renaissance, ils rançonnent implacablement la navigation étrangère, réclament et défendent le monopole absolu des mers. Quelques ports seulement sont ouverts au commerce de la concurrence grecque et étrusque : Palerme, Utique et Carthage. Tout le reste de la sphère d’influence phénico-punique, la Péninsule ibérique, la Sardaigne et la Corse, la côte du Maghreb, est inaccessible (…) ». Ces patrons de la mer ont aussi excellé en médecine. « La découverte dans une tombe de 700 crânes dont trois étaient perforés à la partie supérieure semble indiquer que l’opération du trépan était couramment pratiquée à une époque très reculée (…) Nous avons aujourd’hui l’assurance que la science médicale avait atteint en Canaan un stade avancé et relativement perfectionné, au moins un millénaire avant l’époque classique, soit au XVIe siècle avant J-C », indique l’auteur, qui signale d’autre part que la chirurgie dentaire était également pratiquée : « On est surpris de constater, par exemple, dans les mâchoires de beaucoup de crânes phéniciens, des dents plombées en or, des sutures en filigrane et des râteliers si ingénieusement travaillés qu’ils défient les plus grands perfectionnements de l’art dentaire. » Selon Boustany toujours, « Strabon, le grand géographe grec du 1er siècle avant J-C, raconte que ce sont les Phéniciens qui s’adonnèrent à l’astronomie et qui identifièrent les constellations célestes, utiles à la navigation nocturne. » Des chapitres sont également consacrés à la découverte de la pourpre sur laquelle ce peuple avait fondé une bonne partie de sa puissance économique ; au verre dont l’invention lui fut attribuée et dont un passage de l’histoire naturelle de Pline (livre XXXVI) évoque « un bord de mer phénicien, pas plus grand que cinq cents pas, qui aurait été pendant plusieurs siècles la seule localité de l’Antiquité où on fabriquait le verre ». Adoptant les modèles culturels de leurs clients, l’industrieux peuple de marchands a fait preuve aussi d’une création artistique et d’un artisanat raffiné qui donnent à voir des formes et motifs égyptiens, des sceaux mésopotamiens, des lions hittites, des stèles helléniques, des monnaies siciliennes, des masques de vieux spartiates et des bijoux étrusques. Se référant, par ailleurs, aux archives cananéennes d’Ugarit, aux inscriptions des stèles, aux moules des pâtissiers, mais aussi aux mosaïques représentant des grives, des gazelles, sangliers, scènes de pêche ou grappes de raisin, l’auteur donne un aperçu de la cuisine phénicienne, illustrée également par un « chaudron avec protomés de serpents et défilé d’animaux » ! Mais, « dans les champs ondoyants de blé, d’orge, de froment, voici fleurir la vigne, l’olivier et les jardins qui donnent généreusement les fèves, les lentilles et les pois chiches : ainsi fut la cuisine méditerranéenne », écrit Hareth Boustany, ajoutant que le vin était réservé à un usage de luxe, aux rites de l’hospitalité et à … une invitation pour une plongée au cœur de Canaan, mentionné de nombreuses fois dans la Bible comme le pays promis à Abraham et à sa descendance (Genèse 17, 8 ; cf . Psaume 105, 11). M. M.
Installés à la fin du IIIe millénaire avant J-C sur une étroite bande côtière s’étendant du nord de la Palestine au sud de la Syrie, traités de « barbares, sans culture » par les Grecs, ils sacrifiaient les enfants en les immolant au nom des dieux ; ils vendaient des femmes sur le parvis des temples et pratiquaient la prostitution. Ces hommes étaient nos ancêtres, les...