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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL DU CINÉMA EUROPÉEN - Le jeune cinéaste finlandais a présenté « La belle et le bâtard »* au cinéma Empire-Sofil Le film « détox » de Dome Karukoski

Lorsqu’il leur a annoncé qu’il était invité à un festival de cinéma à Beyrouth, ses parents n’ont pas caché leur… enthousiasme. « Tu as de la chance ! se sont-ils écriés, il faut que tu voies la Grotte aux pigeons, l’Université américaine, le Cock and Bull… » Son père (acteur américain) et sa mère (journaliste et correspondante de guerre suédoise) ont bien connu le Liban, lors de son âge d’or, durant les années 60 puis sous les bombes des années 70. Dome Karukoski est même né au large de Beyrouth, à Chypre, où il a passé sa petite enfance. Le nouveau talent finnois du cinéma se trouve donc dans la capitale libanaise pour y présenter son premier et néanmoins très primé film, Tyttö sinä olet tähti (La belle et le bâtard). À 28 ans, Karukoski a fait un joli début avec ce premier opus qui a remporté des prix dans le monde entier (dont l’Amanda norvégien du meilleur premier film 2006) et s’est installé au quatrième rang du box-office des films finnois (avec 133 000 entrées à sa sortie). Le réalisateur, qui cite Scorsese, Fellini et Sergio Leone parmi ses mentors, s’intéresse aux « films faits d’émotions auxquelles on réagit de manière épidermique ». Effectivement, son film vous fait l’effet d’un sauna : il calme les nerfs, favorise l’évacuation du stress et élimine les tensions. Il élimine les toxines du moral tout en faisant passer un gentil message aux ados : ayez le courage de vos convictions, accrochez-vous à vos rêves. Et il lance, par la même occasion, une pique aux parents : ne « cocoonez » pas trop vos enfants, ne les noyez pas dans vos encouragements et modérez vos attentes. « En Finlande, tous les parents veulent que leurs enfants deviennent des médecins, des ingénieurs ou des avocats, indique le réalisateur. Et cela stresse énormément leur progéniture qui a très souvent envie de choisir une autre voie. » Apparemment, il s’agit-là d’un problème majeur dont souffre la société finnoise. « Une grande partie de la jeunesse du pays souffre de dépression, indique Karukoski. Notamment les filles de moins de 24 ans qui viennent d’un milieu aisé. Ce sont des filles intelligentes, perfectionnistes, qui veulent accumuler les bonnes notes, mener une carrière sans fausse note et avoir de nombreux hobbies en parallèle. Tout cela pour faire plaisir aux parents et atteindre leurs attentes.  » Nelly (Pamela Tola), le caractère féminin principal du film, fait partie de cette race d’éternelles insatisfaites. C’est une fille obéissante qui vise à satisfaire les désirs et les exigences de ses parents. Ils la voient déjà en médecin comme son petit ami de longue date. Nelly, pour sa part, rêve d’une carrière de chanteuse. Si seulement elle pouvait présenter un CD de démonstration aux studios de production... Sune (Samuli Vauramo), un « perdant » mais talentueux DJ de hip-hop, est timide devant les filles. Nelly voit là une occasion d’obtenir ce dont elle a besoin gratuitement. Sune et Nelly s’utilisent alors mutuellement et finissent par tomber amoureux l’un de l’autre. La belle et le bâtard montre les jeunes d’aujourd’hui en Finlande, au seuil de l’âge adulte. C’est un film qui parle aussi d’amour, de rêve et de principes… Des valeurs universelles. Dome Karukoski dit avoir accepté de venir à Beyrouth parce qu’avant de s’enfermer dans le montage de son deuxième et la préparation de son troisième long-métrage, il avait besoin de quelques jours de congé, de dépaysement. Pour se déconnecter de sa réalité. « Votre ville est tout indiquée. Ici, mon téléphone ne risque pas de sonner, personne ne va me déranger. On attendra mon retour dans deux ou trois jours. » Son deuxième long-métrage, alors ? Il s’inspire du roman best-seller de la Finnoise Leena Lander dont il porte le nom : The House of the Dark Butterflies. Ce film, dont l’action se situe dans les années 1960-70, raconte l’histoire de Juhani, adolescent hanté et traumatisé par une expérience remontant à l’enfance. Après être passé de famille d’accueil en famille d’accueil pendant six ans, il finit dans un établissement réservé aux garçons et baptisé « L’Île ». Cette institution est soumise aux lois et règles imposées par le principal, Olavi Harjula, qui veille férocement à ce qu’elles soient respectées. En plus des sept pensionnaires et d’Harjula, les seuls autres habitants de « L’Île » sont la femme de ce dernier, ses deux filles et Tyyne, qui s’occupe du bétail et de la cuisine. Cette communauté isolée est un petit monde autosuffisant. D’après la fiche de production, ce film « force les spectateurs à se demander : combien de temps est-on censé payer les erreurs et méfaits du passé? Quand peut-on se pardonner à soi-même et redevenir libre ? Peut-on jamais y parvenir ? » Karukoski a également souligné que « bien que le personnage principal soit un adolescent, The Home of the Dark Butterflies sera un film très sombre, s’adressant à un public adulte ». Karukoski réalisera ensuite Children of God, sur un scénario original d’Aleksi Bardy. L’histoire se passe au sein d’une secte religieuse dans une ville luthérienne apostolique du Nord de la Finlande et illustre « la suppression des émotions et de la liberté de choix, explique le réalisateur. Je veux faire de ce récit un film dont les moments tragi-comiques troubleront le public, un film qui les fera rire de situations sérieuses ou réalistes. » Ainsi soit-il. Maya GHANDOUR HERT * À l’affiche ce soir, à 20h00, au Cinéma Six 2, de l’Empire-Sofil.
Lorsqu’il leur a annoncé qu’il était invité à un festival de cinéma à Beyrouth, ses parents n’ont pas caché leur… enthousiasme. « Tu as de la chance ! se sont-ils écriés, il faut que tu voies la Grotte aux pigeons, l’Université américaine, le Cock and Bull… » Son père (acteur américain) et sa mère (journaliste et correspondante de guerre suédoise) ont bien connu le...