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Actualités - CHRONOLOGIE

La création « Our » de Zad Moultaka à Amsterdam Un moment de grâce dans un monde en délire…

Plus de mille personnes au concert de Zad Moultaka au Concertgebouw d’Amsterdam, au Pays-Bas. La création Our  (nôtre, en anglais, mais désignant La Ville, pour le compositeur) est une œuvre commandée par la Fondation Eduard van Beinum Stichting, sur des textes d’Etel Adnan, extraits de L’apocalypse arabe et de la Bible (Apocalypse et Psaumes), chantés en grec et en hébreu. Œuvre exécutée par le Netherland Radio Choir et l’Ensemble Schonberg, sous la direction de Simon Halsey. Quarante minutes de musique et une « standing ovation » à tout rompre. Mélange de musique contemporaine avec des résurgences sonores du Levant, telle est l’écriture musicale de ce compositeur qui sort des chemins battus tout en sondant le futur et revisitant le passé… Présente à ce concert vivement apprécié par la critique, la presse et le public, Catherine Peillon, qui signe ces quelques lignes : « En sept tableaux, l’œuvre déroule une étrange tristesse, toute traversée de moments ludiques, voire enfantins. Pas de prologue, on entre de plain-pied dans la pièce par des sons comme des froissements d’ailes : anges ou oiseaux ? Une mélodie naît qu’on entendra plusieurs fois au cours de O Yellow Sun. Le second mouvement commence déjà. Absence, “phantom”, “funerals”… Le texte glisse d’un pupitre à l’autre, alterné. Puis le maillage se resserre avec des effets d’ombres ou d’ondes jusqu’à ce que se superpose au texte d’Etel Adnan celui de Jean (l’Apocalypse, 22) chanté en grec ancien par les basses et soutenu par quelques instruments graves : percussions, trombones, tuba. Ce chant rappelle de loin en loin les hymnes solennels des églises byzantines. Longtemps il constitue le socle de cette polyphonie stupéfiante avant de se perdre au signe d’une cloche au loin. Ce signal sonore est comme le point de basculement entre l’ici et l’ailleurs en ces temps comme des périodes géologiques qui se stratifient jusqu’à ce que l’orchestre rompe rythmiquement ce qu’il avait installé. Des crissements de cymbalettes tournent la page pour changer de cycle. » Et ainsi se succèdent les tableaux entre chuchotis et murmures, entre comptine et chant villageois, entre un air de flûte et la bourrasque des révolutions, entre le silence de la mort et le bouillonnement des renaissances. Ainsi se développe cette œuvre, d’une grande tension dramatique, entre lumière et déchirure. Pour conclure, toujours ces lignes de Catherine Peillon : « La fin de l’œuvre découvre une mélodie entamée par les basses, la dernière, the ultimate, d’une étrange beauté. D’une insondable tristesse, elle semble s’élever au-dessus du monde dévasté, s’arracher à la pesanteur, gagner le ciel en se débarrassant de sa propre tristesse pour atteindre un endroit radieux d’où on entend encore, malgré tout, les ricanements des oiseaux et les restes de fracas et de tumulte du monde. Chœur et orchestre, une fois de plus se séparent, comme s’ils jouaient chacun une partition différente : ambivalence de l’homme ?  On passe d’un état à un autre dans des transitions subtiles, une manière très arabe de rechercher peut-être l’état de grâce ou de beauté, le tarab ? au cœur de l’atrocité du monde…»
Plus de mille personnes au concert de Zad Moultaka au Concertgebouw d’Amsterdam, au Pays-Bas. La création Our  (nôtre, en anglais, mais désignant La Ville, pour le compositeur) est une œuvre commandée par la Fondation Eduard van Beinum Stichting, sur des textes d’Etel Adnan, extraits de L’apocalypse arabe et de la Bible (Apocalypse et Psaumes), chantés en grec et en hébreu. Œuvre...