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Actualités - OPINIONS

Les lecteurs ont voix au chapitre

Retour à la case… départ ! Les jeux sont faits selon le « Monopoly » édition « spécial-Liban », sauf que le retour à la case départ – faute de passer par la prison – ne donnera pas une seconde chance aux divers joueurs/pions qui s’acharnent avec ferveur à lancer des dés tronqués qui ne mènent nulle part. Ou tout au mieux vers un « one way ticket to the blues » truffé de fausses notes et d’occasions manquées avec ce que l’histoire a bien voulu offrir au pays du Cèdre, à savoir l’opportunité de se réapproprier les rênes d’un pouvoir éternellement voué à rester le subalterne asservi d’un pays « frère » vampirisé qui n’en finit pas de rire sous cape. Et pour cause. Lorsqu’ un 14 mars 2005 de si belle mémoire, une foule multicolore, pluriconfessionnelle et profondément porteuse d’une volonté d’indépendance « totale » s’est retrouvée dans la rue, soudée par la volonté inébranlable de faire bouger les choses afin que plus jamais le Liban ne retombe dans l’obscurantisme des années noires de tutelle ; lorsque ce jour-là, tous les tribuns réunis sur la place de la Liberté ont puisé force et soutien de ces centaines de milliers de personnes venues acclamer leurs discours remplis de promesses en de lendemains meilleurs ; ce jour-là justement aurait dû tourner irrévocablement une page de l’histoire du Liban. Ceci n’a malheureusement pas eu lieu. Et le rendez-vous manqué du Liban avec un meilleur destin est désormais utopique parce que si l’histoire a bien voulu se pencher sur le sort d’un pays emmêlé par ses contradictions, ses allégeances et ses subordinations, cette situation là ne se reproduira plus. En tout cas pas lorsque l’on se prépare à retourner à la case départ en maquillant une réalité qui n’échappe à personne : le rôle de la Syrie a été tacitement réhabilité par tous ces faiseurs de destins qu’un cortège de martyrs morts pour qu’un Liban libre, souverain et indépendant voit le jour, n’a pas empêché de plier l’échine à défaut d’avoir manqué de courage un 14 mars 2005…Alors 8 ou 14 Mars ? Les chiffres se valent et sonnent le glas d’une caste politique responsable – dans toutes ses composantes – des sombres présages qui attendent le Liban. Vive la désormais bien nommée place des Martyrs, fossoyeuse des illusions de tout un peuple. Et retour à la case… départ !  Bélinda IBRAHIM Électrocardiogramme Après deux jours passés avec mes filles et leurs enfants, j’étais contente de me retrouver dans le calme pour regarder la télé avec mon plateau repas ! Quelle ne fut ma surprise de tomber sur «no or bad signal » sur la chaîne que je me préparais à regarder. Déçue, je zappe encore et encore et recoit ce même message sur toutes les chaînes arabes, francophones, anglaises, américaines…. Que se passe-t-il? Un film ou mieux encore une nouvelle tellement extraordinaire que le monde entier a décidé de la projeter en même temps. J’attends encore un long moment, mais toujours pas d’image. Ni de son. Il fallait être aveuglée par l’espoir pour comprendre que « no or bad signal », c’était tout simplement l’électrocardiogramme du Liban. Merci à tous ceux qui ont essayé de soigner le Liban au cœur malade, mais qui ne réalisent pas que sa maladie est bien plus grave que le cancer, incurable, désespérée, causée par des vautours insatiables, des assassins fiers de l’être, des menteurs, des traîtres. Un cœur ne peut faire face à cette meute qui ne pense qu’à son propre intérêt. Pleurons tous ensemble, prions ; espérons que le Liban renaîtra de ses cendres. Tilda NADER Le retour de la dhimmitude Le 23 août 1982, le Parlement libanais élisait Béchir Gemayel à la présidence de la République. Pour la première fois, le choix populaire chrétien et libanais était imposé et respecté. En quelques jours, l’État fort se dessinait, le Liban se relevait, le Libanais se relevait, le chrétien se relevait ! Le 14 septembre 1982, Béchir Gemayel était assassiné. Le rêve était brisé… Après le mandat d’Amine Gemayel et l’intérim de Michel Aoun, le Liban, les Libanais en général et les chrétiens en particulier vont basculer dans un véritable cauchemar représenté par Taëf et l’occupation syrienne. Taëf a trois tuteurs : les États-Unis, la Syrie et l’Arabie saoudite. Pour fonctionner, cette formule nécessite un accord permanent entre ces trois tuteurs. Or, aujourd’hui, la vacance à la tête de l’État prouve que la formule ne marche pas. D’autre part, Taëf a créé un système de troïka avec le président de la République, le Premier ministre et le président du Parlement. Cette troïka, qui ressemble à un système confédéral, ne fonctionnait auparavant qu’en raison de la présence au Liban du Léviathan (occupant) syrien qui monopolisait la décision. Après le départ des Syriens, la troïka s’est retrouvée libre de toute contrainte et les tensions entre les trois pôles de la troïka ont repris. Les élections législatives de 2005 avaient débouché sur un accord en vertu duquel, comme dans un système confédéral, les sunnites pouvaient désigner le Premier ministre, et les chiites, le chef du Législatif. Pour les chrétiens, il n’en est pas de même… En effet, en raison du maintien de la loi électorale biaisée, mise en place par les Syriens, les partis représentant les chrétiens n’ont pu obtenir qu’environ 30 députés, soit moins d’un quart du Parlement. Par la suite, ceux-ci ne se sont vus accorder que deux ministres au sein du gouvernement. Enfin, en raison du conflit entre loyalistes et opposants, la présidence de la République dévolue aux maronites est vacante. Or, comme le dit Joseph Maïla, il n’appartient pas aux sunnites et aux chiites de désigner seuls le président comme les Ottomans désignaient autrefois le moutassarif. Les chrétiens ont fait leur choix en 2005. Ce choix n’est peut-être plus aussi unanime, mais il doit être respecté jusqu’aux prochaines élections législatives. Le choix des chrétiens a été exprimé. Il ne peut être remis en cause qu’avec l’organisation de nouvelles élections législatives. Il n’appartient ni aux sunnites et aux chiites ni au patriarche maronite de désigner le président. Sinon, ce président sera faible et handicapé, alors que Taëf déjà lui a retiré tout son halo et la plupart de ses prérogatives. Comme le dit aussi Joseph Maïla, le véritable problème est que le poids des morts pèse sur l’esprit des vivants. La guerre est une culture. Les Libanais ne sont pas sortis de cette culture de guerre. La pire est celle, fratricide, au sein de la communauté maronite. En 1989, Taëf avait vidé la présidence chrétienne maronite de son halo et de ses prérogatives. Aujourd’hui, le statut du chrétien libanais est semblable à celui des autres chrétiens en Orient. Welcome to the dhimmi way of life ! Michel FAYAD
Retour à la case… départ !

Les jeux sont faits selon le « Monopoly » édition « spécial-Liban », sauf que le retour à la case départ – faute de passer par la prison – ne donnera pas une seconde chance aux divers joueurs/pions qui s’acharnent avec ferveur à lancer des dés tronqués qui ne mènent nulle part. Ou tout au mieux vers un « one way ticket to the blues »...