Rechercher
Rechercher

Actualités

À Marwan Hamadé Par Dominique CHEVALLIER Professeur émérite à la Sorbonne

La dernière fois que j’ai vu Marwan Hamadé à Beyrouth, le 13 mars 2007, il m’avait parlé avec émotion de sa mère âgée de plus de cent ans, sa « vieille maman ». Je ressens la douleur de son fils en lisant dans un journal parisien du 1er décembre l’annonce du décès de Marguerite Hamadé, dans sa cent deuxième année. J’ai aussi été profondément bouleversé par le rappel de ses « amours » déjà disparus, sa fille, la poétesse Nadia Tuéni, et ses petits-enfants. Parmi eux, Gebran Tuéni, qui a été si horriblement assassiné il y a deux ans. Marwan Hamadé a lui-même été victime d’un lâche attentat qui l’a grièvement blessé et a tué le garde chargé de sa sécurité. Tous les meurtres de ces années récentes ont eu des précédents. Parmi d’autres, je pense à ces hommes de talent que j’ai connus : Kamal Joumblatt, le père de Walid Joumblatt, piégé au détour d’une route il y a trente ans ; René Moawad, abattu alors qu’il commençait à accomplir courageusement sa présidence de la République libanaise. Dans leur diversité, ils incarnaient le vrai Liban. Nous en avons discuté Marwan Hamadé, Samir Moubarak et moi-même en déjeunant au pied de l’immeuble du Nahar devant une étendue rasée, jadis la place des Canons, où se déversaient les flux humains. Nous voici en décembre 2007. L’ami du Liban que je suis attend comme tous les Libanais sincères que la Chambre des députés élise un nouveau président de la République libanaise. Tous les candidats sont valables, sauf celui dont l’ambition stérile a un moment paralysé l’action politique au nom d’une popularité acquise grâce à l’oubli d’erreurs passées. L’élu, à qui je souhaite le meilleur pour sa patrie, sera nécessairement choisi par une entente entre tous les mouvements représentatifs du Liban. Moi, citoyen français, je ne devrai pas prendre parti, dira-t-on. Mais les Libanais m’ont tant révélé sur l’Orient méditerranéen, et donc sur mon propre Occident européen, que je ne saurais les abandonner dans une passe si difficile. Leur État est essentiel dans l’équilibre et la survie Orient-Europe. Mes amis chiites savent bien que le destin ne sera pas assuré par une aventure outre-arabe. Mes amis sunnites ont évité les excès démagogiques dans les rapports entre les communautés. Et que mes amis chrétiens, héritiers de Byzance, sachent que je voue le plus profond respect au patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Boutros Sfeir. Je suis fraternellement aux côtés de mon ami druze, Marwan Hamadé, dans son affliction comme dans son espérance. Article paru le mercredi 5 décembre 2007
La dernière fois que j’ai vu Marwan Hamadé à Beyrouth, le 13 mars 2007, il m’avait parlé avec émotion de sa mère âgée de plus de cent ans, sa « vieille maman ». Je ressens la douleur de son fils en lisant dans un journal parisien du 1er décembre l’annonce du décès de Marguerite Hamadé, dans sa cent deuxième année. J’ai aussi été profondément bouleversé par le rappel...