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Les enfants de la communauté des Karamojong ont l’une des plus faibles chances de survie au monde L’« urgence chronique » de la région Karamoja, un défi de grande ampleur en Ouganda

Négligée par l’État ougandais et survivant dans un environnement hostile, la communauté des Karamojong vit dans une « urgence chronique » où les chances de survie d’un enfant sont parmi les plus faibles au monde, un défi pour la stabilité en Ouganda. En ce début de saison sèche, le district de Kotido (environ 345 km au nord-est de Kampala) offre déjà un aspect aride et désolé. Le district ne compte aucune route goudronnée et aucun hôpital (seulement des centres de santé). La région, régulièrement frappée par la sécheresse et très pauvre, est meurtrie par l’insécurité et les razzias sur le bétail entre les différentes tribus composant les Karamojong (Jie, Bokora, Dodoth, Pian et Matheniko). Une opération de désarmement forcé est en outre menée depuis mai 2006 dans la zone par l’armée, accusée de violations des droits de l’homme contre les civils. Karamoja, qui compte un peu moins d’un million d’habitants sur environ 28 000 km2, vit dans l’« urgence chronique », relève Jeremy England, chef de programme à l’Unicef. Les indicateurs humanitaires ou de développement – accès à l’éducation, l’eau potable, l’hygiène de base – sont les plus bas du pays. Environ deux tiers de la population dépend de l’aide alimentaire. « Mortalité et malnutrition dépassent régulièrement les niveaux de crise », selon un récent rapport de l’Unicef. Karamoja a les taux de malnutrition et de retard de croissance (53,6 %, selon chiffres 2006) les plus élevés du pays. Selon l’ONU, le taux de mortalité infantile est parmi les plus forts au monde. « Notre situation sanitaire est alarmante », confie à l’AFP Paul Lomanio, chef du district de Kotido. « Quand il y a une épidémie (choléra, méningite, etc.), la meilleure chose à faire est de fuir », lâche-t-il. « L’insécurité alimentaire est plus importante qu’il y a 15 ans et il y a un déclin en termes de moyens de subsistance », indique Peter Lokii, député dans la région. Karamoja représente « un défi humanitaire et de développement pour la stabilité de l’Ouganda et ses ambitions d’éradication de la pauvreté », souligne l’Unicef. L’Ouganda sort peu à peu d’une guerre civile de près de 20 ans ayant ravagé le Nord, à l’ouest de la région Karamoja. Mais selon M. England, « il n’y aura pas de paix dans le Nord tant que Karamoja ne sera pas dotée de moyens de subsistance alternatifs et d’un environnement sécurisé ». « Le corridor pastoraliste (à travers le Soudan, l’Ouganda, le Kenya et l’Éthiopie) est caractérisé par un manque d’engagement des gouvernements ; il est ainsi devenu le corridor du trafic d’armes, de la propagation de la polio et de maladies, de l’insécurité, d’un faible accès à l’éducation », déplore-t-il. Pourtant des solutions existent, selon des humanitaires. « Le pastoralisme semi-nomade est le mode de vie le plus adapté pour survivre dans cet environnement (...) mais il faut aider ces communautés à trouver des compléments à leur activité afin d’améliorer leur sécurité alimentaire », explique Io Schmid, d’Oxfam Grande-Bretagne, l’une des seules ONG présentes dans le nord de Karamoja. « Si les pluies font défaut une année, on peut compter sur notre bétail pour se nourrir », explique Lomongo, 60 ans, bracelet d’ivoire au poignet attestant de son statut de chef, dans sa « man » (village) de Nakaal. Parée de ses colliers multicolores, Maria Lokol, 45 ans, de la localité voisine de Panyangara, explique qu’« il y a plus de solidarité dans la communauté (...) on peut faire des prêts à certains villageois » depuis qu’Oxfam a instauré un projet de microcrédit. « Il faut un plan d’investissement du gouvernement fournissant de l’électricité, des routes, des infrastructures scolaires et de santé », conclut M. England. Lucie PEYTERMANN (AFP)
Négligée par l’État ougandais et survivant dans un environnement hostile, la communauté des Karamojong vit dans une « urgence chronique » où les chances de survie d’un enfant sont parmi les plus faibles au monde, un défi pour la stabilité en Ouganda.
En ce début de saison sèche, le district de Kotido (environ 345 km au nord-est de Kampala) offre déjà un aspect aride et...