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Actualités - CHRONOLOGIE

La présidentielle libanaise, un feuilleton

Q : On reproche souvent au JT français de ne pas trop s’ouvrir à l’actualité internationale… PPDA : Non non, je tiens scrupuleusement le décompte des infos internationales. Il y a au minimum un tiers du JT qui est consacré à l’actualité à l’étranger. On peut toujours faire mieux. Ainsi par exemple, je peux parler de la présidentielle au Liban tous les jours, mais, comme vous le savez, à un moment donné, hélas, cela devient feuilleton. Quand vous en êtes à la 4 ou 5e fois à dire que l’élection est reportée, vous ne pouvez pas en faire un sujet à chaque fois ! C’est aussi à nous de varier les angles. Hier j’avais un sujet sur le travail des enfants en Inde, un autre sujet au Bangladesh, aux États-Unis, en Ukraine. Bref, des sujets très variés. Q : Précisément pour le Liban, comment réagit le journaliste quand, pendant 25 ans, l’image du Liban est toujours celle d’un pays en crise, en guerre ou victime d’attentats… Y a-t-il une lassitude, une incompréhension ? PPDA : Écoutez, je crois que cette exaspération n’est pas tant le fait des journalistes, qui doivent juste dire ce qui s’est passé, mais peut-être le fait des lecteurs, téléspectateurs ou auditeurs. Je perçois un sentiment général, qui est de se dire : mais veulent-ils vraiment s’en sortir ? C’est vraiment la question que les gens se posent. Les Français ont presque tous une très bonne opinion du Liban, ça va même au-delà de ça. Pour moi, le Liban est très cher à mon cœur, chaque fois que je m’y trouve, je suis heureux. Mais c’est vrai que chaque fois que j’y vais, il y a toujours un conflit, une guerre ou une tension. Et malgré tout, je suis toujours étonné de voir le formidable appétit de vivre, presque de jouir, des Libanais ! C’est extraordinaire, avec tout ce qui leur arrive. Mais il n’empêche que je peux me mettre à la place des téléspectateurs ou des citoyens français qui se posent des questions. Bien sûr que les Libanais ont des voisins fort encombrants et fort préoccupés de leur avenir, mais quand même, s’ils faisaient un minimum d’efforts pour s’entendre entre eux, ça irait mieux… C’est ce qu’on pense, évidemment. Moi je les ai vus quand j’ai commencé dans ce métier il y a trente ans, ils n’ont pas bougé. La dernière fois, j’y étais en voyage d’agrément. Là je devais y aller au Salon du livre. Il a été annulé. Je suis désolé, c’est une très mauvaise idée d’annuler le Salon du livre. Q : C’était une décision française… PPDA : Oui, oui, mais je trouve que c’était une mauvaise idée. Ce sont des événements comme ça qui montrent qu’un pays vit toujours. On peut décider qu’il y aura toujours de l’instabilité et, à ce moment, on n’ira jamais et on ne permettra pas à la francophonie de continuer à produire, et vous n’aurez plus de journaux comme L’Orient-Le Jour ni des auteurs écrivant en français. Q : Participerez-vous au Salon de février ? PPDA : Ça va dépendre de mon emploi du temps. Moi j’étais prêt à y aller en octobre, j’avais tout annulé pour ça. J’étais vraiment très content. C’est la deuxième fois que c’est annulé. En 2006 aussi, je devais y aller. Je dis oui à chaque fois. Ce sera avec grand plaisir la prochaine fois, si c’est possible. Q : Vos souvenirs les plus forts en tant que journaliste ? PPDA : C’est toujours sur le terrain. Je suis allé au Liban, j’avais un confrère, Jean-Paul Kaufman, qui avait été enlevé, et j’enquêtais avec un autre journaliste, Roger Auque, qui a été enlevé à son tour, quelques jours après que je sois rentré à Paris. Évidemment, c’est des choses qui vous interpellent directement, on se dit que ça pourrait m’arriver et on est angoissés pour les collègues à qui c’est arrivé. J’ai également vu des choses terribles comme les famines, en Afrique, au Sri Lanka, les tremblements de terre, et le Rwanda, ce drame absolu…Tant et tant de catastrophes. Puis il y a des moments qui sont très beaux, des moments de libération comme la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, quand j’ai interviewé Mandela quelque temps après sa sortie de prison, ainsi que De Klerk, qui était président et qui a beaucoup contribué à la fin de l’apartheid. Quelques mois auparavant, c’était la chute du Mur, la fin du communisme dans tous les pays d’Europe de l’Est. C’est une chose que j’ai vécue intensément. Des moments forts aussi, comme tout ce que j’ai commenté en direct : le 11 septembre, le drame de Furiani… Ça vous arrive, vous êtes en direct, vous devez tenir et raconter, c’est des moments forts dont on ne se remet pas tout de suite. Q : Peut-on encore faire du journalisme à la Albert Londres ? PPDA : Albert Londres a fait du beau journalisme, il était très engagé. Il a écrit sur le bagne, la peine de mort...Oui, on peut encore faire du beau journalisme. Il faut aller sur place. Je suis allé en Irak beaucoup à cette époque. Avec Reporters sans Frontières, il n’y a pas longtemps, avec des collègues, en Birmanie. Quand arrive un drame, j’en parle mieux.
Q : On reproche souvent au JT français de ne pas trop s’ouvrir à l’actualité internationale…
PPDA : Non non, je tiens scrupuleusement le décompte des infos internationales. Il y a au minimum un tiers du JT qui est consacré à l’actualité à l’étranger. On peut toujours faire mieux. Ainsi par exemple, je peux parler de la présidentielle au Liban tous les jours, mais, comme...