Le bon moment Fady NOUN

Un ami – parti depuis longtemps – écrit : « Il faut arrêter de s’en faire. Il n’y a jamais eu de Liban et il n’y en aura jamais. Les débats actuels ne sont qu’une version moderne de ceux de 1860 ou de 1918 ou de 1942. Il ne faut pas confondre l’amour qu’on peut porter à ce mouchoir de poche avec une présomption d’existence d’un État ou même de ses éléments constitutifs. Entre-temps, apprécions la qualité du spectacle. » Les clarisses de Yarzé m’écrivent, elles, pour annoncer qu’une nouvelle supérieure générale a été élue, ainsi que deux autres religieuses qui lui serviront d’auxiliaires. Elles terminent : « Nous confions à votre amicale prière ces trois sœurs élues qui abordent une nouvelle étape de notre mission communautaire dans ce pays-message, comme l’a nommé Jean-Paul II. Que nous comprenions et vivions de plus en plus la mission spécifique de clarisses de Terre sainte : offrir la paix du Christ à cette région du Proche-Orient, collecteur de tous les conflits de la terre. Vos sœurs clarisses de Yarzé, Liban. » Deux messages, deux visions du Liban : pour l’un, un pays qui n’existe pas, pour d’autres, le « collecteur de tous les conflits de la terre ». Dans l’un des articles dont il avait le secret, avec sa plume claire, trempée dans la lumière de l’aube, le grand historien Henri Marrou se demandait pourquoi on parlait toujours de ce que les chrétiens avaient à perdre – il parlait alors de l’école catholique en France – « et jamais de ce qu’ils ont à donner ». En effet. Et souvenons-nous de cette leçon que nous livrent les financiers du monde entier. Il faut « acheter au son du canon et vendre au son du clairon ». Les actions du Liban sont au plus bas ? C’est le moment d’acheter !